Les Subalternes peuvent-elles parler ?

Les femmes subalternes du Tiers-Monde ne sont-elles pas des sans-voix et des sans-part, toujours déjà fondamentalement exclues de la sphère du discours et de la représentation ? S’agissant des intellectuels, est-ce que parler « pour » les subalternes n’a pas pour conséquence de redoubler cette exclusion et de les déposséder de toute capacité d’action et d’expression autonome ? Comment le cas échéant contribuer à « défaire » la subalternéité ? Est-ce que la prétention à unifier les subalternes au sein d'une communauté une ou même la revendication par les subalternes eux-mêmes d’une identité culturelle collective ne risquent pas de renforcer leur exclusion radicale ? C’est à ces questions que Gayatri Chakravorty Spivak s’efforce de répondre dans « Les Subalternes peuvent-ils parler ? », notamment à travers l’analyse d’un cas singulier de sathi (suicide rituel d’une veuve en Inde) et de l’interprétation que l’idéologie impériale britannique proposait de cette pratique.

« En suivant un parcours nécessairement sinueux, cet essai partira d’une critique des efforts déployés actuellement en Occident [notamment par Gilles Deleuze et Michel Foucault] visant à problématiser le sujet, pour aboutir à la question de la représentation du sujet du Tiers-Monde dans le discours occidental. Chemin faisant, l’occasion me sera donnée de suggérer qu’il y a en fait implicitement chez Marx et Derrida un décentrement du sujet plus radical encore. J’aurai de plus recours à l’argument, qui surprendra peut-être, selon lequel la production intellectuelle occidentale est, de maintes façons, complice des intérêts économiques internationaux de l’Occident. Pour finir, je proposerai une analyse alternative des rapports entre les discours de l’Occident et la possibilité pour la femme subalterne de parler (ou la possibilité de parler en son nom). Je tirerai mes exemples spécifiques du cas indien, à travers la discussion approfondie du statut extraordinairement paradoxal de l’abolition par les Britanniques du sacrifice des veuves. » (Gayatri Chakravorty Spivak)

Gayatri Chakravorty Spivak est directrice de l’Institute for Comparavative Literature and Society de Columbia University. Elle a traduit en anglais De la grammatologie de Jacques Derrida et de nombreux récits de l’écrivaine Mahasweta Devi ; elle a dirigé avec Ranajit Guha une anthologie, préfacée par Edward Said, des écrits de l’école historique indienne des subaltern studies ; et elle est l’auteure, notamment, de In Other Worlds. Essays in Cultural Politics ; Outside in the Teaching Machine ; A Critique of Postcolonial Reason: Toward a History of the Vanishing Present ; Death of a Discipline ; et de Other Asias ; ainsi que la co-auteure de plusieurs recueils d’entretiens et d’un dialogue avec Judith Butler, L’Etat global.

Une critique de ce texte

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais qu'elles l'ouvrent bon dieu au dieu de minauder et chercher des postes...
gilgamesch

Anonyme a dit…

+ C’est à ces questions que Gayatri Chakravorty Spivak s’efforce de répondre dans « Les Subalternes peuvent-ils parler ? » +

Remplacer "elles" par "ils", sur un tel sujet, c'est audacieux !

Quant à gilgamesch, j'espère pour lui qu'il n'a pas bien lu le texte pour sortir de telles âneries.

Chab