Il s’agit alors d’interpréter les langages décoloniaux déployés par Fanon en tant que produits d’une pratique de déplacement épistémique, qui est à la fois de rupture et de reprise, de décentrement et de re-situation - au-delà de toute négation - des théories nées en « Occident », mais ce, à la différence de maintes interprétations postcoloniales, en prenant appui sur l’archive intellectuelle effective du psychiatre martiniquais.
Que deviennent, dès lors qu’elles sont reprises « hors » de l’Europe et contre les pouvoirs coloniaux, la critique psychanalytique « intra-européenne » de la civilisation, la phénoménologie hégélienne, les théories biologiques de la lutte pour l’existence, l’anthropologie politique et les théories de l’état de nature, les conceptualisations philosophiques et politiques de la violence, la doctrine médicale/psychiatrique ou encore les philosophies de la vie, etc. ?
Le dévoilement des méthodes fanoniennes de déplacement, qui s’inscrivent dans un postcolonialisme de guerre unique en son genre, autorise alors une reformulation du problème de la décolonisation des savoirs, en d’autres termes celui des politiques de connaissance, des lieux et perspectives du discours en situation postcoloniale
Matthieu Renault
Pour lire la thèse dans sa totalité
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire