De l'intégration à la française

En une phrase, ramassée comme une formule mathématique, Brice le magnifique, qui n'en est pas à son coup d'essai, solde, brise, anéantit le rêve d’intégration des songe-creux de la République, et tout particulièrement des indigènes sociologiques, ceux qui ne savent pas qu’en l’état, au mieux, ces derniers seront presque Français « mais pas tout à fait », des Français de seconde zone, des Français au rabais, des Français mais « minoritaires » (dans tous les sens du terme), des Français nécessaires parce que minoritaires (1), car « il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes… » Que pouvait-on attendre du ministre des « mimiles» et de la « blanchitude » ? Sinon de dire le vrai sans aucune fioriture, d'énoncer à sa manière le « trope de la tribu »... Brice Hortefeux c'est le « Ça » (2) de la République ! Aussi quand Ça parle, c'est le grand débalage...

(1) Comme l'observe Arjun Appadurai : « le nombre (comme exotisation et énumération ) a joué un rôle capital dans l'imaginaire colonial.»

(2) « Nous donnons à la plus ancienne de ces provinces ou instances psychiques le nom de Ça ; son contenu comprend tout ce que l'être apporte en naissant, tout ce qui a été constitutionnellement déterminé, donc avant toutes les pulsions émanées de l'organisation somatique et qui trouvent dans le Ça, sous des formes qui nous restent inconnues, un premier mode d'expression psychique. » (Sigmund Freud)

26 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah l'humour auvergnat !

M.M. a dit…

Ah bon c'était de l'humour? Et qu'est ce qu'il attend pour monter sur les planches le Colonel Brice.Ne lui déplaise, il a bien fallu à la France plus d'"un" pour se construire. J'aimerais bien le voir ne serait-ce qu'une journée bosser sur un chantier notre ministre spirituel, mais quand on est bien né, et du côté des dominants on peut tout se permettre, même de l'humour auvergnat. M.M.

un sans papier a dit…

Elle est à toi cette chanson
Toi l'Auvergnat qui sans façon
M'as donné quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m'as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
M'avaient fermé la porte au nez
Ce n'était rien qu'un feu de bois
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr' d'un feu de joie

Toi l'Auvergnat quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise à travers ciel
Au père éternel

Elle est à toi cette chanson
Toi l'hôtesse qui sans façon
M'as donné quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m'ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S'amusaient à me voir jeûner
Ce n'était rien qu'un peu de pain
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr' d'un grand festin

Toi l'hôtesse quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise à travers ciel
Au père éternel

Elle est à toi cette chanson
Toi l'étranger qui sans façon
D'un air malheureux m'as souri
Lorsque les gendarmes m'ont pris
Toi qui n'as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
Riaient de me voir emmener
Ce n'était rien qu'un peu de miel
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr' d'un grand soleil

Toi l'étranger quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise à travers ciel
Au père éternel


Big up à Hortefeux !

cloclo a dit…

" Ne lui déplaise, il a bien fallu à la France plus d'"un" pour se construire. "

Tu y crois encore à ces fables pour enfants, mon bon Mohamed ? Allons, allons, tu rêves... La France existait bien avant vous, tu sais ! Et peut-être existera-t-elle après vous... lol

M.M. a dit…

Te fatigue pas la chanson, ils connaissent, pas celle-là en tout cas, mais la cynique. M.M.

Bozo a dit…

Tien vl'a Cloclo, ça faisait une paye, c'est sans doute le son du clairon qui l'amène... Il nous rejoue la France éternelle (avec des trémolos à "elle")...

Qui a dit au sud de la Loire, la France était bougnoulisée ? Ah la poésie courtoise tant aimée par les Princes d'Aquitaine :" Ma seule étoile est morte et mon luth constéllée..." Cloclo, tu es un analphabète, aussi Franc et Celte que mon chien est pékinois, et je n'ai pas de chien !

M.M. a dit…

Cher Cloclo,

Personne n'a renié la France à ce que je sache, je parle de son évolution et de son progrès auxquels ont contribué tout de même les travailleurs immigrés et étrangers toutes nationalités confondues.Puisque le Colonel Brice dédaigne abîmer ses jolies mains manucurées, il faut bien qu'il y ait quelqu'un qui aille au charbon, au goudron, et aux poubelles... non! M.M.

