Sainte Caroline, vestale de l'Eglise de l'Islamophobie


« Caroline Fourest a fondé la revue Prochoix avec Fiammetta Venner en 1997. L’objet de cette publication au tirage confidentiel est la protection de la laïcité, des droits des femmes et des homosexuels. Les deux femmes ont écrit un ouvrage en 1998, Le Guide des sponsors du FN. Les deux amies connaîtront un nouveau succès d’estime avec Les Anti-Pacs ou la dernière croisade homophobe en 1999. L’année suivante, viendra un nouveau livre sur les liens entre les chrétiens intégristes et George Bush. En 2003, c’est Tirs croisés : La laïcité à l’épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman qui conclut que l’intégrisme musulman est le plus virulent des trois. Caroline écrit notamment que « Si l’islam n’a pas le monopole de la violence, il est le seul à bénéficier d’un stock de bombes humaines ». À cette occasion, la jeune femme va passer du statut de jeune militante dont on salue le travail, à celui de véritable star médiatique. Deux raisons expliquent ce changement de statut. La première, c’est que Caroline Fourest « dénote » dans le paysage. Femme, jeune, excellente débatteuse ayant une grande force de conviction et une véritable pugnacité, elle fait merveille dans les débats télévisés. L’autre raison, plus importante encore, c’est qu’elle va peu à peu abandonner le combat contre les intégristes chrétiens pour celui infiniment plus porteur médiatiquement contre l’islamisme. Elle va devenir une sorte de pasionaria de la lutte contre l’islamisme, celui-ci faisant peser selon elle une menace existentielle sur nos libertés. Un combat qu’elle mène bien sûr au nom de la laïcité, de la défense des droits des femmes et des minorités sexuelles. Au même moment, elle va également enfourcher un autre combat consensuel : la lutte contre l’antisémitisme, les juifs et Israël étant eux aussi menacés par l’islamisme. (…)

 La grande force de Caroline Fourest est d’enfourcher des chevaux de bataille largement majoritaires dans l’opinion et plus encore parmi les élites médiatiques. Qui oserait se déclarer contre la laïcité, contre l’égalité entre hommes et femmes, pour la répression des minorités sexuelles ou en faveur de l’antisémitisme ? Ce qui pose problème, ce n’est pas ce que Caroline Fourest défend, c’est la façon dont elle le fait. Régulièrement, elle attribue à ses adversaires des positions, sans doute critiquables mais qui ne sont pas les leurs, ou des faits répréhensibles… inexistants. Sa carrière a été boostée grâce au livre qu’elle a consacré à Tariq Ramadan : Frère Tariq, publié en 2004. Sa thèse centrale est que Tariq Ramadan tient un double discours. Ouvert et tolérant en public, il est communautariste et anti-laïc dans ses cassettes ou discours tenus dans les mosquées. (…) En s’attaquant à « frère Tariq », Caroline Fourest sait pertinemment qu’elle va s’attirer les bonnes grâces d’une partie des élites politico-médiatiques, et notamment celles de Bernard-Henri Lévy, premier pourfendeur de Ramadan. (…)

 Ce livre qui a véritablement lancé sa carrière médiatique est truffé d’erreurs, de raccourcis et de… contrevérités. (…) Caroline Fourest affirme que le prénom du Genevois fait écho au nom de Tariq Ibn Zyad, premier conquérant musulman à avoir foulé la terre chrétienne. Elle note : « Peut-on croire sérieusement que ses parents ont choisi le prénom de leur fils par hasard ? Cela paraît peu probable quand on sait à quel point le chemin de chaque pan de cette famille est tracé d’avance. » Un raisonnement imparable ! Dis-moi quel est ton prénom, je te dirai quel est ton projet politique. Plus loin, elle remarque que Tariq Ramadan a épousé une catholique qui s’est par la suite convertie à l’islam. Ni une ni deux, sainte Caroline explique à ses lecteurs : « En islam les hommes sont encouragés à répandre la foi en prenant pour épouses des femmes issues des deux autres confessions monothéistes. »(…)

 Dans la revue L’Essentiel des relations internationales de septembre 2006, interviewée par Frédéric Encel, elle prétend être l’une des rares, si ce n’est la seule, à s’être occupée sérieusement des Frères musulmans, dans la mesure où, écrit-elle, « très peu de chercheurs, hormis des spécialistes de l’islam souvent fascinés par ce mouvement, ont pris le temps d’expliquer au grand public à quel point cette école de pensée est à l’origine de la radicalisation et de la politisation de l’islam dans sa version intégriste et totalitaire ».Pour Caroline Fourest, les spécialistes de l’islam sont prisonniers de leur objet d’étude. Heureusement qu’elle est là, elle, pour étudier le sujet sérieusement ! Il me semble plutôt que Caroline Fourest n’est pas à l’aise avec une certaine rigueur universitaire et préfère critiquer ceux qui s’y tiennent. Pour mieux les disqualifier. (…)

 Parfois, Caroline se lâche encore davantage. Ainsi, dans une tribune intitulée « War on Arabia » publiée dans le Wall Street Journal du 2 février 2005, elle s’alarmait de l’incapacité des immigrants arabes à s’intégrer. Pour elle, il y avait là une menace pour les démocraties occidentales car, non intégrés, les immigrés pouvaient être tentés de rejoindre des cellules de terroristes islamistes. Elle réserve ce type de diatribe à la presse étrangère car en France, Caroline Fourest veut laisser croire qu’elle combat tous les extrémismes. Mais selon les méthodes du pâté de cheval et d’alouette, avec l’islam dans le rôle de cheval, la portion congrue de l’alouette étant réservée aux autres...» (Pascal Boniface, Les intellectuels faussaires : Le triomphe médiatique des experts en mensonge)

1 commentaire:

Cyril a dit…

Caroline Fourest ou le combat pour le monopole de la parole raciste en France.

Le discours raciste comme enjeu de lutte, quel beau programme!