Petite leçon aux petits bricoleurs du "projet de loi sur la burqa"

Dans un document intitulé « projet de loi », très certainement réalisé à la hâte, sous la pression du lobby laïciste du royaume, émanant de la chambre des représentants de Belgique, on pouvait lire un inventaire à la Prévert fait de concepts hétéroclites et à moitié compris. Parmi eux on distinguait : le « vivre ensemble », la « dignité humaine », le « principe d’égalité homme/femme », la « sécurité publique »… Et bien cette liste-fatras, composée de notions d'ordre et de nature différents, s'avère éclairante. Elle est tout à la fois de la poudre aux yeux lancée aux ahuris habituels et une forme de lapsus révélateur quant à la question de la burqa en Belgique.

Poudre aux yeux, parce qu’elle occulte le monoculturalisme hypocrite, qui se baptise pompeusement interculturalité qui règne et entend continuer à régner ici, sans partage et coûte que coûte. L’« universel » qu’il promeut a une couleur et elle est « blanche ». Tandis que les valeurs fondamentales qu’elle feint de défendre sont celles du « chauvinisme de l’universel », une monoculture universelle occidentalo-centrée comme il se doit.

Pour ce qui est du lapsus, l'inconscient des concepteurs n'a de cesse de les trahir, révélant leurs pulsions racistes et liberticides, car, quel bel aveu que d’associer le « vivre ensemble » à la « sécurité publique » et au « principe d’égalité homme/femme », quant à leur vision de la société interculturelle et à leur conception, bien policière, de l'Histoire. Pour celui qui a lu Foucault et ses « sociétés disciplinaires », ce n'est pas tout à fait un hasard, une institution telle que « le ministère de la promotion de la Vertu et de la répression du Vice » est loin d'être le monopole des Talibans, on assiste simplement à la mise en place d'une version occidentaliste et postcoloniale de celle-ci, et cela n'a rien d'un progrès....

Enfin, concluons, par la leçon sur le féminisme, et un féminisme véritable, donnée par Angela Davis :

« Ce sujet me tient beaucoup à coeur. Mais je vous préviens, ma définition du féminisme n’est pas très conventionnelle. Je vois le féminisme comme un outil, pas seulement pour aborder les questions des femmes mais pour aborder toutes les questions politiques sans être déterminé par les frontières idéologiques établies par le système capitaliste. Par exemple je n’ai aucune lutte ou analyse commune à développer avec Condolezza Rice qui est pourtant une femme noire comme moi. Pour moi, il faut penser ENSEMBLES le genre, la race, la sexualité et la classe. Il ne faut pas considérer comme séparés dans les luttes, les problèmes des hommes et ceux des femmes. Le féminisme est pour moi un outil d’analyse qui me permet, par exemple, de faire le lien entre la peine de mort aux USA et la guerre contre le terrorisme. De considérer le rôle des femmes comme le même que celui des hommes et surtout de nous sortir des schémas du système qui nous pousse à nous identifier à une catégorie sexuelle, raciale ou autre qui ne permet pas de résoudre la contradiction dans laquelle je suis face à Condolezza Rice. Logiquement, et c’est une bataille féroce dans le mouvement féministe, je suis contre les schémas du féminisme se réclamant de l’ "universel", de la lutte dans l’intérêt de toutes les femmes. En effet, dans ces cas là, "universel" veut dire "blanche" et, cela n’est donc absolument pas universel. Je puise cette analyse dans le mouvement féministe historique et surtout dans le marxisme. Mon objectif est de construire le socialisme et le marxisme est l’outil qui permet cela dans la vie et les luttes de tous les jours

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