Ce qui se passe en Italie aujourd’hui n’a rien d’un accident, c’est le symptôme d'un processus de fascisation de l’Europe, dans lequel l’Italie est à l’avant-garde... Mettez en perspective ces trois évènements récents (1, 2, 3). Décidément les Italiens (en démocratie l’on est responsable de ses « représentants»...) ont la mémoire courte!
Pour une fois, personne ne contestera que le titre le plus révélateur sur ce que Libération nomme "les violences anti-immigrés en Calabre" a été trouvé par le spécialiste des gaffes-en-tous-genres du journal Le Progrès:
Une chasse aux immigrés dans le sud de l'Italie vire au drame
A l'automne, le même journal avait peut-être titré: Une battue au sanglier dans le Jura tourne à la tragédie...
Je ne sais pas, je ne suis pas abonné.
A Rosarno, en Calabre, dans ce pays où fleurit l'oranger, la chasse aux immigrés est peut-être ouverte dès que commence la saison de la cueillette des agrumes, principale production de la région. Quand ils ne servent pas d'occasionnel gibier à quelques jeunes locaux en manque de divertissement, les immigrés, avec ou sans papiers, sont surexploités, légalement ou illégalement, par les propriétaires de plantations.
Leurs conditions de vie et de travail nous sont rappelées par divers articles, comme celui d'Anne-Sophie Legge (de l'AFP), ou celui de Charles-André Udry (sur le site de A l'encontre) où l'on peut lire:Les travailleurs immigrés qui arrivent dans cette région sont les survivants d’une odyssée durant laquelle ils ont été contraints d’assister à la mort de leurs congénères : dans les déserts, dans la mer ou dans les «camps de rétention extracommunautaires» financés par l’Union européenne et la Suisse. Ils ont quitté des pays rongés par des guerres – derrière lesquelles se camouflent des conglomérats miniers ou des groupes pétroliers – et détruits par l’exploitation néocoloniale prenant appui sur des «élites» corrompues, alliées de leurs corrupteurs. Ils arrivent dans une terre où, par milliers, ils ne seront que des bras pour cueillir des agrumes dès novembre et repartiront en mars après la récolte des oranges, migrant en Italie d’une région à l’autre, selon les récoltes. Sans toit, sans eau, sans électricité, sans sanitaires, reclus parfois dans des bâtiments industriels désaffectés. (...)
Pour reprendre la formule d’un des leurs : «Nous vivons entre les rats et la peur.» Un autre, originaire du Maroc, confie au journaliste Attilio Bolzoni du quotidien La Repubblica : «Je vis dans la peur, la peur de faire savoir à ma fa mille comment je vis en Europe.» En fin d’année dans la région de Rosarno, chaque matin, des «contremaîtres» arrivent devant les baraques avec des camionnettes pour engager ces travailleurs immigrés qui n’ont littéralement plus rien si ce n’est leurs bras – de jeunes hommes – pour travailler 12 à 14 heures par jour, pour 20 euros, en payant 5 euros pour le «transport». (Vous pouvez aussi retrouver l'intégralité de cet article sur le Jura Libertaire.)
Face aux événements qui ont suivi, les médias sont si peu précis sur leur déclencheur immédiat que la presse d'extrême droite en ligne peut se permettre d'y trouver des "prétextes fallacieux".Il est possible qu'un groupe de jeunes (ou moins jeunes) calabrais, en mal de divertissement, ait décidé de "faire un carton" sur un groupe de travailleurs... On a parlé, sans trop de précisions, de deux blessés par des tirs provenant d'une arme à air comprimé.La violente manifestation de la colère des ouvriers immigrés, jeudi 7 janvier, dans les rues de Rosarno, a été davantage médiatisée:La télévision italienne a diffusé abondamment des images des violences, montrant une dizaine d'immigrés brisant les vitres des voitures à l'aide de barres de fer. (Le JDD)
On peut trouver aussi des images et des vidéos sur les sites de par chez nous, et consulter les commentaires de nos compatriotes inspirés.Je préfère ce commentaire-ci, qui conclut l'article de Charles-André Udry:
Ils se sont défendus comme des êtres humains dont la rage adoucit la souffrance – en cassant quelques voitures et vitrines de magasins – et ont été réprimés par la police comme «des animaux».
Ce qui a suivi, alors que la police était déjà sur les lieux, s'inscrit dans la plus pure tradition du déchaînement raciste.Plus d'un millier d'immigrés ont quitté la région de Rosarno.Sans doute plus d'une trentaine de blessés parmi eux, par des moyens divers, et rarement précisés dans les dépêches...Que ceux qui s'attendent à un réveil assez nauséeux en Italie se rassurent. Les italiens ont une excuse imparable: C'est pas nous, c'est la mafia.
Quant au racisme, il n'existe pas plus en Italie que chez nous:
Dans un éditorial, Il Giornale, le quotidien de droite de la famille Berlusconi, adresse dimanche un appel provocateur aux habitants de Calabre: "plutôt que sur les nègres, tirez sur les mafieux"."Pourquoi les Calabrais ne tirent-ils pas sur la mafia? Les immigrés sont pauvres et faibles, laids et sales, des cibles idéales. Le crime organisé, qui tient en échec les forces de l'ordre est fort, violent, avec un esprit de revanche et donc il convient de ne pas le toucher", estime le quotidien.
Une autre preuve irréfutable peut être trouvée dans ce poignant témoignage:
"Nous ne voulons pas qu'ils reviennent", déclare à l'AFP Giuseppe, propriétaire terrien à Rosarno, entouré de plusieurs amis. "Les nègres, nous les avons habillés et nourris, nous leur avons même offert des plats cuisinés à Noël", affirme-t-il, surpris qu'"on (les) prenne pour des racistes".
Cet article de l'AFP, publié par Le Matin, est intitulé Italie: sans immigrés africains, l'agriculture de Rosarno risque de mourir, et il est illustré d'une photo légendée: Des mandarines tombent au sol faute d'avoir été récoltées, le 10 janvier 2010 à Rosarno (Italie)
Cela me rend bien triste pour le pauvre Giuseppe...
Je lui souhaite de crever au plus vite, la gueule grande ouverte, sur son tas de mandarines pourries.
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