« Par une logique presque inévitable, je me suis trouvé en train d’écrire une histoire attachée par un lien mystérieux et secret à l’antisémitisme occidental. Que l’antisémitisme et, comme je l’ai montré dans sa branche islamique, l’Orientalisme se ressemblent très étroitement, c’est une vérité historique, culturelle et politique qu’il suffit de mentionner à un Palestinien arabe pour que l’ironie qu’elle implique soit parfaitement comprise... » (Edward Saïd, Orientalisme)
« Le racisme d’aujourd’hui est d’abord une logique étatique et non une passion populaire. Et cette logique d’Etat est soutenue au premier chef non par on ne sait quels groupes sociaux arriérés mais par une bonne partie de l’élite intellectuelle. Les dernières campagnes racistes ne sont pas du tout le fait de l’extrême-droite dite « populiste ». Elles ont été conduites par une intelligentsia qui se revendique comme intelligentsia de gauche, républicaine et laïque. La discrimination n’est plus fondée sur des arguments sur les races supérieures et inférieures. Elle s’argumente au nom de la lutte contre le « communautarisme », de l’universalité de la loi et de l’égalité de tous les citoyens au regard de la loi et de l’égalité des sexes. Là encore, on ne s’embarrasse pas trop de contradictions ; ces arguments sont le fait de gens qui font par ailleurs assez peu de cas de l’égalité et du féminisme. De fait, l’argumentation a surtout pour effet de créer l’amalgame requis pour identifier l’indésirable : ainsi l’amalgame entre migrant, immigré, arriéré, islamiste, machiste et terroriste. Le recours à l’universalité est en fait opéré au profit de son contraire : l’établissement d’un pouvoir étatique discrétionnaire de décider qui appartient ou n’appartient pas à la classe de ceux qui ont le droit d’être ici, le pouvoir, en bref, de conférer et de supprimer des identités... » (Jacques Rancière)
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