Léopold 2.0, video game...

Spéciale dédicace à Karel De Gucht, dont la devise est : « docile envers ses maîtres et hargneux envers les damnés de la terre... » ; concernant le Congo, on lui doit cette phrase d'anthologie :« Tout ce qui fonctionne à Kinshasa date du temps du colonialisme » !

Inspirateurs et protagonistes : Godefroi de Bouillon (croisé), Louis IX (roi), Jules César et Napoléon Bonaparte (envahisseurs), Adolf Hitler et Hernan Cortes (liquidateurs), Jean- Marie Habig et Albert Schweitzer (docteurs en médecine), Jean Schramme (planteur), Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d'Arabie (agent des services secrets), Baden-Powell (chef de troupe), James Cook (captain), Pierre Ryckmans (résident), Ferdinand, vicomte de Lesseps (diplomate), Diego Caô (amiral), Thierry Sabine (manageur), Indiana Jones (personnage), Bob Denard (bretteur), Milou (chien), Thor Heyerdhal (batelier), Jozef De Veuster (père), Lyautey (maréchal), Tarzan (baronnet), Lavigerie (cardinal), William Frederick Cody alias Buffalo Bill (éradicateur), Henry Morton Stanley et Tintin (grands reporters), Ignace de Loyola (missionnaire), Karol Wojtyla (apôtre), Edmond Thieffry (aviateur), Simon Bolivar (général) et Ian Smith (fermier), Térésa (mère) et :

