A une première page du Monde près (dans la parution datée du 2 décembre 2009) le rapport annuel de l’Observatoire des zones urbaines sensibles (ONZUS) remis au gouvernement le 30 novembre dernier aura laissé la France avec un encéphalogramme plat. Les conditions de libération de Roman Polanski, les mosquées avec ou sans minaret ou la burqa, Copenhague et quelques autres sujets d’importances variées et sans doute réelles come la main de Thierry Henry ou le tirage au sort de la France pour la Coupe du Monde de football ont tout écrasé.
Pourtant 5 ans après la loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er aout 2003, quatre ans après les émeutes urbaines qui ont objectivement fait trembler le pouvoir politique de l’époque avec un impact planétaire, ce rapport aurait du faire l’effet d une véritable bombe quand il est démontré, données officielles à l’appui, que la pauvreté et le chômage ne sont pas en recul, bien au contraire, dans les 751 quartiers objet de l’étude publique.
Certains constats font froid dans le dos et on s’étonnera que mis à part le maire de Clichy-sous-Bois - certes directement concerné - et président de l’Association de maires « Villes et Banlieues », le silence ait été quasiment unanime dans la classe politique et journalistique.
Particulièrement les jeunes et, plus préoccupant encore, les enfants sont les victimes de cette situation. Ce constat méritait quand même d’être relevé dans la semaine où l’on «fêtait» le 20° anniversaire de la CIDE.
Deux chiffres majeurs - données de 2007 - explosent à la figure.
Tout d’abord 44,3% des moins de 18 ans, soit quasiment un enfant sur deux, vivent sous le seuil de pauvreté fixé à 908 euros par mois. Le chiffre est de 33,1 % pour l’ensemble de la population de ces zones quand il est de 12 % en moyenne sur le territoire national. Effrayant ! Le mot n’est pas trop fort.
Deuxième constat : un jeune sur 4 est au chômage ou en inactivité dans les zones « politique de la ville « contre un jeune sur 8 dans les autres quartiers des mêmes agglomérations. On parle de l’effet repoussoir que suscitent ces « jeunes garçons à capuche » des banlieues auprès des patrons qu’ils sollicitent. Les filles seraient moins touchées.
Un point apparemment positif cependant : le taux de réussite au brevet des collèges est en légère hausse. On est passé de 67,2% à 71,9% en 2008 mais avec une sacrée nuance : le taux de réussite s’est encore plus amélioré dans les autres territoires. Le fossé se creuse encore et encore.
En d’autres termes, la fracture ne se réduit pas, bien au contraire, entre ces zones et le reste des territoires urbanisés.
Claude Dillain dont la ville a été l’un des territoires particulièrement touché par les événements de novembre-décembre 2005 ne s’y est pas trompé qui s’inquiète de la seule approche sécuritaire à court terme des pouvoirs publics. Et les policiers qui cette semaine manifestaient sur l’évolution des conditions de leur intervention en rajoutaient une couche en parlant pour qualifier leur travail au quotidien dans ces banlieues d’une intervention à caractère plus militarisé que policier.
Certains diront que les résultats de cette étude ne pouvaient pas être différents
Et pour cause, on attend toujours le plan Marshall pour les banlieues qu’il eût fallu mettre en place. Le plan Amara, dont on sait combien, il a eu de mal à être boucle n’est d’évidence pas à la hauteur quand il aurait fallu investir fort et sur la durée pour transformer les conditions de vie des habitants. En revanche Claude Dillain salue le programme Borloo de rénovation urbaine qui se traduit par une amélioration visible et sensible de l’habitat pour les habitants.
Si l’on résume le propos du maire de Clichy, plus que jamais on alimente des ghettos qui se referment sur eux et qui deviennent d’immense poches de pauvreté et de précarité comme si l’on faisait l’impasse sur eux. Du ghetto à la cocotte minute il y a qu’un pas !
