Fatoumata Sidibe ou le retour des négriers

"Dans l'armée coloniale, et plus spécialement dans les régiments de tirailleurs sénégalais, les officiers indigènes sont avant tout les interprètes. Ils servent à transmettre à leurs congénères les ordres du maître, et ils jouissent eux aussi d'une certaine honorabilité. "(Frantz Fanon)

Depuis Baudelaire, on le sait, le belge aime à singer la France, d’aucuns diront que ce tropisme fait partie intégrante de l’identité belge. Comme il se doit, ce mimétisme donne lieu à une copie bien en dessous de l’original. Mais quand l’original est lui même d’une médiocrité sans nom, que se passe-t-il ? Eh bien ça donne « Ni putes, ni soumises© » Belgique… Ainsi l’excroissance politico-médiatique française sur laquelle souffle tous les vents de l’opportunisme et de l’affairisme, a mis bas en Belgique d’un avorton aussi grotesque que pantomimique. Cet « avorton » associatif est présidé par Fatoumata Sidibe, devenue depuis lors députée au Parlement bruxellois. Jusqu’ici à rien de nouveau, c’est le commun des errements qui font le quotidien du Royaume. Si ce n’est un détail qui n’a rien d’anodin, le recours, ici, à un dispositif, une vieille ficelle qui date du temps des colonies, la figure de l’ « évolué » chère à la Belgique de grand papa. Car même dans les temps troublés que nous connaissons, l’ombre tutélaire et paternelle de Léopold II plane toujours sur le plat pays, le passé dure longtemps.... Ainsi l’évolué désignait l’Africain ayant un mode de vie occidentalisé acquis par une éducation de type européenne. Les évolués étaient la classe sociale intermédiaire entre Européens et autochtones, dans une période de ségrégation. Cette figure était parfaitement ambivalente, car si l’évolué est celui sorti des ténèbres par l’éducation du blanc, il reste une pâle imitation de celui-ci à son grand dam et l’on lui faire sentir à coup d’humiliations[1]. Cette situation de double bind est d’autant plus cruelle que l'évolué est perçu par le reste de la population africaine comme la « créatures du blanc »… Et que représente Fatoumata Sidibe, sinon la version postmoderne de cette figure là...? Soit un petit pantin, charmant certes, mais un pantin tout de même, qui est sujet des velléités de ses maîtres marionnettistes et de leur agenda caché. Qui sont-ils ? La fraction des ultras de la laïcité, qui est affiliée aux loges ad hoc parmi lesquels le fort libéral George Verzin et les acteurs d’un sionisme laïquement correct, celui du CCLJ. Et que lui soufflent ces ventriloques? Il faut libérer la parole des femmes, oui mais surtout dans les quartiers immigrés, les garçons arabo-musulmans, et leur hyper-masculanité présumée, sont les ennemis irréductibles des femmes. A ces ennemis désignés, il leur est associé le triptyque, violeur-voileur-voleur, répété ad nauseam. Répété à qui veut bien l’entendre, et ils sont nombreux à le vouloir!, ceux qui veulent se blanchir à si bon compte, d'autant que ce racisme vertueux c’est tellement confortable…A-t-elle conscience notre Pygmalion africaine, du rôle qui lui est imparti, celui de femme de petite vertu de la laïcité, soumise aux diktats et quolibets d'un altruisme impérial, car plutôt qu'un «guide du respect», il s'agit là d'un respect du guide... A-t-elle conscience notre danseuse noire de la laïcité de n’être que la voix d’un maître impuissant, la Joséphine Baker d’un ballet de tartuffes où s’affrontent quelques obscures volontés de puissance anémiques, au coeur de quelques ténèbres ministérielles … Libérer la parole certes, - haine de soi, complexe d'infériorité, larbinisme, lactification... - mais qui libérera Fatoumata Sidibe d'elle-même?

[1] « Oh ! abominables macaques… L’ingratitude qui noircit votre cœur à vous autres indigènes soi-disant évoluééés (sic) n’a d’égal que le ridicule orgueil qui vous gonfle bêtement la tête et vous pousse à oublier que c’est de notre propre volonté que les portes de la civilisation vous sont ouvertes petit à petit. Cependant vous vous impatientez déjà, comme si notre largesse était un droit absolu pour vous autres et une impérative obligation pour nous qui, de plein gré, avons pris la généreuse initiative de vous initier gratis... » (Lomami Tchibamba, Ngemena)

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4 commentaires:

Sinyweb a dit…

A l'ONU
Le mouvement Ni putes ni soumises a le statut consultatif auprès du conseil économique et social (ECOSOC) des Nations unies.
contact : international@niputesnisoumises.com

http//acteursdeterrain.canalblog.com

Anonyme a dit…

C’est fou ce que certains occidentaux sont fascinés par la femme arabe et musulmane en général. Certains même lui portent un intérêt particulier et nous en sommes... convaincus de leur sincérité. Rappelez-vous le tapage médiatique à propos de la femme nigérianne que des illuminés voulaient lapider, tous les sujets sur l’excision des jeunes filles (excision présentée comme une pratique courante), tous les sujets sur les mariges forcés qui relèvent de pratiques sociales et non religieuses(en islam le mariage est nul et non avenu s’il n’y a pas consentement des deux époux). Mais curieusement ces âmes charitables et tout à fait sincères n’ont pas vu la souffrance des femmes irakiennes qui ont vu leurs enfants mourir devant leurs yeux de faim et de maladie à cause de l’embargo ordonné par les américains pendant près de 10 ans, il n’ont pas vu les milliers de femmes palestiniennes qui ont vu leurs enfants se faire tirer comme des lapins par des militaires israéliens, des femmes qui élèvent des garçons et des filles sans avenir... Mais celles là si elles sont femmes elles n’ont aucun intérêt dans les perspectives islamophobes. Démocratie ? Oui. Liberté d’expression ? Je dis oui encore. Hypocrisie ? Non merci.

Anonyme a dit…

Le nouveau livre de Fadéla Amara et Mohammed Abdi : "La racaille de la République", une autobiographie sans doute....

Anonyme a dit…

Les deux idées-forces de la pensée héritée du colonialisme, empreinte de racialisme :

Le « différentialisme » : l’idée de l’irréductibilité et de l’incompatibilité de certaines spécificités culturelles, nationales, religieuses, ethniques ou autres. La culture de l’Autre est essentialisée, naturalisée, tout comme le sont les différences culturelles.

L’« évolutionnisme civilisationnel ou culturel » : certains groupes humains sont décrits comme supérieurs aux autres. La comparaison entre ces différents groupes s’établit en fonction de leur niveau de « développement » et plus particulièrement de leur niveau de production industriel.

Dans le discours de NPNS les deux idées y sont en filigrane...