Quoique son patronyme ne soit pas très gaulois, M. Alain Finkielkraut est un philosophe français respecté, qui a publié de nombreux livres, qui dirige depuis des années une émission sur « France-Culture » et qui fait partie intégrante de la nomenklatura germanopratine, même si ses saillies à répétition en font un personnage controversé. M. Finkielkraut a une passion et une détestation : il est, d’une part, un défenseur farouche d’Israël et, de l’autre, un pourfendeur tout aussi farouche des Noirs et des Arabes vivant dans les banlieues françaises.
On pourrait rétorquer qu’il s’agit là de son droit le plus absolu. Droit qu’il partage aussi avec ce journaliste français Eric Zemour, porteur lui aussi d’un patronyme non-gaulois, et détracteur sans merci de ce que Finkielkraut appelle la « caillera » c’est-à-dire les voyous des banlieues. On notera au passage l’usage étonnant de ce mot - « caillera » - par notre digne philosophe puisqu’il s’agit de la manière de dire « racaille » en verlan. Etonnant pour quelqu’un dont le seul joueur noir qui trouve grâce à ses yeux est Alain Boumsong parce qu’ « il parle de manière élégante » et emploie l’imparfait du subjonctif.
Pour ceux qui l’auraient oublié, Finkielkraut est celui qui avait naguère qualifié l’équipe de France, dans le quotidien israélien « Haaretz », d’ « équipe black-black-black ». On peut légitimement se demander comment des gens comme Zemour et lui dont les parents ou grand-parents ont été victimes de la pire des atrocités -le nazisme -se trouvent aujourd’hui à la pointe du combat anti-nègre et anti-arabe. Même Jean-Marie Le Pen n’est pas allé jusque là ! Sans compter que les malheurs millénaires du peuple dont font partie Finkielkraut et Zemour ne proviennent ni des Noirs, ni des Arabes, ni des Indiens, ni des Chinois, ni des Eskimos mais des…Européens.
Faut-il rappeler que ce sont les Romains qui, dans l’Antiquité, ont provoqué la sanglante tuerie de Massada ? Que ce sont les Espagnols qui, lors de la « Reconquista » à la fin du XVe siècle, ont chassé les Israélites de leur pays ? Que se sont les Slaves (Russes, Polonais etc.) qui ont parqué, au XIXe siècle, les Israélites dans d’infâmes ghettos ? Que ce sont les Français qui ont procédés à la sinistre rafle du Vel d’Hiv’ au cours de laquelle plus de 4.000 enfants juifs ont été déportés en Allemagne ? Que ce sont les Allemands justement qui ont gazés 6 millions d’Israélites ? etc…
Alors, on est en droit de se poser une question : pourquoi les Finkielkraut, Zemour et autres haïssent-ils autant des gens qui ne leur ont…rien fait ? Pourquoi ? Quand vous osez poser cette question, comme il m’est déjà arrivé à le faire à maintes reprises, vous êtes automatiquement qualifié d’antisémite et vous êtes voué aux gémonies. Je la repose quand même, ne devant rien, pour ma part, à ces messieurs et ne les craignant pas. Quand je les vois discourir, il me vient aussitôt à l’esprit que leur attitude est aussi absurde et scandaleuse que si les Noirs reprochaient aux…Chinois ou aux Indiens de les avoir mis en esclavage. Bref…
Répondre à Finkielkraut est une perte de temps, mais il est bon de lui rappeler deux choses :
- lancer « Casse-toi, pauv’ con ! » à un ouvrier qui vous interpelle comme l’a fait le premier des Français est pire, dix fois pire, que s’écrier « Va te faire enculer, fils de pute ! » à son entraîneur comme l’a fait un fils de la banlieue comme Anelka, banlieues où vivent, comme chacun sait, les derniers des Français. Or, on n’a entendu ni Finkielkraut, ni Zemour ni aucun de leurs comparses dénoncer les propos de l’homme qui dirige la 5è puissance économique mondiale, par ailleurs patrie des Droits de l’homme et du citoyen, des Belles-Lettres et du beau langage. Etrange, non ? Cela à un nom : le racisme. Et venant de gens dont les parents ont subi le nazisme, ce racisme est pire que celui qui émane d’un Français bon teint comme Le Pen.
- les Noirs et les Arabes qui croupissent aujourd’hui dans les banlieues françaises n’ont pas demandé à venir là. C’est la colonisation française qui en porte l’entière responsabilité. Sans compter que dans l’après-guerre, pour pouvoir reconstruire l’économie française, le patronat français a importé par centaines de milliers des travailleurs des ex-colonies (et des toujours colonies comme les DOM) pour travailler dans le bâtiment, la construction de routes, l’industrie automobile ou l’agriculture. Ces ouvriers, qui ont passé parfois une vie entière à s’esquinter dans les entreprises françaises, ont fait des enfants sur place et ces derniers ont tout à fait le droit de réclamer une part du gâteau français que leurs parents ont largement contribué à fabriquer. Or, parqués dans des banlieues, ces descendants d’immigrés n’ont souvent d’autre porte de sortie que la musique ou le sport d’où la sur-représentation des Noirs et des Arabes dans les équipes de foot françaises et chez les Bleus. Les qualifier tout uniment de « racaille » comme le fait Finkielkraut et d’autres à un nom : c’est du racisme de classe.
Evidemment, aux Antilles, on trouvera toujours des intellectuels biens sous tout rapport pour prendre la défense des Finkielkraut.
Finkielkraut ou le racisme à ciel ouvert
Publié par Le Bougnoulosophe à 6/28/2010
Libellés : POSTCOLONIE
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1 commentaire:
Mr Confiant,
Bien qu'ayant le même point de vue sur les propos racistes patents de Mr Finkielkraut, ainsi que de sa vision biaisée et bornée que tant de médias s'empressent de diffuser, je ne suis pas sùre que l'argument concernant Anelka soit le plus à même de contrecarrer. Il est malgré son origine sociale devenu un joueur de football gagnant des millions, porteur de modèles ultra capitalistes et lorsque des joueurs s'empressent de le protéger en faisant une grève en Afrique du Sud (je ne m'étendrai pas sur cette symbolique), je trouve cela pathétique.
Malheureusement, ce monde peolple,mesquin et ultra-médiatisé est celui dans lequel nous vivons.
Il ne doit pas nous faire oublier les vraies raisons pour lesquelles nous devons garder le débat ouvert: contre un racisme éthnique et social.
Bien cordialement.
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