«L’air de l’enfer ne souffre pas les hymnes ! » (Rimbaud)
« Cette aptitude de la société à créer des dieux ne fut nulle part plus visible que pendant les premières années de la Révolution. À ce moment, en effet, sous l'influence de l'enthousiasme général, des choses purement laïques par nature furent transformées par l'opinion publique en choses sacrées : c'est la Patrie, la Liberté, la Raison »… Ce passage célèbre des « Formes élémentaires de la vie religieuse » de Durkheim n'est-ce vraiment que du passé ? Ou est-ce l’avenir d’une illusion ? Que nenni, ce n'est ni l'un ni l'autre ! Cette fabrique du sacré se réactualise à chaque fois que des Indigènes, enfants illégitimes, sifflent La Marseillaise, à chaque fois que se met en marche «le sinistre jeu circulaire de l'anathème et de la provocation » (Sayad)… Pêché, sacrilège, profanation… allumez bûchers, sachez chasser sorcières ! Mais où sont donc les défenseurs absolus du droit au blasphème ? Les briseurs de tabous toutes catégories ? Les Voltaire de poche à l’ironie aussi légère qu'incisive ? Recroquevillés dans leur identité de pacotille et ses « sales petits secrets » postcoloniaux, les voici tels qu'en eux-mêmes, «mimiles» d'élite, tout anti-indigène est un souchien !… L’humour gras et la posture arrogante d’un Philippe Val, champion de la liberté d'expression, gravissant les escaliers de Cannes, n’avaient été qu’une imposture grotesque, la vérité de cette apothéose fut qu’elle participait de la même « émotion commune », essence du religieux, que la création d’un ministère de l’identité nationale et de l’immigration… Le nez vissé sur leur nombril, voulaient-ils nous faire oublier, se faire oublier, que l’homme est un animal métaphysique, même quand sa métaphysique suinte la haine et l'exclusion? Ignorent-ils la dialectique de l’un et du multiple, qui fait que le profane des uns est le sacré des autres - combien de sifflets pour une caricature ? -, même quand cette altérité est, tour à tour, construite et désignée comme ennemie ? Dialectique, ici, où le sacré a investi de bien étranges objets (drapeau, hymne, ligne de partage…), qui a de bien étranges odeurs de racisme françaoui… Les voici tels qu’en eux mêmes, plus fétichistes et moins universels que les Papous, car en matière de sacré chacun trouve midi à sa porte, même quand la porte est close...Et les plus naïfs sont ceux qui s’en croient quittes, car quand on croit l’avoir chassé par la porte, voilà qu’il revient par la fenêtre sous une forme encore plus moisie... Finalement, « La Marseillaise » c’est un mantra, dont la magie, le mana n’a pas plus de force, de puissance qu’un «aboule la gnôle » lorsqu'on est sur le front... «Amour sacré de la Patrie…», darla dirladada… !
«Amour sacré de la Patrie…», darla dirladada… !
Publié par Le Bougnoulosophe à 10/15/2008
Libellés : POSTCOLONIE
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2 commentaires:
J'ai tout compris...Le texte explique simplement que ce qui est le plus souvent reproché aux jeunes beurs, que je n’aime ce mot, c’est de n’être pas intégrés, d’être trop sous l’influence de leur culture d’origine et notamment de l’Islam ; ceux qui font ce reproche oublient qu'eux aussi sont attachés à une forme de religion : le nationalisme ! Avec son diable et son bon dieu, ses tabous et ses totems, ses liturgies et ses prêtres... Et dans la religion de ces derniers le diable c’est précisément ces beurs ! Eh oui...
Y aurait-il de la censure sur ce blog ?
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