La maison France telle qu'en elle-même


Témoignage : « J'ai beaucoup de tristesse de voir huit ans de ma vie réduits à mon foulard, j'ai beaucoup de tristesse d'entendre que ma croyance personnelle est un danger pour les autres alors que je prône l'amitié, le respect, la tolérance, la solidarité et l'égalité pour tous les êtres humains. » (Ilham Moussaid)

Sophisme : « L’argument est toujours le même : on impose, de l’extérieur, à un signe (le foulard), une signification (...la soumission aux hommes) que ne partage pas celle qui l’exprime, et on insulte la femme portant le signe en l’accusant de porter cette signification qu’elle récuse. Autrefois, le collectif féministe Rupture publiait des textes remarquables de féministes musulmanes. Quel recul ! Cet arbitraire dans la désignation du sens du signe « de l’extérieur » conduira-t-il demain à interdire la kippa comme signe de soumission à la femme ? C’est un grave manque de respect à une personne humaine, dans ce qu’elle a de plus cher : son engagement féministe et sa foi religieuse. Et, par extension, on insulte ses camarades de lutte : puisqu’ils ne lui arrachent pas son foulard, c’est qu’ils soutiennent les mâles qui dans d’autres pays comme l’Iran (ou même ici) imposent ce foulard. Va-t-on éradiquer des listes pour les élection régionales celles qui vont à la messe pour manque de solidarité avec les Irlandaises privées du droit à l’avortement et complicité avec une religion qui instilla dans tout l’Europe le venin de l’antisémitisme ?» (Alain Lipietz)

Témoignage de la maison des morts (1) : « Il est étonnant de constater à quel point certains oublient l'histoire récente au point de voir la liberté sexuelle et le retard de développement comme des invariants de la chrétienté et de l'Islam. Dans notre pays où tous-les-hommes-naissent-et-demeurent-libres-et-égaux-en-droit, les alliances matrimoniales ont longte...mps été étroitement contrôlées et les femmes sont restées des mineures civiles jusque dans les années soixante (retrouvez un vieux Code civil). Une liaison hors mariage était un scandale conduisant à la catastrophe en cas de grossesse (relire La lessive de Jacques Prévert dans Parole), les filles-mères subissant une quasi-mort sociale. Dans notre France-de-l'égalité-des-sexes, il n'était pas convenable jusque dans les années 1950, qu'une femme sorte en cheveux. Aujourd'hui même, un homme peut déambuler torse nu sur la voie publique sans choquer personne, mais imaginez-vous qu'une femme fasse de même ? Sont-elles pour autant prisonnières-des-hommes-qui-les-traitent-comme-des-choses ? Les seins et les cheveux, ce n'est pas pareil me direz-vous. Etait-ce l'avis des femmes africaines que nos colonisateurs obligeaient à couvrir leur poitrine ? Et que dire du flot de littérature chrétienne sur les petites différences qui justifient les interdits civils ? L'exigence de modestie dans le vêtement des femmes n'est en rien liée à la religion. Quelles qu'en soient les formes locales, ce sont des pratiques qui remontent à la nuit des temps. Une société se définit par la façon dont les personnes et les biens s'échangent, notamment comment se forment les alliances matrimoniales et quel rôle elles jouent dans la dynamique sociale. Il est évident que le fait de couvrir tout ou partie du corps féminin constitue un obstacle à la liberté des échanges sexuels. Qu'en masquant la femme, la famille (ou la tribu) contrôle ses alliances. A cet égard comme dans le domaine politique, l'Occident intériorise les structures sociales que l'Orient visualise. Est-ce le résultat de nombreux siècles d'implacable répression religieuse, tandis que l'Islam était beaucoup plus tolérant ? » (*)

Témoignage de la maison des morts (2): « Des combats à mener pour les droits des femmes, ça ne manque pas. Rien que pour l'exemple, prenons l'inégalité la plus fondamentale de toutes, celle qui rogne bien des ailes et rend bien dépendantes la plupart d'entre nous, l'inégalité devant l'emploi, que ce soit en terme d'accès ou de salaire. Mieux éduquées que les garçons, nous sommes tout de même deux fois plus nombreuses qu'eux à ramer au SMIC, l'insultant petit salaire minimum que ce gouvernement maintient fermement sous la ligne de flottaison budgétaire. Et les hommes gagnent en moyenne 37 % de plus que les femmes. Si l'écart de rémunération s'était réduit de 1972 à 1993 sous la pression des mouvements féministes, il se maintient fermement depuis, ce qui laisse penser qu'il y a encore bien du travail à faire sur ce seul chapitre.Et ne parlons pas de tout le reste, de toutes les autres contraintes du corps social sur le corps des femmes, toutes les injonctions physiques, comportementales, vestimentaires, sociétales, qui nous enferment, nous limitent, nous entravent, nous écrasent finalement aussi sûrement qu'une bonne grosse burqa mentale.Il faut, y a qu'à, tu dois, les normes, les mensurations, les regards, les obligations, nous sommes d'éternelles mineures, nous sommes en permanence sous tutelle, sous contrôle. La mode dicte notre couleur préférée du mois; le médecin, notre poids idéal; l'employeur, régulièrement, notre coupe de cheveux, la longueur réglementaire de la jupe. Nous sommes même à présent soumises à l'impératif médiatique de l'orgasme et on en profite pour re-banaliser l'usage de la machine à jouir, astucieusement rebaptisée sex toy pour l'occasion. On légifère abondamment sur le tissu religieusement ostentatoire... mais surtout lorsqu'il est porté par les femmes.» (Agnès Maillard)

Bouffonnerie (1) : « À l’affût de la moindre affaire de voile, les féministes gadgets de Ni Putes Ni soumises inféodées à l’idéologie islamophobe, ont bondi de leur placard doré sur injonction de leur mentors, pour expédier un communiqué grotesque dans lequel cette clique composée essentiellement de quelques harpies honnies dans les banlieues, affirme son intention de porter plainte conte le NPA : « Notre Mouvement portera plainte auprès de la juridiction compétente contre cette liste anti-laïque, anti-féministe et anti-républicaine ! » En ces temps de morosité, ce nouveau papotage des mégères de Ni Pute Ni Soumises a au moins le mérite de déclencher l’hilarité générale.Comment ne pas éprouver de l’attendrissement pour ce groupuscule de commères qui a l’art de nous faire pouffer de rire lors de la lecture d’une presse souvent annonciatrice de nouvelles lugubres. Rompues à la stigmatisation des filles et garçons issus de l’immigration post-coloniale authentiquement rebelles à toute forme d’aliénation, nos pipelettes de NPNS, quant à elles bien soumises à une norme féministe aux relents néo-coloniaux édictée principalement dans les salons parisiens, pourront toujours se reconvertir dans le rôle de comique troupier, le jour où leurs promoteurs auront décidé de les faire tomber en disgrâce.» (*)
Bouffonnerie (2) : « (...) qu'on puisse sans sourire soutenir qu'on peut être en même temps féministe, laïque et en même temps musulmane...heu avec un voile... » (Elisabeth Badinter)



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Oui Mme Badinter, une femme peut être féministe et voilée! Vous en êtes la preuve vivante: vous portez un voile, que dis-je un énorme voile! ccelui que vous avez sur les yeux! et pourtant vous êtes féministe!

Allons Mme Badinter, vous le rappelez vous-même dans "les passions intellectuelles": je vous cite parlant de Condorcet qui " savait lui que la neutralité n'est pas l'apanage des hommes"!! alors laissez les gens décider pour eux-même de la même manière que vous décidez pour vous même.