Une question subsiste : un belge de souche est-il extradable (légalement ou non) ou bien n'est-ce là qu'un privilège de belge "de papier"?
Le verdict est finalement tombé, après de longues semaines d’attente : acquittement ! Les sept prévenus du procès DHKP-C sont libres ! Outre un soulagement immense (je pense à ces sept personnes et à l’infamie qu’elle ont subie pendant plus de deux ans), c’est là un gigantesque retournement de situation — on s’attendait au pire —, un fait politique majeur, et puis surtout une énorme victoire pour les libertés publiques sérieusement mises à mal en ces temps de « lutte contre le terrorisme ». Oui, traduire un communiqué du turc vers le français n’est pas (encore) un acte criminel.
Contre les pressions politiques évidentes, en dépit de la manipulation de l’information dont le procureur était devenu familier, malgré la manière honteuse dont certains médias (notamment en Flandre) ont couvert l’affaire, relayant les plus basses calomnies de l’accusation et tenant les accusés pour coupables avant que le verdict soit rendu, malgré l’indolence coupable d’un « grand public » parfaitement indifférent à ce que soit condamné en son nom des innocents, la cour d’appel d’Anvers vient de prouver une chose qui paraît presque étonnante mais qui est pourtant fondamentale : il y a toujours une indépendance de la justice dans ce pays.
Il va maintenant falloir tirer quelques conséquences de ce verdict. Car si les prévenus sont désormais lavés des accusations qui pesaient sur eux, ils n’en ont pas moins, durant ces deux dernières années, fait l’objet d’un traitement, de la part des autorités publiques et des médias, qui ne doit pas rester sans suite.
— Torture blanche. Enfermés à la prison de Bruges, une partie des condamnés du procès en première instance ont été soumis à une pratique de « torture blanche », dénoncée à maintes reprises par les organisations de défense des droits de l’homme : privation de sommeil, mise au secret, vexations diverses,... Ces faits inacceptables ont fait l’objet de plusieurs recours devant les juridictions compétentes, qui ont chaque fois demandé que soit mis fin à ces traitements inhumains. L’administration pénitentiaire — couverte, semble-t-il, par la ministre Onkelinx, n’en a eu cure...
— Procès manipulé. Les procès de Bruges et de Gand n’ont pas été impartiaux. Ce n’est pas moi qui le dit, mais la cour de cassation. L’impartialité des magistrats y a été gravement mise en défaut. Cela a eu de graves conséquences, notamment en envoyant des innoncents derrière les barreaux pendant de longs mois.
— Extradition illégale. Les faits sont établis. La Belgique a organisé, de façon totalement illégale, l’extradition de Bahar Kimyongür vers la Turquie via les Pays-Bas. Ce plan n’a échoué que grâce à l’intégrité du juge hollandais chargé de statuer sur son extradition.
— Omerta médiatique. Les médias qui ont couvert correctement l’affaire se comptent sur les doigts de la main (parmi ceux-ci il faut notamment remercier Le Soir et son journaliste Marc Metdepenningen dont le travail a été rigoureux ; mais aussi Pan ou Le Journal du Mardi). La plus grand partie des médias ont purement et simplement passé l’affaire sous silence. Je ne sais pas comment cela est possible. Il faudra se poser quelques questions à ce sujet.
Bref, si certains rouages démocratiques ont fonctionné (en plus des juges anversois, on peut aussi pointer la cour de Cassation ou l’action du sénateur Josy Dubié), d’autres ont gravement failli.
Il est essentiel de tirer, sans tarder, quelques conclusions de cette affaire.
— La moindre des choses est que des dommages et intérêts conséquents soient versés aux inculpés pour les traitements dont il ont fait l’objet, leur permettre de payer les frais immenses, leur donner la possibilité de reprendre un nouveau départ dans la vie (en commençant, je le leur souhaite, par prendre de longues vacances).
— Du côté des médias, un minimum de décence serait qu’il fassent un brin d’autocritique, expliquent comment ils en sont venus à occulter une des plus importantes affaires de l’histoire judiciaire de Belgique, donnent enfin au grand public les moyens de comprendre facilement tout ce qui s’est passé.
— Vu la gravité des faits, la démission des principaux responsables politiques impliqués s’impose, à mon avis. Je pense en particulier que c’est la moindre des choses concernant M. Dewael et à Mme Onkelinx, organisateurs de l’extradition illégale de Kimyongür. L’un et l’autre ont à répondre de ces faits devant la justice — et si celle-ci fait correctement son boulot, ceci devrait les occuper pour les mois à venir.
