«L’effet Bradley», malédiction ou ontologie américaine ?

«L’effet Bradley» est la distorsion, si parlante en terme de psychologie des profondeurs, entre les sondages et le résultat réel d'une élection, lorsque l’un des candidats est noir et l’autre blanc… Effet qui pourrait provoquer bien des surprises !

Malédiction : « Autrefois, aux temps de la servitude, leur seul espoir était qu’un événement divin, marquerait la fin de tous leurs doutes et de toute leurs déceptions ; pendant deux siècles, le Noir américain a adoré aveuglement la liberté avec une foi que personne n’a jamais égalée. Dans chacune de ses pensées, dans le moindre de ses rêves, toutes les douleurs n’avaient qu’une seule cause, les préjugés qu’une seule racine, et les horreurs qu’un seul nom qui les résumait toutes : l’esclavage. »

Ontologie : « Le problème du XXe siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs - de la relation entre des races d’hommes plus sombres et des races d’hommes plus claires, en Asie, en Afrique, en Amérique et sur les Iles océaniques. »

Légitimité : « Votre pays ? Mais comment est-il devenu le vôtre ? Avant l’arrivée des Pèlerins nous étions là. C’est ici que nous avons déposé nos trois dons. Et que nous les avons mêlés aux vôtres : le don de l’histoire et du chant – d’une mélodie douce et troublante sur la terre de la cacophonie et de la dysharmonie ; le don de la sueur et des muscles pour faire reculer le désert, conquérir le sol et poser les fondations de ce vaste empire économique deux cents ans plus tôt que vos faibles mains auraient été capable de le faire, si elles avaient été seules ; et le troisième, le don de l’esprit. C’est autour de nous que l’histoire de cette terre c’est recentrée par trois fois en cent ans ; du cœur même de la nation, nous avons appelé tous le bon pour étrangler et soumettre le mal ; le feu et le sang, la prière et le sacrifice ont déferlé sur ce peuple, et ils n’ont trouvé la paix que devant les autels du Dieu de justice. Et le don de l’esprit ne s’est pas fait malgré nous. Nous nous sommes tissés nous même dans les mailles et la trame de cette nation – nous avons combattu dans leurs batailles, nous avons partagés leurs chagrins, nous avons mêlé notre sang au leur, et génération après génération, nous avons supplié un peuple obstiné et indifférent de ne pas mépriser la justice, la pitié et la vérité, pour que la nation ne soit pas frappé de malédiction. Cette nation a reçu, dans une fraternité de sang, notre chant, notre labeur, notre courage et nos avertissements. Est-ce que ces dons n’en valaient pas la peine ? N’avons-nous pas nous aussi travaillé et lutté ? Est-ce que l’Amérique aurait été l’Amérique sans son peuple noir ? » (W.E.B Du Bois)

Aucun commentaire: