Dans le dernier chapitre de Peau noire, masques blancs, intitulé « Le Nègre et la reconnaissance », Frantz Fanon explique que « Quand il arrive au nègre de regarder le Blanc farouchement, le Blanc lui dit : « Mon frère, il n'y a pas de différence entre nous ». Pourtant le nègre sait qu'il y a une différence. Il la souhaite. Il voudrait que le Blanc lui dise tout à coup : « Sale nègre ». Alors, il aurait cette unique chance de « leur montrer... ». Mais le plus souvent il n'y a rien, rien que l'indifférence, ou la curiosité paternaliste. L'ancien esclave exige qu'on lui conteste son humanité, il souhaite une lutte, une bagarre … »
Il semblerait que les Gabonais l'aient entendu et qu'ils soient sur cette voie, celle de la dialectique du maître et de l'esclave chère à Hegel (« L’individu qui n’a pas mis sa vie en danger peut bien être reconnu comme personne, mais il n’a pas atteint la vérité de cette reconnaissance d’une conscience de soi indépendante »). Il semblerait surtout, pour ceux qui en douteraient, que les Gabonais soient enfin entrés dans l'Histoire… L'Histoire n'est-elle pas « la vallée des ossements », suivant le mot du philosophe ?
« Après l’incendie du consulat général de France et l’attaque par des manifestants des installations du groupe pétrolier français Total, les expatriés français installés dans la capitale économique du Gabon, Port-Gentil, ne sont pas rassurés.
"La population est très énervée", raconte Françoise. Elle n’est pas sortie de chez elle depuis lundi soir et se tient prête à partir à al demande des autorités françaises.
Les expatriés français sont toujours "invités à rester chez eux et à éviter tout déplacement", a indiqué vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Eric Chevallier préfère appliquer le principe de précaution même si le calme semble être revenu vendredi après les incidents de la nuit.
En dépit de l’instauration d’un couvre-feu jeudi, de nouvelles violences et des pillages se sont déroulés dans la nuit de jeudi à vendredi à Port-Gentil, la ville la plus touchée par les violences. La capitale pétrolière du pays est aussi le fief politique de Pierre Mamboundou, opposant à Ali Bongo, arrivé troisième à l’élection présidentielle selon les résultats confirmés par la cour constitutionnelle vendredi.
"La France n’est pas intervenue, n’avait pas de candidat et n’a pas de candidat", a réaffirmé vendredi le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner sur RTL. La France est en effet accusée d’avoir soutenu Ali Bongo dans ce pays symbole de la Françafrique. » (*)
Décidément l’Universalisme français, urbi et orbi, n’est plus ce qu’il était, il faut dire que la farce devenait de plus en plus voyante ! Plus personne n'y croit... Etonnant, non ?
Les Gabonais ont-ils lu Fanon ?
Publié par Le Bougnoulosophe à 9/04/2009
Libellés : POSTCOLONIE
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3 commentaires:
Eh oui... La fin d'une époque. Après Houphouët en Côte d'Ivoire, Bongo au Gabon. Espérons quand même que les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets. Prochaine étape : le Cameroun, quand "Popaul" Biya (qui a allègrement passé le cap des 76 ans) "cassera sa pipe" ou sera éjecté.
Quant à l'image de plus en plus mauvaise des Français en Afrique, désolé mais nous n'avons à nous en prendre qu'à nous mêmes. Je connais un peu le Gabon et d'autres pays d'Afrique francophone et j'ai trop de ces Français expatriés, adopter vis-à-vis des Africains des comportements de "petits Blancs" tout à fait inacceptables. Tout ça parce qu'avec les différentes primes de service outre-mer ils se retrouvent avec un niveau de vie et un statut social qu'ils n'auraient jamais eu France (et n'auront plus à leur retour, en fin de séjour) et que ça leur monte gravement à la tête.
La France est militairement présente au Gabon, dans le cadre des accords de défense, avec le 6ème Bataillon d'infanterie de Marine, avec un total de 870 hommes. Ils sont principalement installés à Libreville, la capitale, à côté de l'aéroport - qui est la porte d'entrée (et de sortie) du pays. Un détachement est également présent à Port-Gentil. Sur place, les moyens aériens sont conséquents avec 3 hélicoptères Cougar, un hélicoptère léger Fennec et deux Transall C-160 de l'armée de l'air.
Tiens c’est amusant, la France et son indignation sélective, la France et son sens de la justice à géométrie variable, elle si sensible au processus démocratique, pas un mot sur l’élection gabonaise qui pue tant la fraude …Tous les pays ne sont pas aussi chanceux que l’Iran !
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