"Les damnés de cette terre, Afghans ou Pakistanais apparaissent brusquement dans les journaux, et partout on lit et on entend les déclarations souvent sensées et nuancées de tous ces musulmans à turban, qui jusqu’à présent étaient simplement objet de dédain et de mépris...." (Bourdieu)
Mais qu’allaient donc faire ces paras français en Afghanistan ? Qu'allait faire la France dans cette galère-là, où il n'y avait à prendre que des coups ? Le pré carré africain n’est-ce pas assez comme intrigue postcoloniale ? Les paroles s'envolent et les morts restent... Vassalité envers l’Empire ? Sans nul doute! N'aviez-vous pas voté pour le candidat incarnant l’amour de l’Amérique mis à la portée des caniches ... Et bien aujourd'hui les caniches, c'est vous ! « Il faut clarifier les objectifs de la coalition en Afghanistan », tu l’as dit bouffi… Clarifions, clarifions... Que voit-on derrière les fumées de l'opium du «nous n’avons pas le droit de perdre là-bas, de renoncer à défendre nos valeurs, de laisser les barbares triompher, car la défaite à l’autre bout du monde se paiera d’une défaite sur le territoire de la République française», derrière la bouffonnerie de la mission civilisatrice, et ses postures humanitaristes, sous les auspices de l’OTAN... ? Rien de bon. La complexité irréductible de la réalité, qui s'annonce comme débacle et bourbier pour l'OTAN... Car le choc des civilisations pour tout viatique, voilà l'assurance des flots de morts à venir. A bon entendeur ! Et qui va en payer le prix, devinez ? Il y a tout lieu de croire qu'on ne verra pas l'arrivée des body bags hexagonaux au 20 heures de TF1... On croit mourir pour la patrie et l'on meurt pour les frasques d'un clown cynique drapé dans la bannière étoilée... Que d’ennemis bon dieu ! Les Chinois, les Russes, les Mahométans urbi et orbi… Et pour seul allié un grand frère tutélaire et un peu crétin... Il va y avoir du sport pour les cents prochaines années au moins … Voici que dix piou-pious françaouis, « roses, pâles et mous», ont goûté aux forts fameuses frappes aériennes de l’OTAN... Justice immanente ? Qu'importe les croyances, l'arroseur est ainsi arrosé....Tournée générale de friendly fire, la mort qui vient du ciel pour tous, la démocratie reconnaîtra les siens...Vous avez trop vite oublié que pour une série d’Afghans le jour de leur mariage fut le jour le plus tragique de leur vie, à savoir celui de leur mort... La mariée, dans sa burqa, était-elle trop belle? Dommages collatéraux, frappes chirurgicales, guerre propre, goûtez vous aussi à l'ironie de l'euphémisme, car derrière les mots, il y a des choses et il y a même parfois des êtres humains, « des hommes d'une autre couleur que nous, ou dont le nez est un peu plus plat »... Savez-vous seulement que «l'usage excessif de la force aérienne et les morts civils sont la raison du succès par excellence du recrutement par les Talibans en Afghanistan» (Ahmed Rashid) ? Goûtez, enfin, à l'ironie de la phrase creuse : saoulerie de mots, oraisons funèbres, décoration à titre posthume, claquements de langue, trémolos appuyés, invocation de la postérité et discours aux asticots... Légèreté du discours et vanité de l'existence humaine, au paradis des paras morts pour la France y aura-t-il des houris ? Auquel cas, hourra les houris !
3 commentaires:
comme dirait l3ayachi: "Pet à leurs amês"!
Continuez à crever pour les valeurs universelles des alliés!
Je ne sais pas s'il y aura des houri - mot qui a d'ailleurs donné en Arabe, notamment, un très beau prénom qu'un Indigène, fût-il du Royaume, ne peut pas ignorer. Pour être sincère, je crois qu'il n'y aura pas de houri : l'intention de vaut pas la promesse. Il n'y aura rien d'autre qu'un pathétique discours maladroit de petit bonhomme, entouré de militaires qui gardent la tête haute, qui iront dans le mur la tête haute et qui, morts ou vifs, ne méritent aucune estime. Et puisque tu es, Bougnoulosophe, comme moi, un amateur de Serge Gainsbourg, dont le coeur bat un temps comme celui de Barenboïm et un temps comme de celui de Said, traître à sa "race", traitre à sa patrie comme auraient dû l'être ces farouches soldats, tu connais sans doute l'explication partielle mais sans doute assez véridique de cette pathétique histoire : "la nostalgie camarade"...
Il s'en passe des choses sous ton crâne / Rasé c'est plein de tristesse et de kif / Tu te vois encore en tenue léopard bourrée d'explosifs / Sauter de ton aéroplane
Ainsi, l'on ne me comptera, pas plus que toi, parmi les pleureurs.
Celui qui a tué nos 10 pioupious, c’est à l’évidence Sarkozy et une petite bande de généraux braillards, très courageux depuis leurs bureaux, qui ont voulu faire plaisir à la Maison Blanche et précipiter ce fameux choc des civilisations qu’ils désirent plus que tout.
Dix types qui s’étaient engagés pour servir la France et la liberté (version Paris Match), pour contribuer à la stabilisation dans un contexte post-crise (version Le Monde), pour agresser l’oumma musulmane (version radio taliban)… En fait, tout simplement, des jeunes gens ordinaires, qui ne savaient probablement pas quoi faire de leur vie, qui n’avaient pas trop d’argent, qui voulaient voyager et qui étaient fiers comme Artaban qu’on leur donne un beau fusil rien que pour eux. On leur bourre le mou dans l’avion qui les amène, en gueulant un bon coup « liberté » et « barbarie » avec des claquements de talonnettes, et hop, débrouillez-vous dans l’Hindou-Kouch pendant que vos supérieurs boivent des cafés et causent aux journalistes dans les préfabriqués climatisés de la base.
Texte complet et illustrations sur www.oppressoir.net
Enregistrer un commentaire