Il n’en reste pas moins qu’on attendait quand même un frémissement positif. Non seulement il n’en est rien mais au lieu de cela on a droit à une véritable douche froide qui aura eu un effet de tétanisation, de sidération
Et la crise financière avec son impact social qui n’aura certainement pas amélioré les choses dans l’année 2009 n’a pas été intégrée dans les données collectées.
Dans ce contexte ne faut donc pas s’étonner si certains de ces jeunes sans emploi et sans perspectives de quitter un jour la « zone » soient « en conflit avec la loi ». A y regarder de près ils sont même étonnement calmes , sans doute eux aussi anesthésiés. Il faut dire qu’à part un sentiment d’injustice régulièrement ravivé ils n’ont guère de revendications car, et c’est là le drame, ils n’imaginent même pas que les choses puissent changer. Ils sont même souvent nihilistes en se laissant complètement aller. Ils sont dormants : il suffirait d’une étincelle pour les embraser, mais sans autre perspective que le cri poussé dans l’instant présent. Quel gâchis !
A juste titre Le Monde peut parler de génération sacrifiée en visant les jeunes de 16 à 24 ans de ces zones de relégation sociale. Malheureusement à lire ce rapport il y a matière à s’inquiéter pour les générations qui montent car rien dans ce que nous observons n’entraine au moindre optimisme.
Le président de « Villes et Banlieues » fait le constat que cette situation satisfait tout le monde ou presque dans la classe politique. C’est la conclusion de l’entretien de Claude Dillain qui devrait inquiéter les responsables politiques : si les banlieues explosent demain comme il faut s’y attendre pas question pour les maires de venir éteindre l’incendie comme ce fut le cas en 2005. Les maires se disent las et découragés par l’absence de relais de l’Etat.
Ce rapport de ONZUS et l’analyse lucide d’un élu aussi respectable et pondéré que Claude Dillain, professionnellement pédiatre, auraient mérité et méritent toujours un débat national volontaire autant que celui de l’identité national qu’en vérité il dépasse. Liberté, égalité et fraternité : encore faut il en avoir les moyens ! C’est plutôt un silence assourdissant qui leur a fait écho. Il va être nécessaire de hausser le ton à l’occasion de la campagne pour les élections régionales.
Pourtant 5 ans après la loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er aout 2003, quatre ans après les émeutes urbaines qui ont objectivement fait trembler le pouvoir politique de l’époque avec un impact planétaire, ce rapport aurait du faire l’effet d une véritable bombe quand il est démontré, données officielles à l’appui, que la pauvreté et le chômage ne sont pas en recul, bien au contraire, dans les 751 quartiers objet de l’étude publique.
Certains constats font froid dans le dos et on s’étonnera que mis à part le maire de Clichy-sous-Bois - certes directement concerné - et président de l’Association de maires « Villes et Banlieues », le silence ait été quasiment unanime dans la classe politique et journalistique.
Particulièrement les jeunes et, plus préoccupant encore, les enfants sont les victimes de cette situation. Ce constat méritait quand même d’être relevé dans la semaine où l’on «fêtait» le 20° anniversaire de la CIDE.
Deux chiffres majeurs - données de 2007 - explosent à la figure.
Tout d’abord 44,3% des moins de 18 ans, soit quasiment un enfant sur deux, vivent sous le seuil de pauvreté fixé à 908 euros par mois. Le chiffre est de 33,1 % pour l’ensemble de la population de ces zones quand il est de 12 % en moyenne sur le territoire national. Effrayant ! Le mot n’est pas trop fort.
Deuxième constat : un jeune sur 4 est au chômage ou en inactivité dans les zones « politique de la ville « contre un jeune sur 8 dans les autres quartiers des mêmes agglomérations. On parle de l’effet repoussoir que suscitent ces « jeunes garçons à capuche » des banlieues auprès des patrons qu’ils sollicitent. Les filles seraient moins touchées.