Anonyme a dit…

On dira ce qu'on veut, mais tout de même Amine est beau comme un Dieu parmi les veaux et les gueules de békés dégénérés.Ne vous y trompez pas les caresses sur sa joue ce sont celles qu'on donne aux icônes. (Moi j'ai choisi de voir les choses comme ça? Il faut sauver le citoyen Amine)
Il faut aussi frapper fort sur ce racisme décompléxé, mais en France on préfère de loin l'ignorer.ET VIVE LA DIVERSITE QUE J'T'ENDORS. Si hortefeux n'est pas sanctionné c'est la porte ouverte à toute les formes que peut prendre le racisme et le mimile j'en suis sûre est capable du pire.

cloclo a dit…

Vous savez, Bozo, je ne suis pas si raciste que je sache toutes les plaisanteries douteuses qui courent sur les Arabes. Qui a écrit cette perle ?... Quand même pas Nerval, si ?? cela ne lui ressemble guère !

M.M. a dit…

Beau peut-être, mais con à la fois sans paraphraser Brel. Je parie qu'il ne va plus se laver la main depuis qu'il a serré la louche à l'autre cramoisi de ministre.Heureusement que le Colonel ne lui a pas agité de susucre, sinon, il frétillerait de la queue et lèverait la papatte. Il ya des Arabes, on dirait qu'ils sont programmés pour l'obséquiosité et les torgnoles! Et je tiens à retourner le compliment à M. Hortefeux en lui rappelant que les racistes aussi
Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. M.M.

Anonyme a dit…

Rafraîchissons la mémoire au Père Hortefeux à propos des Auvergnats: « Le dimanche, écrit la Bédollière, les porteurs d’eau auvergnats vont à la musette, à la danse auvergnate, jamais au bal français ; car les Auvergnats n’adoptent ne les mœurs ni la langue, ni les plaisirs parisiens. Ils restent isolés comme les Hébreux de Babylone. »(in L.Chevalier, Classes laborieuses, Classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle)

Adler a dit…

Pas mal la citation de Freud sue le "ça"...

Bozo a dit…

C'est bien entendu Louis Ferdinand C.

Mais c'est un lieu commun du nord de la France (surtout Paris)méprisant les méridionaux !

Anonyme a dit…

Il faut décoder, qu'est-ce qui est un lieu commun du nord de la France ...méprisant les méridionaux ?

cloclo a dit…

Ah oui !... ce vieux Ferdine !... j'aurais dû y penser... je lui dois tant dans le cheminement de ma pensée.

Bozo a dit…

"je lui dois tant dans le cheminement de ma pensée..."

Oui notamment les deux "pamphlets", juste un changement sémite en somme...

Anonyme a dit…

Les journalistes (ceux de Rue89, notamment) ont vraiment beau jeu de s'émouvoir des saillies racistes d'Hortefeux. Ils feraient mieux de produire des enquêtes de fond sur sa politique.

Mais bon, comme il est nettement moins coûteux de mettre en scène l'incontinence verbale du ministre que d'analyser ce qui la rend politiquement/idéologiquement possible, on devra se contenter de ces pauvres papiers qui seront oubliés dès demain...
Et puis, les journalistes le savent bien, ça ne mange pas de pain de pousser les hauts cris antiracistes. Mieux, ça maintient l'ordre (raciste) des choses.

Allez, franchement, qui s'étonne encore de ces propos - à part quelques journalistes faussement naïfs et des politiciens de gauche ou d'extrême-gauche à la pêche aux voix indigènes?

Ce qui est réellement gênant, ce n'est pas le sens de l'humour de Brice le pathétique, mais la servitude volontaire d'Amin qui se laisse tâter la joue comme une bête en plein marché aux bestiaux. Alors que même les animaux sentent quand on les conduit à l'abattoir...

Comment faire pour qu'Amin prenne conscience que ces rigolards ne rigolent pas avec lui?

