D’Al Jazerra comme médiascape

Les idéologues à gage d’aujourd’hui sont décidément en retard d’une guerre, ils ne se sont pas aperçus que le temps du monopole des télévisions nationales et de CNN était révolu… La critique d’Al Jazerra, qu’elle soit fondée, le fait qu’elle appartienne à l’Emir du Qatar (Hamad bin Khalifa Al Thani) n’est pas sans conséquence, qu'elle soit de mauvaise foi, pour ce qui est de Gaza, les chaînes occidentales, pour ne pas passer d'images d’Al Jazerra, invoquent la partialité de celle-ci, alors qu’elles diffusent allègrement les images fournies par l’armée israélienne, ou qu’elle soit délirante, ainsi si dans le monde occidentale on la considère comme « la voix des islamistes », dans le monde arabe on la trouve proaméricaine, n’y changera rien. Al Jazeera, comme médiascape, est là et bien là. Nul retour en arrière. Et de fermeture que nenni... Ces idéologues vermoulus ne se sont pas plus aperçus, confinés dans leur bêtise conservée dans le formol, des spécificités diasporiques de leurs concitoyens, notamment en terme d’imaginaire, que des particularités des supports techniques d’aujourd’hui. « Les médiascapes se sont à la fois la distribution des moyens électroniques de produire et de disséminer l’information, désormais accessibles à un nombre croissant de personnes à travers le monde, et les images du monde créées par ces médias. Ces médiascapes fournissent à des spectateurs disséminés à travers le monde de large et complexe répertoires d’images, de récits et d’ethnoscapes, où sont imbriqués le monde de la marchandise, celui de l’information et celui de la politique. Cela signifie que de nombreux public à travers le monde, perçoivent les médias eux-mêmes comme un répertoire complexe et interconnecté d’imprimés, de celluloïd, d’écrans électroniques et de modes d’affichage. Les limites entre les paysages réels et fictionnels qu’ils visionnent sont brouillées. Ainsi plus ces publics sont éloignés de l’expérience directe de la vie métropolitaine, plus ils sont susceptibles de construire des mondes imaginés qui soient des objets chimériques, esthétiques, voire fantastiques, notamment si ces mondes sont évalués selon les critères d’une autre perspective, d’un autre monde imaginé. Les médiascapes tendent à être des comptes rendus fondés sur l’image et le récit de fragments de réalité. Ils offrent à ceux qui les perçoivent et les transforment une série d’éléments d’où peuvent être tirés des scénarios de vie imaginée, la leur comme celle de personne vivant à des milliers de kilomètres… » (Appadurai) Ces idéologues, casseroles ébréchées du vieux monde, qui pensaient pouvoir garder la main sur ce qu’il considère être un « troupeau », le leur, qui les regrettera ?

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