Aimé Césaire et Frantz Fanon. Portraits de (dé)colonisés

Ils sont tous deux Martiniquais. Ils ont tous deux lutté contre le colonialisme et l'héritage de la traite et de l'esclavage. L'un est célébré par la République française (Césaire), l'autre presque ignoré (Fanon).

L'analyse croisée de leur biographie et de leurs écrits éclaire les débats les plus actuels sur la mémoire des femmes et des hommes d'origine africaine et les difficultés à se débarrasser de l'aliénation coloniale.
Aimé Césaire (1913-2008 ; Cadastre 1961, Tragédie du roi Christophe 1963), le poète et le chantre de la négritude, député-maire de Fort-de-France, s'élève avec vigueur et lyrisme contre le passé de la colonisation. Il milite en faveur d'une autonomie négociée au sein de la République métropolitaine. Ses prises de position, tant littéraires, mémorielles que politiques, marquent fortement la communauté antillaise et plus généralement la diaspora africaine.
Frantz Fanon (1925-1961 ; Peau noire, masques blancs 1959, L'an V de la révolution algérienne 1959, Les damnés de la terre 1961), médecin et psychiatre, se confronte aux faux-semblants identitaires des colonisés dans les départements d'Outre-mer et d'Afrique du Nord : ses consultations psychiatriques lui révèlent les stigmates infligés par leur statut aux Antillais et aux immigrés maghrébins et sahéliens. Il dénonce les pratiques asservissantes qu'impose l'assimilation et devient ainsi le porte-parole des générations contestataires.
Ces deux fils de la Martinique ont atteint une dimension universelle qui aujourd'hui particulièrement nous donne la mesure et l'intelligence des attentes et des enjeux de l'ère post-coloniale.
Pierre Bouvier est professeur émérite à l'Université Paris X-Nanterre, chercheur au Laboratoire d'anthropologie des institutions et des organisations sociales (IIAC/CNRS/EHESS). Membre de l'Association internationale de sociologie, de l'Association internationale des sociologues de langue française, de l'Association française des anthropologues, il est le fondateur de la revue Socio-anthropologie, revue interdisciplinaire de sciences sociales. On lui doit l'invention du terme « lien social » ainsi que de nombreuses études sur Fanon.

Sommaire:

Introduction : Les morts saisis par les vivants

1ère Partie : La scène coloniale
A. L'émergence du colonialisme
B. Les Antilles avant la seconde guerre mondiale
C. La Martinique, l'île aux fleurs

2ème Partie : Les alternatives poétiques et politiques
A. Une narration discursive : la négritude
B. Bovarysme et assimilation
C. Les prises de conscience
D. Césaire entre départementalisation et autonomie

3ème Partie : La radicalité en actes
A. L'Algérie coloniale
B. Médecin à Blida
C. Les damnés de la terre
D. Les lacunes idéologiques
E. Césaire et Fanon à Rome : communauté, racisme et culture

4ème Partie : Le syndrome post-colonial hier et aujourd'hui
A. Présence de Césaire et de Fanon
B. Vers le transnational

Les Belles Lettres
Entretien avec Pierre Bouvier

2 commentaires:

F.B a dit…

Nous devons célébrer le savoir negre et ne jamais jeter dans les oubliettes nos écrivains,artiste et combattants. Ainsi,nous n'oublierons jamais notre histoire

Rozéfré a dit…

Bonne continuation