Anonyme a dit…

Pour sauver Amin, je ne vois qu'une chose : l'obliger à recopier dix fois et à la main "Peau noire masques blancs" de Fanon (lol)

cloclo a dit…

Siffler la Marseillaise, quoi qu'on pense de cet hymne au demeurant superbe et chargé d'émotion (revoyez Casablanca), et même pour se venger des humiliations passées, présentes et futures, c'est non seulement renier la France, mais aussi insulter tous ceux qui furent fusillés en le chantant (relisez Aragon).

Il ne me semble pas que des Français se soient jamais abaissés à faire de même avec aucun hymne... Et ne me sortez pas la colonisation, que ni vous ni moi n'avons connue !

Anonyme a dit…

Je ne suis pas sûre moi qui trouve Amin si beau qu'il entende les cris de la raison, avez-vous approché les Amins de prêt ?Avez-vous chercher à les éclairer, à leur insuffler un peu de fierté ou juste l'idée qu'il est bon de se révolter devant l'injure...
De Fanon nous dirons à Amin en étant quasiment certain qu'il n'entendra pas "il vaut mieux la faim dans la dignité que le pain dans la servitude".

Bozo a dit…

C'est sûr, ce n'est pas très élégant de siffler "une vieille catin" qui a trainé dans tant d'histoires sordides (colonisation, collaboration...). Pour Aragon, vous ne connaissez pas sa jeunesse dans "traité du style", il écrivait "je conchie l'armée française dans sa totalité...". Et je n'évoque ni Breton ni Artaud sur le sujet...Il n'y a que pour les "tirailleurs" de couleur que le patriotisme est une injonction !

princesse de Clèves a dit…

@ Cloclo: c'est vrai que la scène de la Marseillaise est très touchante dans Casablanca - mais ça n'a rien à voir avec le chant lui-même.
ce qui est touchant, ce n'est pas l'hymne national sanguinolent, c'est le fait que celle qui le chante ait finalement pris le parti de la résistance.
D'ailleurs, elle aurait pu interpréter n'importe quoi d'autre - l'Internationale ou "une souris verte"!

En revanche, je suis d'accord avec Bozo sur toute la ligne: il y a un trou de mémoire commun au vieux Aragon et au jeune Sarkozy - qui, s'ils avaient eu un enfant ensemble, l'auraient appelé André Gérin : quand il se fait fusiller, Guy Môquet crie "vive le Parti Communiste allemand" - et pas "vive la France".

Anonyme a dit…

Tiens Princesse de Clèves pourquoi tu nous écrirais pas un texte intitulé : « Il faut sauver le soldat Amin ! ». Un texte qui serait une étude clinique de l’aliénation d'un indigène ordinaire, en prenant pour modèle le comportement d’Amine, pour ce faire seraient mobilisés La Boétie, Fanon, Sayad, E. Saïd,Foucault… Ca nous changerait de la focale porté uniquement sur Hortetfeux le beauf de la République (mais certainement pas le seul !), soyons nous aussi ethnocentrique (lol)…

cloclo a dit…

Apparemment Amin est catholique, si j'ai bien suivi. De là sa propension à tendre l'autre joue. Peut-être un Berbère renouant avec ses origines pré-islamiques ?

Pour la Marseillaise, c'est le principe qui compte, et je me fiche qu'elle soit le symbole de l'armée ou de l'Etat, tous deux en déliquescence avancée. A la limite je goûte très moyennement la poésie patriotique. Seulement il y a des choses qui ne se font pas, et j'estime qu'insulter une putain en fait partie (Léo Ferré, je t'encule si tu me lis). Le sens profond de la Marseillaise, quoi qu'on dise, ce n'est pas d'aller casser la gueule aux bougnoules d'outre-Rhin et d'ailleurs.

Et pas sûr qu'une souris verte, même chantée sur l'air de la Marseillaise, remue autant les tripes ! - L'Internationale, je ne suis pas communiste, mais j'aime bien les lyrics...

Anonyme a dit…

@ Anonyme: merci beaucoup, c'est une super suggestion ; )
on devrait tous s'en saisir et mettre ensuite nos expériences et nos articles en commun...

mais tu crois vraiment sauver qu'on peut sauver le soldat Amin malgré lui?

Anonyme a dit…

Je crois bien que le Bougnoulosophe a lancé le mouvement...