Léopold 2.1, enfilant des gants de chirurgien, faisant le signe de la croix, rabattant la visière de son casque virtuel, saluant son public, défiant ses adversaires, agrippant les commandes de son engin, s’immergeant totalement dans l’action, répondant à l'appel de l'aventure, découvrant l’embouchure du fleuve Congo, engageant des soldats, des guides et des porteurs, installant des postes et fondant des stations, remontant le Lubudi, la Lufira, la Lofoi, la Luvua-Luapala, la Lukuga, l’Elila, l’Ulindi, la Lowa, la Lindi, la Lomami, l’Aruwimi, l’Itimbiri, la Mongala, la Lulonga, le Ruki, l’Ubangi et le Kasaï, faisant alliance avec Ngongo Lutete et le fusillant, allumant des feux de brousse dans la savane du Sankuru, ouvrant des sentiers à la machette, passant une rivière à gué, arrivant au pied d’une chute, pénétrant les régions minières du Katanga, abattant M’Siri à coups de revolver, attaquant Nyangwe, se plaignant de migraines et d’insomnie, lançant des moustiques et des abeilles à l’assaut des camps adverses, ordonnant des expéditions punitives, réprimant des révoltes, effectuant des rafles, investissant de nouveaux chefs, imposant des traités, s’emparant des terres ancestrales, ouvrant de nouveaux territoires au commerce et à l’industrie, installant des comptoirs et des colons, baptisant, bénissant, sermonnant, vaccinant, enrôlant, recrutant, déplaçant, déportant dans les camps de travailleurs des plantations (café, coton, hévéa, thé, canne à sucre, palmistes, copal), des missions (Scheutistes, Jésuites, Pères Blancs) et des sociétés minières (cuivre, or, diamant cobalt, étain, cassitérite, minerai de zinc), prohibant les danses lascives, boutant le feu au balai des guérisseuses accusées de commerce avec le Diable, obligeant les bossus à confesser leurs péchés, surmontant de multiples épreuves, sautant d’arbre en arbre, dénonçant les horreurs de la traite, coupant les mains des réfractaires, chicotant les cadavres, protégeant les poissons aveugles des grottes de Thijsville et les singes anthropoïdes et frugivores des montagnes du Kivu, éduquant par le travail et le catéchisme obligatoires, collectionnant les insectes et les papillons, hésitant à faire partager à une compagne européenne les rigueurs du climat tropical, se risquant à embaucher une ménagère, offrant une prime pour tout renseignement amenant la découverte d’une proie intéressante, ordonnant à ses pisteurs de grimper sur une termitière, buvant une dernière gorgée de whisky pour se donner du courage, tirant les gibiers les plus recherchés, rechargeant son arme, s’essuyant le front, se martelant la poitrine, construisant le Cinquantenaire et le Musée de Tervuren, donnant son nom à une gare de chemin de fer, souffrant d’un cancer de la prostate en phase terminale, attaquant le soleil avec un lance-pierres, calmant ses douleurs en fumant du bangui, abandonnant ses bâtards, cédant le Congo à la Belgique….
Léopold 2.2 mesurant les crânes et les mentons, le pénis des jeunes gens et le clitoris des jeunes filles, disséquant les coutumes, traquant les métissages et les malformations congénitales, ligaturant, lobotomisant, vasectomisant, émasculant, taylorisant, rendant compétitif, délivrant des cartes de visite prophylactique, ne disant bonjour à personne, fouillant les malles métalliques à la recherche d’un smoking et d’une bouteille de whisky, passant la nuit à la mission catholique de Dinga ou à la mission protestante de Boko, jetant quelques feuilles de citronnelle dans un feu ouvert pour chasser les moustiques, portant le capitula et la chemise canadienne à quatre poches, coiffant le casque colonial de 10 à 17 heures, dévalant les pentes escarpées de la montagne, contrôlant ses glissades, sautant au fond d’un puits, rebondissant, propageant la culture du coton, augmentant les surfaces à exploiter et à baptiser, imposant des travaux obligatoires à tous les Hommes Adultes Valides, diminuant les taux de morbidité et de mortalité de la main d’oeuvre pour réduire le coût des recrutements forcés, n’oubliant pas de se laver les mains après avoir eu des contacts avec les autochtones, blindant son capital, musclant ses investissements, assainissant ses plantations avec le brouillard insecticide Tifa, récupérant son épée magique, s’enduisant le corps d’huile de karité pour se protéger des balles ennemies, transformant les microbes en virus, grignotant des arachides grillées à l’heure de l’apéritif, s’obligeant à faire une sieste chaque après-midi à partir de 13 heures, empruntant un sentier conduisant aux rapides de Kinsuka, visitant le parc Albert et les jardins du frère Gillet, absorbant quotidiennement 35 à 40 centigrammes de quinine, traitant ses furoncles au mercurochrome, jetant un comprimé de permanganate dans son bain, instituant un prix de propreté et de bonne tenue pour les familles chrétiennes méritantes, mettant des jardins potagers à la disposition des ouvriers pour les détourner de la consommation du lotoko, agitant un trousseau de clefs, réveillant des oeufs endormis depuis plus de mille ans, important des camions Dodge, des balances Berkel, des frigos et des radios Philco, des groupes électrogènes Winpower, des pompes Stork, des motocyclettes Cushman, des lampes à pression Coleman et des manchons de rechange pour lampes Aladin, des moteurs hors-bord Scott ou Archimedes, des pneus Dunlop, du whisky écossais, du jambon de Parme, des bouteilles de vieux bordeaux, du fromage de Hollande, des friteuses et des yoghourtières, des jeux de carte et des scrabbles, des raquettes de tennis et des clubs de golf, passant au travers de cercles imaginaires, affrétant un avion-taxi, livrant de sanglants combats, opérant derrières les lignes ennemies, s’engageant sur la passerelle de bois qui enjambe le lit chaotique d’un torrent, empruntant le sentier de gauche jusqu’à un petit tas de pierres servant de balise, se plaignant de migraines et d’insomnie, demandant à son confesseur d’enlever les grillons qui lui gazouillent dans les oreilles, souffrant d’un cancer de la prostate en phase terminale, assassinant Lumumba, ouvrant une bonbonne de gaz et menaçant de faire sauter l’immeuble, prenant la fuite, longeant la voie ferrée, s’engageant sur une piste d’intérêt local, se réfugiant à Brazzaville, attendant l’arrivée des paras belges, déféquant dans son froc ...

A SUIVRE in
Didier DE LANNOY

Aucun commentaire: