Il est deux sortes d'Histoire, l'une officielle, légitime, assurée, établie et puis l'autre...
«...la contre-histoire qui naît avec le récit de la lutte des races (1), va parler du côté de l’ombre, à partir de cette ombre. Elle va être le discours de ceux qui n’ont pas la gloire, ou de ceux qui l’ont perdue et qui se trouvent maintenant, pour un temps peut-être, mais pour longtemps sans doute, dans l’obscurité et dans le silence. Ce qui fait que ce discours - à la différence du chant ininterrompu par lequel le pouvoir se perpétuait, se renforçait en montrant son antiquité et sa généalogie - va être une prise de parole irruptive, un appel : « Nous n’avons pas, derrière nous, de continuité ; nous n’avons pas, derrière nous, la grande et glorieuse généalogie où la loi et le pouvoir se montre dans leur force et leur éclat. Nous sortons de l’ombre, nous n’avions pas de droit, nous n’avions pas de gloire, et c’est précisément pour cela que nous prenons la parole et que nous commençons à dire notre histoire ». Cette prise de parole apparente ce type de discours non pas tellement à la recherche de la grande jurisprudence ininterrompue d’un pouvoir fondé depuis longtemps, mais à une sorte de rupture prophétique. Ce qui fait que ce nouveau discours va se rapprocher d’un certain nombre de formes épiques ou mythiques ou religieuses qui, au lieu de raconter la gloire sans taches sans éclipses du souverain, s’attachent au contraire, à dire, à formuler le malheur des ancêtres, les exils et les servitudes. Il va énumérer moins les victoires que les défaites sous lesquelles on se courbe pendant tout le temps où il faut encore attendre la terre promise et l’accomplissement des vieilles promesses qui rétabliront justement et les anciens droits et la gloire perdue… » (Michel Foucault)
«...la contre-histoire qui naît avec le récit de la lutte des races (1), va parler du côté de l’ombre, à partir de cette ombre. Elle va être le discours de ceux qui n’ont pas la gloire, ou de ceux qui l’ont perdue et qui se trouvent maintenant, pour un temps peut-être, mais pour longtemps sans doute, dans l’obscurité et dans le silence. Ce qui fait que ce discours - à la différence du chant ininterrompu par lequel le pouvoir se perpétuait, se renforçait en montrant son antiquité et sa généalogie - va être une prise de parole irruptive, un appel : « Nous n’avons pas, derrière nous, de continuité ; nous n’avons pas, derrière nous, la grande et glorieuse généalogie où la loi et le pouvoir se montre dans leur force et leur éclat. Nous sortons de l’ombre, nous n’avions pas de droit, nous n’avions pas de gloire, et c’est précisément pour cela que nous prenons la parole et que nous commençons à dire notre histoire ». Cette prise de parole apparente ce type de discours non pas tellement à la recherche de la grande jurisprudence ininterrompue d’un pouvoir fondé depuis longtemps, mais à une sorte de rupture prophétique. Ce qui fait que ce nouveau discours va se rapprocher d’un certain nombre de formes épiques ou mythiques ou religieuses qui, au lieu de raconter la gloire sans taches sans éclipses du souverain, s’attachent au contraire, à dire, à formuler le malheur des ancêtres, les exils et les servitudes. Il va énumérer moins les victoires que les défaites sous lesquelles on se courbe pendant tout le temps où il faut encore attendre la terre promise et l’accomplissement des vieilles promesses qui rétabliront justement et les anciens droits et la gloire perdue… » (Michel Foucault)
3 commentaires:
Bonjour,
Pour se faire une pleine idée de ce que pense Michel Foucault, abondamment cité ces derniers jours ici, il convient de lire aussi cet article d'Edward W. Said, publié en septembre 2000 dans le Monde Diplomatique :
www.monde-diplomatique.fr/2000/09/SAID/14217
On y trouve, les informations suivantes, rapportées par Said :
"A l’époque du séminaire parisien, Michel Foucault me raconta qu’il rentrait tout juste d’Iran, comme envoyé spécial du Corriere della Sera. « Très excitant, très étrange, fou. » je me rappelle l’avoir entendu parler ainsi des premiers jours de la République islamique. Peu après la parution de ses articles, il prit rapidement ses distances. Pour finir, au terme des années 80, Gilles Deleuze me confia que Foucault et lui, autrefois très proches, avaient rompu en raison de leurs divergences sur la Palestine, Foucault soutenant Israël, et Deleuze les Palestiniens. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’il n’ait pas voulu discuter du Proche-Orient avec moi, ou avec qui que ce fût !
Que faut-il en conclure ? Qu'il existe deux Michel Foucault, l'un disant une chose et l'autre son contraire ? Ce serait aller un peu vite, mais ce genre de raccourcis paranoïaque ne m'étonnerait pas de la part de certains, notamment parmi les cadres du Mouvemement des Indigènes de la République.
Foucault, quelqu’en soit son positionnement politique, notamment sur la Palestine, n’était pas dogmatique pour un sou, il conseillait de se servir de son « œuvre » comme d’une « boite à outil », ni plus ni moins, c’est du reste ce qu’en a fait Edward Saïd avec brio !
"Que faut-il en conclure ? Qu'il existe deux Michel Foucault, l'un disant une chose et l'autre son contraire ? Ce serait aller un peu vite, mais ce genre de raccourcis paranoïaque ne m'étonnerait pas de la part de certains, notamment parmi les cadres du Mouvemement des Indigènes de la République."
Il y a quelque chose à retenir de cette phrase?
Que faut-il en retenir? Il y a deux bla bla et ensuite ce serait aller un peu vite bla bla...
Est-ce que tu pourrais avoir la descence intellectuelle d'argumenter. Il faudrait que tu avances un argument ou un autre car à décharge tu avances toi même les arguments et les conclusions et puis tu dis ce serait aller un peu vite mais on ne sait pas pourquoi? Par principe? Ou parce que cette phrase "ce serait aller un peu vite" est très utilisée et tu la replaces de façon mécanique???
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