Chacun connaît maintenant la situation du Pakistan, nul ne peut plus l’ignorer. Le pays fait face à une situation devenue catastrophique, à la suite des plus graves inondations de ces quatre-vingt dernières années. De surcroît, ces inondations sont loin d’être endiguées. On annonce déjà de nouveaux orages dans le Nord-Ouest et au Punjab, et le risque est grand que les fleuves débordent à nouveau. Une grande partie des villages et des habitants se trouvent dans la vallée fertile de l’Indus, qui est au Pakistan ce que le Nil est à l’Egypte.
Des chiffres alarmants à la mi-août
On comptabilise 1700 morts et des centaines de disparus, plus de 20 millions de sans-abri (soit 12% de la population), plus de 6 millions de personnes sans eau potable et sans nourriture. 7 millions d’enfants voient leur vie bouleversée par un sinistre sans précédent qui a dévasté leurs écoles et leurs villages, selon une estimation de l’Unicef. Perdus, orphelins ou malades, ce sont les victimes les plus vulnérables. Près de 3,5 millions d’enfants pakistanais sont exposés à un risque élevé de maladies liées à l’eau. Dans les régions rurales, les familles pakistanaises, souvent pauvres, n’ont plus rien. Elles doivent lutter pour leur survie avec une aide minimale. Pendant ces inondations il faut boire, boire l’eau à disposition, souvent contaminée. Il n’est pas étonnant dans ces circonstances de voir se multiplier les cas de dysenterie, et de choléra, qui en est la forme aggravée, voire de typhoïde ou d’hépatite (rapport de l’ONU). Les flots boueux ont balayé des villages entiers et détruit de nombreuses infrastructures, laissant plus de 650.000 familles sans toit, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.
Assiettes, fourchettes, couverts : il ne reste plus rien !
Il ne reste plus rien dans les maisons dévastées par des pluies diluviennes. Ni habits, ni nourriture, ni ustensiles de cuisine, ni bétail, etc... Peut-on seulement l’imaginer ?! Les ONG distribuent des bandages et autres fournitures de première nécessité, atténuant un tant soit peu les difficultés du moment. Mais ce sont surtout des tentes protectrices dont ont besoin les familles en détresse, car il pleut sans discontinuer. L’on craint un exode massif des populations, on parle de centaines de milliers de personnes fuyant le désastre sur les rares routes praticables, tentant de gagner des zones préservées.
Le Pakistan, qui s’en émeut ? Les ONG reçoivent 40 fois moins de dons !
Les inondations catastrophiques du Pakistan agitent le microcosme humanitaire à l’échelle internationale, soulevant des interrogations cruciales : Pourquoi l’aide n’arrive-t-elle pas plus vite ? Pourquoi les donateurs se montrent-ils si frileux ?
Pourtant, plusieurs associations humanitaires françaises ont lancé simultanément un appel aux dons pour venir en aide aux sinistrés. Mais l’élan de solidarité en France reste pour le moment très limité. Les dons adressés à La Croix-Rouge française, pour ne citer qu’elle, sont plus de trente fois inférieurs à ce qu’ils avaient été pour le séisme en Haïti (soit à peine quelques centaines de donateurs qui ont versé 60 mille euros en 3 jours pour le Pakistan, alors qu’Haïti a reçu 2 millions d’euros dans le même laps de temps).
Les arguments pour justifier une certaine forme d’indifférence générale ne manquent pas, allant de la période de récession (le don se porte moins bien), à la forte mobilisation en faveur de Haïti en début d’année. Un élan de solidarité en panne, qui plonge les donateurs dans la perplexité, s’inquiétant de savoir comment leur argent va être utilisé. A ces raisons rationnelles du non-don vient se rajouter l’excuse de la période estivale, comme si les français n’avaient ni télévision, ni téléphone, ni carte bleu, sur leur lieu de vacances.
Il existe malheureusement d’autres raisons, culturelles et géopolitiques, qui font appel à des représentations plus irrationnelles, mais très ancrées dans l’inconscient collectif, du Pakistan.
