La « femme musulmane » dans le dessin de presse

Le dessin de presse peut être un outil extrêmement efficace, que ce soit pour la critique satirique servant à déconstruire des idées reçues, ou encore pour renforcer certains stéréotypes (surtout quand il favorise les amalgames!).

 Les « femmes musulmanes », telles qu’elles sont représentées dans les dessins de presse de médias occidentaux, sont considérées souvent dans leur ensemble, et à tort comme formant un groupe homogène. Les principaux thèmes, que l’on retrouve régulièrement dans le dessin de presse, ont été décryptés dans un article intitulé How are Muslim Women Doing in Political Cartoons?.

 Selon l’auteur elles « se ressemblent toutes » et portent « généralement des hijabs, niqabs et/ou des abaayas (plus c’est noir mieux c’est) ». Elles sont souvent perçues comme « opprimées », et pour affirmer ce point précis, elles portent généralement le niqab (le vêtement le plus couvrant), devenant invisibles (sans substance, dont la “présence a été effacée”) en tant qu’individus. Elles sont ainsi réduites à de simples figures fantomatiques sans âmes (portant à l’occasion un « drap noir »).

 Tandis que les femmes occidentales (notamment les femmes politiques) sont généralement hyper-sexualisées dans des vêtements « sexy », maquillage outrancier et talons aiguilles (et généralement blondes pour bien marquer la différence), les femmes musulmanes sont hyper-sexualisées par l’obsession du dessinateur avec la façon « exotique » qu’elles ont à se couvrir ». Cette position renvoie à une dichotomie entre un corps couvert (oppression) et un corps non-couvert (liberté) qui caractérise la plupart des médias occidentaux (ou encore Sex and the City 2!). Equations simplistes :
  • Bikini = Occident = liberté + démocratie. 
  • Niqab= Orient = oppression + autoritarisme. 
La « femme musulmane » non seulement représente « l’Autre » (ou “le musulman” en général, ou encore l’”Orient” dans sa version fantasmée et plus ancienne), mais est aussi « source d’objectification et d’appropriation », servant des agendas politiques, qui renvoient aux figures du « terroriste », de «l’ intégriste » ou du « barbare », dans un contexte particulièrement anxiogène, voire paranoîaque. Elle devient un objet de « méfiance », de « suspicion », qui doit « cacher quelque chose derrière tout ces vêtements », probablement une « bombe », et représente un danger d’ordre « sécuritaire » dans cette ère « post-11septembre ».

Voir aussi l’émission Cultures Monde, sur France Culture, sur les vêtements que portent les femmes musulmanes: Habiller le Monde. Les Métiers du textile - 4/4 – Porter le voile un contrat social fluctuant. En voici des commentaires et des extraits :

 La “femme orientale” dans tous ses états. De la lingerie au chador.  
Arabie Saoudite Il est question d’une véritable « révolution dans les boutiques de lingerie saoudienne » (titre du Figaro). Cette question semble passionner les médias occidentaux. Une sorte de continuité du « printemps arabe » ?  
Indonésie Vêtements des femmes musulmanes et compatibilité avec la charia à Banda Aceh. La police surveille les jeunes filles mais elles résistent. 
 France Culture : C’est pas très islamique la jupe? Invitée : Si, si. Si elle est longue c’est mieux qu’un jean moulant. Répression du jean et résistance. Un vent révolutionnaire souffle sur Banda Aceh. 
Iran : La mystérieuse île de Kish est une « zone franche » de la mode. Les femmes peuvent porter le voile de manière plus lâche. C’est une sorte de laboratoire vers une « libéralisation » des codes vestimentaires et des comportements. On peut même porter des bikinis. (Décidemment ! ndlr) Mais aussi faire du shopping dans des centres commerciaux. A la dubaïote. (Le Rêve, ndlr). 

  EastWestWestEast

5 commentaires:

Cyril a dit…

Il ne faut surtout pas sous estimer la puissance du monde de la mode, du glamour, du people. Il a un rôle bien précis et ne doit surtout pas être traité avec ce si "académique" mépris français. Il est une des armes bien aiguisée de l'idéologie dominante. "Système de la mode " de Barthes avait à mon avis posé les prémisses d'une réflexion qu'il faudrait absolument développer. Car cette idéologie de la mode bénéficie d'une parfaite impunité due justement au mépris académique français et a donc toute la latitude pour agir.

Anonyme a dit…

le doc cyril a parlé. et j'ai rien compris... comme d'hab.
Oui c'est vrai nous souffrons, nous les femmes, des images caricaturales de la femme occidentale. Celles de la pub évidement, pas les communes, pas celles que nos frères affectionnent, qu'ils épousent. Celles qui vont chercher au fin fond des campagnes. Vous savez celle qui est blanche, laide, mais au style bien franchouillard, qui habitent dans les contrées reculées qui vivent d'endogamie jusqu'à l'aliénation. Celle qui confusément est homme et femme mélangés, souvent à moustache. C'est que nos frères ont l'habitude de prendre "cupidon à l'envers" et le style France profonde pas encore mélangé aide..(Que ne faut-il faire pour paraître civilisé ?) Et là, croyez-moi sur parole le noir et l'arabe sont les bienvenues. Aussi hamdoulilah , on se met à aimer notre teint mat, nos cheveux frisés ou pas et rarement blonds, nos fesses bombées, nos pommettes saillantes. Si claudia est belle à l'envie, nous aussi à notre façon et cela devient moins douloureux. mais je rêve encore d'être grande, belle,svelte sensuelle comme elle.
hé bougnoulophe tu le feras pas paraître celui-là pas vrai ! vole pas assez haut ha,ha !

Cyril a dit…

Et bien ecoute Anonyme, si tu ne me comprends pas sache que moi je ne veux même pas te comprendre et quand bien même je le voudrais , je ne pourrai pas. Tu es trop "complexe" pour moi et tes problèmes trop "deep".
Hasta La vista

Anonyme a dit…

Je te lis mais ne peux t'écouter ... Cyril
Vois-tu, peux être que le complexe et l'imposition du modèle vient de l'homme et moins de la femme. Et qui puis est de l'homme de couleur.
quand on s'échappe de la théorie pour converger vers la réalité c'est frappant dés qu'on observe les comportements des mâles. La mode chez la femme blanche est au teint hâlé en cas où tu n'aurais pas encore croisé de femme blanche, au fond de teint éclat de soleil, terracota et j'en passe, au regard de biche, à la permanente souple etc... tu t'es arrêté au 17ième siècle à l'ombrelle peut-être, aux mains gantées etc... Le problème c'est l'homme de couleur complexé.
Mince comment fait-on pour ne pas citer trois philosophes, une théorie bien pesée qui tomberaient à point.

femme russe a dit…

C'est drôle mais c'est exactement ce que je pense aussi. Bzzz. J'aime votre façon de présenter les choses et votre style. Les infos sont vraiment pertinentes, intéressantes. Cela donne envie d'en savoir plus ! Clair que je vais en parler autour de moi. Super blog!
femme russe