— Enfin et surtout, la législation anti-terroriste doit être profondément revue, pour garantir le respect des libertés fondamentales — notamment en supprimant le délit d’association instauré par cette législation. Les listes d’organisations terroristes doivent également cesser d’être utilisables devant le justice (dans la mesure où cela représente une confusion entre l’exécutif et le judiciaire).
Contre les pressions politiques évidentes, en dépit de la manipulation de l’information dont le procureur était devenu familier, malgré la manière honteuse dont certains médias (notamment en Flandre) ont couvert l’affaire, relayant les plus basses calomnies de l’accusation et tenant les accusés pour coupables avant que le verdict soit rendu, malgré l’indolence coupable d’un « grand public » parfaitement indifférent à ce que soit condamné en son nom des innocents, la cour d’appel d’Anvers vient de prouver une chose qui paraît presque étonnante mais qui est pourtant fondamentale : il y a toujours une indépendance de la justice dans ce pays.
Il va maintenant falloir tirer quelques conséquences de ce verdict. Car si les prévenus sont désormais lavés des accusations qui pesaient sur eux, ils n’en ont pas moins, durant ces deux dernières années, fait l’objet d’un traitement, de la part des autorités publiques et des médias, qui ne doit pas rester sans suite.
— Torture blanche. Enfermés à la prison de Bruges, une partie des condamnés du procès en première instance ont été soumis à une pratique de « torture blanche », dénoncée à maintes reprises par les organisations de défense des droits de l’homme : privation de sommeil, mise au secret, vexations diverses,... Ces faits inacceptables ont fait l’objet de plusieurs recours devant les juridictions compétentes, qui ont chaque fois demandé que soit mis fin à ces traitements inhumains. L’administration pénitentiaire — couverte, semble-t-il, par la ministre Onkelinx, n’en a eu cure...
— Procès manipulé. Les procès de Bruges et de Gand n’ont pas été impartiaux. Ce n’est pas moi qui le dit, mais la cour de cassation. L’impartialité des magistrats y a été gravement mise en défaut. Cela a eu de graves conséquences, notamment en envoyant des innoncents derrière les barreaux pendant de longs mois.
— Extradition illégale. Les faits sont établis. La Belgique a organisé, de façon totalement illégale, l’extradition de Bahar Kimyongür vers la Turquie via les Pays-Bas. Ce plan n’a échoué que grâce à l’intégrité du juge hollandais chargé de statuer sur son extradition.
— Omerta médiatique. Les médias qui ont couvert correctement l’affaire se comptent sur les doigts de la main (parmi ceux-ci il faut notamment remercier Le Soir et son journaliste Marc Metdepenningen dont le travail a été rigoureux ; mais aussi Pan ou Le Journal du Mardi). La plus grand partie des médias ont purement et simplement passé l’affaire sous silence. Je ne sais pas comment cela est possible. Il faudra se poser quelques questions à ce sujet.
Bref, si certains rouages démocratiques ont fonctionné (en plus des juges anversois, on peut aussi pointer la cour de Cassation ou l’action du sénateur Josy Dubié), d’autres ont gravement failli.
Il est essentiel de tirer, sans tarder, quelques conclusions de cette affaire.
— La moindre des choses est que des dommages et intérêts conséquents soient versés aux inculpés pour les traitements dont il ont fait l’objet, leur permettre de payer les frais immenses, leur donner la possibilité de reprendre un nouveau départ dans la vie (en commençant, je le leur souhaite, par prendre de longues vacances).
— Du côté des médias, un minimum de décence serait qu’il fassent un brin d’autocritique, expliquent comment ils en sont venus à occulter une des plus importantes affaires de l’histoire judiciaire de Belgique, donnent enfin au grand public les moyens de comprendre facilement tout ce qui s’est passé.
— Vu la gravité des faits, la démission des principaux responsables politiques impliqués s’impose, à mon avis. Je pense en particulier que c’est la moindre des choses concernant M. Dewael et à Mme Onkelinx, organisateurs de l’extradition illégale de Kimyongür. L’un et l’autre ont à répondre de ces faits devant la justice — et si celle-ci fait correctement son boulot, ceci devrait les occuper pour les mois à venir.
— Enfin et surtout, la législation anti-terroriste doit être profondément revue, pour garantir le respect des libertés fondamentales — notamment en supprimant le délit d’association instauré par cette législation. Les listes d’organisations terroristes doivent également cesser d’être utilisables devant le justice (dans la mesure où cela représente une confusion entre l’exécutif et le judiciaire).
1 commentaire:
Et Abou Jahjah, c'est pour quand?
Surtout après la condamnation d'un commissaire à Anvers pour racisme. Et aussi le fait que le chef de la police à nier toute implication d'abou jahjah dans les évenements qui se sont produits. Malgré ça, il ne l'on pas raté.
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