Géographiquement et culturellement très éloigné de l’Europe, et notamment de l’Hexagone, le Pakistan n’est pas exactement la destination de carte postale rêvée des français. Ses côtes n’évoquent rien comparées à celles paradisiaques de la Thaïlande. C’est un fait, les catastrophes naturelles, suivant l’endroit où elles s’abattent, ne suscitent pas le même traitement de faveur de la part des bienfaiteurs du monde. Loin des yeux, loin du cœur, un adage populaire qui se vérifie ici aussi…
Quand les éléments se déchaînent contre l’Homme, peut-on avancer qu’il y a des désastres plus nobles, plus grands, plus urgents que d’autres ? Indéniablement oui, de même qu’il y a des peuples plus puissants, plus riches, plus médiatiques, plus politiquement correct que d’autres. Un poncif qu’il convient néanmoins de souligner, à la vue des résultats du sondage réalisé par le Figaro sur la mobilisation de l’opinion française pour le Pakistan.
A la question « Etes-vous sensible à l’appel à la solidarité en faveur des sinistrés du Pakistan ? » une écrasante majorité de nos concitoyens ont répondu « non » ( 75.60%), pour seulement une poignée de « oui » (24.40%).
Comble de l’horreur, mais c’est déjà une réalité, la catastrophe naturelle est hiérarchisée et mise en concurrence, à l’instar d’un tsunami tuant des milliers d’occidentaux à la veille de Noël, ou d’un séisme monstrueux frappant le pays des déshérités du monde (Haïti), qui focalisent pendant des semaines les projecteurs de tous les médias occidentaux et battent des records de générosité !
Enfin, et c’est le pire, le Pakistan est associé depuis longtemps, par ces mêmes médias, à un pays de terroristes se doublant d’un régime corrompu, et l’implication française dans la guerre en Afghanistan n’est pas de nature à rassurer dans les chaumières. C’est cet odieux raccourci que nos vecteurs d’information devraient s’employer à briser au plus vite, pendant que des millions de vies innocentes sont en jeu !
Les sinistrés comptent sur nous, et sur notre mobilisation générale !
Citoyens français, médias, institutions nationales et européennes, personnalités du monde artistique et intellectuel, la mobilisation doit être générale, car le temps est compté.
Le sort de dizaines de millions de pakistanais est un peu entre vos mains aujourd’hui, des familles entières en grande souffrance espèrent nos dons, notre soutien, notre compassion.
A cet effet, vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustive d’ONG à pied d’œuvre en ce moment même.
Collectif « Urgence Pakistan »
2 commentaires:
Mon commentaire, extrait de no-mejliss:
"Je vais essayer d'expliquer la différence de traitement entre haiti et le pakistan, c'est trés simple; les blancs ont vis à vis des noirs une attitude paternalistique; mélange de pitié, de dégout et de superiorité. Ils n'ont pas vraiment peur de perdre le controle avec eux.
Vis à vis des musulmans basanés et de l'orient en générale, leur attitude est tout autre; ils ont un mélange de crainte et de haine, car ils ont peur qu'on les supplante démographiquement et que la civilisation islamique remplace leur civilisation judéo-chrétienne et ainsi de perdre leur hégémonie sur le reste du monde.
Ils sont dans une logique inconsciente de guerre culturelle et raciale, pour eux au fond, c'est une bonne nouvelle: ça fait quelque musulmans en moins.
Donc ne vous attendez qu'a de l'indifférence face aux drames que vivent les musulmans; que ce soit les victimes de l'inondation, les iraqiens et les afghans tués, et la nakbah des palestiniens."
Malheureusement, les inodations au Pakistan ne font "que" 1700 morts officiels (pour l'instant), mais le tsunami avaient fait 220 000 morts ! Haïti c'est aussi 220 000 morts !
On peut parler de racisme, mais l'ampleur émotive face à la mort est à prendre en compte. La hiérarchisation du malheur est en effet terrible, mais les bilans humains sont concrets.
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