De l’évidence de l’identité comme d’un piège…

Les identités qu’elles soient subies, créées, qu’elles soient des stigmates retournés et mis en avant, sont toujours des artefacts impériaux drapés d’illusion, de dogme, d’orgueil et de certitude !

« Nul aujourd’hui n’est seulement ceci ou cela. Indien, femme, musulman, américain, ces étiquettes ne sont que des points de départ. Accompagnons ne serait-ce qu’un instant la personne dans sa vie réelle et elles seront vite dépassées. L’impérialisme a aggloméré à l’échelle planétaire d’innombrables cultures et identités. Mais le pire et le plus paradoxal de ses cadeaux a été de laisser croire aux peuples qu’ils étaient seulement, essentiellement, exclusivement, des Blancs, des Noirs, des Occidentaux, des Orientaux. Comme ils font leur histoire, les êtres humains font aussi leurs cultures et leurs identités ethniques. Les continuités persistantes sont indéniables : longues traditions, habitats prolongés, langues nationales, géographies culturelles. Mais, il n’y a aucune raison, sauf la peur et le préjugé, de vouloir à toute force les maintenir séparées et distinctes, comme si c’était le fin mot de la vie humaine. En fait la survie dépend des liaisons entre les choses. Il est plus enrichissant – et difficile - de penser concrètement, chaleureusement, en contrepoint(*) aux « autres » qu’à nous seulement. Mais cela implique de ne pas chercher à dominer, étiqueter, hiérarchiser ces autres, et surtout d’arrêter de répéter que « notre » culture, « notre » pays sont les premiers. » (Edward Saïd) La fierté des origines - comment peut-on être fière d'un hasard ? - n'est qu'une maladie infantile, un passage parfois nécessaire, mais jamais suffisant... Oui, mais vers quoi ?

(*) Le contrepoint est une discipline d'écriture musicale qui a pour objet la superposition organisée de lignes mélodiques distinctes.


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