Le communiqué de non revendication

Cela fait longtemps qu'on a pu remarquer que la figure de Ben Laden s'apparente au Goldstein de 1984, tandis que les JT du Soir ressemble de plus en plus aux "Deux Minutes de la Haine" du même ouvrage, cette prière du soir de l'homme postmoderne qu'est le 20 heure a tout à la fois l'apparence d'une "hideuse extase" et la fonction de "stupidité protectrice" bien décrites par l'anarchiste tory. Pour ce qui est du rôle principal, à savoir big brothers lui-même, ça se bouscule au portillon... Mais là où l'on navigue dans le dystopique le plus grand guignolesque, c'est lorsqu'on recourt à l'invention du communique de non revendication...

Il y avait eu un précédent lors des attentats de Madrid en 2004... Le mouvement terroriste "Al Qaïda" vient de publier deux communiqués de non revendication, l'un pour l'assassinat Benazir Bhutto (malheureusement béhachélisée), l'autre pour le meurtre des 4 français dans ce territoire hospitalier qu'est la Mauritanie , pour la Belgique, la "mouvance" attend qu'il y ait le début d'un commencement... On connaissait l'acte de revendication par voie de presse, on devra s'habituer aux messages de non revendication à présent du genre " le IDR n'a rien à voir avec le 11 septembre malgré le fait qu'il puisse représenter la branche humoristique d'Al Qaida sur le ouèbe" (note blanche des RG avant dissolution du 4 avril 2007). Plus sérieusement au IDR, on doute depuis longtemps de la "véracité" du mouvement Al Qaida à l'instar du chef du service politique de RFI Richard Labévière qui déclarait lors d'un colloque:" Pour moi, Al Qaida n'existe pas , Al Qaida a cessé d'exister le 12 septembre 2001 pour devenir une idéologie, une référence symbolique dont la structure se rapproche d'un concept, le rhizome, mis à jour par le philosophe Gilles Deleuze. Le rhizome peut prendre des formes extrêmement diverses. Ces formes s'agencent selon des principes de connexion et d'hétérogénéité. A la différence des arbres ou de leurs racines, le rhizome connecte un point quelconque avec un autre point quelconque. Il n'est pas fait d'unités mais de directions mouvantes. Il n'a pas de commencement ni de fin. " Médiologiquement, la télévision a participé à l’édification du mythe d’Al-Qaida. En tant que relais idéologique, elle a fortement contribué à créer l’événement. Les nombreux messages d’Oussama Ben Laden (et, par la suite, de son fidèle prosélyte égyptien Ayman al-Zawahiri) enregistrés sur une bande vidéo de façon toujours décalée sur l’événement ont ensuite alimenté la rumeur. Ne faisant découvrir qu’un décor tellement incertain qu’il en devient irréel – une colline, une toile de tente –, ces films d’amateurs ont rapidement été remplacés par de simples bandes audio qui laissaient imaginer un autre visage. Les traits connus de son visage, émacié, souligné d’une longue barbe grise, coiffé d’un turban, son regard intense et le vague sourire absent que dessinent parfois ses lèvres, répondent, trop parfaitement peut-être, aux clichés que nourrit l’Occident à propos du mysticisme musulman. Nom commun devenu nom propre, « Al-Qaida » apparaît comme un signe, une stimulation pavlovienne, un sigle aux consonances exotiques, mais facilement prononçables et mémorisables pour un Occidental. Oussama Ben Laden reflète, quant à lui, l' image du Mal et du fanatisme, laissant libre cours à l’imagination de par son caractère instable et liquide. Pour Richard Labévière, le mouvement d'Oussama Ben Laden, est aujourd'hui un " label ", un " référentiel ", une " marque de fabrique ", "un système franchisé" dont la plupart des groupes intégristes islamistes terroristes pourraient se réclamer par leurs méthodes d'action, leurs cibles ou leur " idéologie ". Quid du merchandising ? Au IDR, on considère juste que les tenants de "la base" ne font qu'appliquer les recettes les plus efficaces du management capitaliste : là où mai 68 finit Al Qaida commence... Tant ce spectre semble être sous les auspices du nouvel esprit du capitalisme, "le capitalisme 3.0", cher à Boltanski !

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