Un point apparemment positif cependant : le taux de réussite au brevet des collèges est en légère hausse. On est passé de 67,2% à 71,9% en 2008 mais avec une sacrée nuance : le taux de réussite s’est encore plus amélioré dans les autres territoires. Le fossé se creuse encore et encore.
En d’autres termes, la fracture ne se réduit pas, bien au contraire, entre ces zones et le reste des territoires urbanisés.
Claude Dillain dont la ville a été l’un des territoires particulièrement touché par les événements de novembre-décembre 2005 ne s’y est pas trompé qui s’inquiète de la seule approche sécuritaire à court terme des pouvoirs publics. Et les policiers qui cette semaine manifestaient sur l’évolution des conditions de leur intervention en rajoutaient une couche en parlant pour qualifier leur travail au quotidien dans ces banlieues d’une intervention à caractère plus militarisé que policier.
Certains diront que les résultats de cette étude ne pouvaient pas être différents
Et pour cause, on attend toujours le plan Marshall pour les banlieues qu’il eût fallu mettre en place. Le plan Amara, dont on sait combien, il a eu de mal à être boucle n’est d’évidence pas à la hauteur quand il aurait fallu investir fort et sur la durée pour transformer les conditions de vie des habitants. En revanche Claude Dillain salue le programme Borloo de rénovation urbaine qui se traduit par une amélioration visible et sensible de l’habitat pour les habitants.
Si l’on résume le propos du maire de Clichy, plus que jamais on alimente des ghettos qui se referment sur eux et qui deviennent d’immense poches de pauvreté et de précarité comme si l’on faisait l’impasse sur eux. Du ghetto à la cocotte minute il y a qu’un pas !
Il n’en reste pas moins qu’on attendait quand même un frémissement positif. Non seulement il n’en est rien mais au lieu de cela on a droit à une véritable douche froide qui aura eu un effet de tétanisation, de sidération
Et la crise financière avec son impact social qui n’aura certainement pas amélioré les choses dans l’année 2009 n’a pas été intégrée dans les données collectées.
Dans ce contexte ne faut donc pas s’étonner si certains de ces jeunes sans emploi et sans perspectives de quitter un jour la « zone » soient « en conflit avec la loi ». A y regarder de près ils sont même étonnement calmes , sans doute eux aussi anesthésiés. Il faut dire qu’à part un sentiment d’injustice régulièrement ravivé ils n’ont guère de revendications car, et c’est là le drame, ils n’imaginent même pas que les choses puissent changer. Ils sont même souvent nihilistes en se laissant complètement aller. Ils sont dormants : il suffirait d’une étincelle pour les embraser, mais sans autre perspective que le cri poussé dans l’instant présent. Quel gâchis !
A juste titre Le Monde peut parler de génération sacrifiée en visant les jeunes de 16 à 24 ans de ces zones de relégation sociale. Malheureusement à lire ce rapport il y a matière à s’inquiéter pour les générations qui montent car rien dans ce que nous observons n’entraine au moindre optimisme.
Le président de « Villes et Banlieues » fait le constat que cette situation satisfait tout le monde ou presque dans la classe politique. C’est la conclusion de l’entretien de Claude Dillain qui devrait inquiéter les responsables politiques : si les banlieues explosent demain comme il faut s’y attendre pas question pour les maires de venir éteindre l’incendie comme ce fut le cas en 2005. Les maires se disent las et découragés par l’absence de relais de l’Etat.
Ce rapport de ONZUS et l’analyse lucide d’un élu aussi respectable et pondéré que Claude Dillain, professionnellement pédiatre, auraient mérité et méritent toujours un débat national volontaire autant que celui de l’identité national qu’en vérité il dépasse. Liberté, égalité et fraternité : encore faut il en avoir les moyens ! C’est plutôt un silence assourdissant qui leur a fait écho. Il va être nécessaire de hausser le ton à l’occasion de la campagne pour les élections régionales.
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