« La question du statut des frontières nationales dans les productions de l’histoire culturelle, sachant que la musique noire est bien souvent le symbole principal de l'authenticité raciale, se manifeste de manière évidente dans les débats auxquels ont récemment donné lieu la culture hip-hop, le puissant moyen d’expression des Noirs pauvres des villes américaines qui a suscité un mouvement juvénile mondiale d’une importance considérable. Le hip-hop se compose d’une forme hybride, nourrie par les relations sociales régnant dans le South Bronx où la culture jamaïcaine des sound systems s’est trouvée transplantée et s’est enracinée au cours des années 70. En liaison avec des innovations technologiques spécifiques (échantillonnages numériques…), cette culture caraïbe, voyageuse et réenracinée, a déclenchée un processus qui devait transformer la manière de percevoir l’Amérique noire, aussi bien qu’une grande part de l’industrie de la musique populaire. Nous devons ici nous demander comment une forme qui fait étalage et se glorifie de sa propre malléabilité, ainsi que de son caractère transnational peut-être interprétée comme l’expression d’une essence Afro-américaine authentique ? Comment peut-on parler du rap comme s’il avait surgi tout armé des entrailles du blues.... ? »
[Paul Gilroy, L'Atlantique noir. Modernité et double conscience]
Au source du Rap, l'exil et l'hybridation…
Publié par Le Bougnoulosophe à 12/02/2008
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