Mohamed, Adam, Rayan, Nathan, Gabriel, Amine, Ayoub, Mehdi. Ces prénoms constituent le « top 8 » de ceux qui ont été attribués aux garçons bruxellois nés en 2007. Cinq de ces prénoms sont à consonance arabo-musulmane. La jeunesse bruxelloise d’aujourd’hui est ainsi, pour le meilleur et le pire. Le meilleur : c’est grâce à la vitalité de l’immigration (notamment, mais pas seulement) maghrébine que Bruxelles a mis fin à son déclin démographique. Le pire : la société bruxelloise n’a toujours pas trouvé le moyen de faire de ses habitants d’origine populaire extra-européenne des citoyens reconnus et acceptés pour ce qu’ils sont. À Bruxelles, la proportion de jeunes issus de l’immigration est telle que, souvent, les politiques dites d’intégration fonctionnent à l’envers. Sur le terrain, chacun s’en rend compte. Mais le système institutionnel continue à tourner sur lui-même comme si Bruxelles était toujours composée d’habitants « de souche » répartis entre 85% de francophones et 15% de Flamands. Cherchez l’erreur…
Les frères et les sœurs de Mohamed, Rayan et Mehdi, avec ou sans leurs parents, se sont massivement retrouvés à la manifestation du dimanche 11 janvier contre les massacres de Gaza. On a parlé à ce propos d’une manifestation communautaire. C’était surtout une manifestation bruxelloise. Ce qui est d’ordinaire confiné dans les rues et les maisons de Molenbeek ou Saint-Josse que le beau monde ne fréquente pas a pris ce jour-là possession des boulevards centraux de la ville. On a découvert une population jeune qui avait des valeurs et des préoccupations situées à des années lumières de Bruxelles-Hal-Vilvorde ou de la déconfiture de Fortis. Et ce qu’elle a montré d’elle a fait peur.
Bien sûr, il y avait des calicots « problématiques ». Certains n’ont vu que ceux-là, au risque d’alimenter la parano d’une partie de l’opinion publique. Ces jeunes Bruxellois ont pris fait et cause pour un peuple écrasé sous les bombes d’une armée puissante. Un peuple qui n’occupe aucune place particulière dans l’imaginaire européen, mais dont le destin tragique résonne dans tous les foyers arabes à partir des images d’Al Jazira consommées jusqu’à la nausée. Comme si le destin des Arabes de Bruxelles, et notamment d’une part importante de la jeunesse de cette ville, se jouait désormais en Palestine.
Il s’agit donc de notre jeunesse. Nous n’en avons pas d’autre de rechange. Son engagement existentiel aux côtés des Palestiniens massacrés est nettement plus honorable que la lâcheté et l’indifférence généralisées, même s’il y a beaucoup à redire sur les formes que cette solidarité emprunte. En les accompagnant franchement mais de façon critique dans cette solidarité, nous aiderons les plus lucides d’entre eux à contenir l’influence suicidaire de l’islamisme qui autrement risque d’occuper seul tout le terrain. Si cette hypothèse désastreuse devait se confirmer, c’est notre démission qui lui aura déroulé le tapis vert.
Henri Goldman
1 commentaire:
Au début, parcourant le texte de Goldman, j'avais une certain plaisir, j'y voyais de l'honnêteté et puis quelque chose qui ressemble à de l'intelligence, mais plus je poussais plus avant la lecture, plus je fus pris d'une forme de malaise... Arrivé à la fin du texte, je compris pourquoi. Il s'agissait du ton paternaliste teinté de misérabilisme, particulièrement insupportable, dont notre bonne vieille gauche est coutumière, voyez ceci :"En les accompagnant franchement mais de façon critique dans cette solidarité, nous aiderons les plus lucides d’entre eux à contenir l’influence suicidaire de l’islamisme qui autrement risque d’occuper seul tout le terrain..." Goldman c'est un peu "le berger de l'être " de la jeunesse bruxelloise ! Merci bwana Goldman !
Et pour l'intelligence, était-ce du Canada Dry ?
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