Pierre Jourde ou le racisme sans estomac

On pouvait lire, il y a quelques jours, dans les pages Opinions du quotidien de référence français, un texte qui ferait passer Glucksmann pour la Princesse de Clèves. En voici un extrait : « Depuis l'entrée de Tsahal dans la bande de Gaza, les médias parlent benoîtement d' ’importation du conflit’, de ‘violences intercommunautaires’. Elles sont tout de même un peu à sens unique, les violences ‘intercommunautaires’. Cela consiste, en gros, à ce que des jeunes gens d'origine arabo-musulmane s'en prennent à des juifs, manifestant par là leur soutien à leurs "frères" palestiniens opprimés. » Remarquez tout d’abord le doux euphémisme de « l’entrée » de Tsahal, on entre en religion, Jésus entre à Jérusalem et bien Tsahal « entre » à Gaza, c’est entendu, tant pis pour les bruits de bottes, alléluia ! Mais là n’est pas l’essentiel. Le problème avec le rimailleur Jourde, c’est que chez lui tout est « en gros »... Qu’il nous gratifie de la propagande de guerre israélienne disponible dans tous les forums du net, hasbara oblige, cela s’est déjà vu, et cela ne nous étonne plus guère. Mais que ce soit fait avec des moyens aussi grossiers, c’est une insulte au lecteur… On y trouve par ordre d’apparition : la nazification du Hamas, la lâche tactique des « boucliers humains », l'émergence d'un nouvel antisémitisme et la persistance de l’ancien tout à la fois, la focalisation trouble sur Israël, la figure du juif comme bouc émissaire universel et transhistorique… Que du subtil ! Que du mille fois ressassé. Que du passé repassé en boucle dans la petite lucarne - quand Jourde écrivait la machine à abrutir, c'était une auto-biographie ! Et, clou du spectacle, pour conclure sa mauvaise dissertation : « Une poignée de juifs qui transforment un désert en pays prospère et démocratique, au milieu d'un océan de dictatures arabes sanglantes…» Nous ressortir le coup du désert fleuri à coup d’engrais sioniste (le sang de Deir Yassin n'est-il pas le meilleur des fertilisants ?), il fallait oser, et Jourde la fait ! Car Jourde, il ose tout, c'est même à ça qu'on le reconnaît... Pourquoi pas nous vanter la beauté et les mœurs légères des filles du Kibboutz ? Ex-fan des sixties où sont tes années folles? Pour la méthode, Jourde, le petit télégraphiste de Tel-Aviv, nous mitraille de poncifs, nous bombarde de clichés, nous canonne de stéréotypes, c’est un peu son effort de guerre à lui, nous rappelant cet invariant, depuis Camus au moins, derrière la plume des hommes de lettre français se cache un casque colonial ! Car, quoi qu'on en dise, ils ne sont pas bien nombreux les Jean Genet en France... Son texte torché à la hâte, « en gros », fourmille d’illustrations des temps bénis, tant par ce qui est affirmé que par ce qui est occulté. Colonialisme old school : il n’est qu’à voir son apologie grotesque d’Israël tout droit sortie d’un prospectus du chargé de communication de Tsahal. Néo-colonialisme : « En quoi un Français est-il impliqué dans un conflit international, sinon au nom de la justice universelle ? » s’interroge Jourde naïvement, sait-il seulement ce qu’est la Françafrique ? C’est sans doute par nostalgie, si il y a tant de soldats français sur ce continent… Postcolonialisme : le pauvre Jourde ne peut concevoir l’identité en terme complexes, en tous cas pas pour « les jeunes gens d'origine arabo-musulmane », puisqu’il leur faut être Français c’est-à-dire universel (sic) ou Arabe ou Musulman… Par contre, pour ce qui est de l’occultation, le portrait du soldat franco-israélien Shalit qui se trouve sur le fronton de nombreuses Mairies de France, Jourde n’y trouve rien à redire, Jourde ne connaît pas plus ce genre littéraire qu’est l’Eurabia, un genre dystopique qui est né en Israël et qui sent si bon le racisme anti-Arabe et la conspiration… Finalement, le texte de Jourde est un symptôme, celui d’une élite française qui cache derrière sa dénonciation de l’antisémitisme, derrière un philosémitisme ambigu et de façade, dont Israël n’en est que l’opérateur, un racisme postcolonial qui, lui, s’assume en toute quiétude. Pour ce qui est de la littérature, qu'est que nous propose l'écrivaillon Jourde ? Un racisme « en gros » sans « petite musique », sans estomac, rien qu'y fasse danser la langue, même dans le pire n’est pas Céline qui veut. Les paysans du Cantal qui avaient botté les fesses de Jourde il y a quelques années l’avaient bien compris. Car son Pays perdu n’était ni le leur ni celui des Palestiniens...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ni le courage d'être juif. Ni l'élégance d'être nègre...

Anonyme a dit…

...et de la déséspérance des critiques sans estomac, avec tout mon respect aux autruches!

Marhoum

Anonyme a dit…

Et dire que Jourde est marié à une Noire, une Noire dont il a des enfants en plus. Ces racistes ne reculent devant rien pour brouiller les pistes.

Cela dit, vous avez bien raison, il en faut du courage pour être juif par les temps qui courent...

Anonyme a dit…

Analphabète, il s'agit d'une citation de Brel ! Pour les petites raclures de Tsahal, il s'agit sans doute du "courage" de l'assassin qui peut assassiner en toute impunité...

P.S. : Tous les coloniaux vous le diront, ils aimaient particulièrement à coïter de la "négresse", sexualité et domination, ça se marrie très bien, renseignez-vous..... Ah le bon vieux temps des colonies!

Anonyme a dit…

"P.S. : Tous les coloniaux vous le diront, ils aimaient particulièrement à coïter de la "négresse", sexualité et domination, ça se mar[r]ie très bien, renseignez-vous..... Ah le bon vieux temps des colonies!"


T'es qu'un sale con.