Oncle Ho et la guerre du Rif…

Savez-vous que le rapprochement d'Abdelkrim et d'Oncle Ho n’a rien de fortuit ? Abdelkrim fut un des modèles de Hô Chi Minh, il ne s’en cachait pas, comme il fut celui de Guevara (1) en matière de guérilla. Les luttes concernant l'anticolonialisme ne sont pas exclusives les unes des autres, elle sont cumulatives, et à cette aune les notions de défaite ou de victoire sont toutes relatives....

« Dés 1924, le Paria (2) célèbre la lutte du peuple rifain, « espoir des parias ». Hô Chi Minh a saisi l’importance de la guerre du Rif. Ses sept ans de militance dans le Paris de l’après-guerre ont contribué à en faire un dirigeant aguerri. Inscrit à 9ème section de Paris, où il fréquente Boris Souvarine, le plus brillant théoricien marxiste de Paris, ayant beaucoup lu et beaucoup discuté, y compris avec ses camarades immigrés de toutes nationalités présentes sur le pavé de Paris (nord-africains, asiatiques, malgaches) avec lesquels il milite contre le régime de l’indigénat et le maintien des lois d’exception, il hante les arrières-salles enfumés de cafés pour d’interminables palabres. C’est un photographe, calligraphe anémique qui habite un réduit du 17e arrondissement de Paris. Il mesure immédiatement la nouveauté de la guerre du Rif : ce n’est pas une révolte comme il en a si souvent vu, c’est une vrai guerre où d’énormes victoires sont été remportées. Il se documente auprès de ses amis marocains, algériens, tunisiens, enthousiasmés par Abdelkrim depuis Anoual, et surtout il réfléchit à la tactique employée par l’Emir rifain : les espagnols, se convainc-il, ont lutté contre un ennemi invisible, dissout dans la nature. « L’enseignement de la guerre du Rif est de montrer clairement la capacité d’un petit peuple à contenir et vaincre une armée moderne et organisée quand il empoigne les armes et défend sa patrie. Les Rifains ont le mérite de donner cette leçon au monde entier. » Il s’en inspira d’ailleurs, vingt-cinq ans plus tard, pour Diên Bien Phu. Pour lui et il n’en démordra plus jamais, qu’il soit à Paris, ou à Moscou, en 1923, à l’université des travailleurs d’orient, puis à partir 1925 en Chine, le Rif a été l’événement prémonitoire d’une ère nouvelle pour les nations opprimées. » (Zakya Daoud, Abdelkrim).

(1) «En survolant le Rif en avion, j'ai regardé par le hublot. La région est une zone idéale pour la guérilla. C'est tout un symbole». C'est par ces paroles que Che Guevara aurait salué Abdelkrim Khattabi à l'ambassade du Maroc au Caire en 1959.
(2) Journal anticolonialiste fondé par Hô Chi Minh.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et ce qui est dramatique c'est à quel point la bataille d'Anoual est méconnue, y compris au Maroc...

Anonyme a dit…

C'est parce que le rôle dans cette bataille de ce qu'il restait du "Makhzen" n'a pas été des plus flamboyant !

De manière générale, les rapports du "Maroc officiel" et d'Abdelkrim ont été fort ambigus (cfr la saga de la dépouille de l'Emir rifain, qui vaut un article à elle seule !)