Je ne sais pas si les écrivains israéliens de gauche Amoz Oz, David Grossman et A.B. Yehoshua ont regardé la télévision pour voir le convoi funèbre des deux petites sœurs Haya et Lama Hamdan, mortes à Gaza dans un bombardement israélien. Il était poignant de les voir partir pour leur dernière demeure dans des cercueils portés sur les épaules de la foule, comme tant d'autres enfants palestiniens qui sont morts en emportant leur innocence. Face à de telles scènes quasi quotidiennes, je ne sais pas comment un écrivain comme David Grossman peut parler de la "douleur" collective israélienne causée par les "crimes" du Hamas, comme il l'a fait dans Ha'aretz. Je ne sais pas comment un grand romancier comme Amoz Oz, candidat au prix Nobel de littérature, peut pointer son index accusateur sur le Hamas et laver les soldats israéliens de tout soupçon, comme il l'a fait dans le Corriere della Sera. Et la même question se pose à propos de A.B. Yehoshua, qui a déclaré à La Stampa qu'Israël souhaitait rester le "voisin" des Palestiniens. On aura remarqué que les trois utilisent la première personne du pluriel et parlent de la guerre en disant "nous", comme s'ils représentaient la conscience israélienne.
Alors que les enfants palestiniens tombent comme des pétales de fleurs, le président israélien Shimon Pérès se fait filmer en train de badiner avec des enfants israéliens et leurs mères dans les abris antiaériens. Personne ne pourra rester insensible à cette image d'enfants pleins de vie, tels que devraient être tous les enfants, quelle que soit leur identité. Mais Pérès, dans son rôle de bon père, feint d'oublier que les enfants de Gaza se font assassiner et tremblent de peur, de froid et de faim. Il feint également d'oublier que ces enfants, leurs mères ou leurs pères ne sont pas le Hamas.
Je n'arrive plus à regarder ces scènes d'enfants fauchés comme du blé par les faux israéliennes. Et je suis loin d'être le seul dans ce cas. Les larmes, les soupirs et les effusions verbales ne servent à rien. Les enfants de Palestine sont encore et toujours les premières victimes. Il y a une photo d'Ariel Sharon qui me revient : on le voit affalé sur un canapé, caressant la tête d'un petit chien blanc, avec la tendresse du bourreau impitoyable. Je ne sais pas pourquoi je me souviens de cette image chaque fois qu'il y a un missile qui tombe sur un quartier, une maison ou une école palestiniens.
La plus belle déclaration faite par un intellectuel occidental revient à l'historien britannique John Burger. Il a dénoncé ouvertement et courageusement l'agression israélienne, en expliquant que le fait qu'il y a eu un mort israélien ne pouvait justifier l'assassinat de centaines de Palestiniens...
Abdo Wazen
Littérature, mort d'enfants et « équidistance »...
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