Il se déroule aujourd'hui (dimanche 7 juin) des élections régionales qui pourraient être déterminantes pour l'avenir de la Belgique ; pays en proie depuis les législatives de juin 2007 à une crise institutionnelle opposant Flamands et francophones. Ou en tous cas leur classe politique respective.
A l'issue de ce scrutin, les négociations sur une nouvelle décentralisation de l'Etat belge que réclame la Flandre (nord) devraient être relancées par les partis des deux grandes communautés, après deux ans de piétinement.
Concrètement, les électeurs belges sont appelés à renouveler les assemblées de leurs six "entités fédérées".
Les trois Régions - Flandre, Wallonie et Bruxelles-Capitale - ont des pouvoirs en matière notamment d'aménagement du territoire, de logement, d'environnement ou d'économie et en partagent d'autres comme l'emploi avec le gouvernement fédéral. Les assemblées des trois Communautés linguistiques - néerlandaise, française et germanophone - s'occupent elles des questions culturelles, sportives et scolaires.
Ce système complexe, que peu de Belges maîtrisent vraiment, issu de décennies d'affrontements communautaires dénoués par des compromis, le plus souvent tortueux, a fait du royaume de Belgique, autrefois unitaire, progressivement un Etat fédéral à partir des années 1970. Voire même confédéral à l'avenir...
Pourtant, le statu quo est remis en cause par les 6,2 millions de Flamands néerlandophones., formant 60% de la population, et plus riches que leurs concitoyens d'expression française, et qui veulent encore plus d'autonomie.
La Flandre juge trop lourds les transferts financiers qu'elle consent au profit de la Wallonie et de Bruxelles, à la traîne sur le plan économique.
Elle réclame donc une souveraineté accrue en matière fiscale et sociale, ce à quoi renâclent les francophones, l'autre grand contentieux étant le statut de la minorité francophone en banlieue flamande de Bruxelles.
Le blocage a radicalisé l'opinion publique flamande, poussant les grands partis des deux côtés de la frontière linguistique à temporiser et à repousser les discussions sérieuses après ces élections régionales.
La crise économique, avec les menaces sur les usines automobiles en Flandre et sur la banque flamande KBC, a par ailleurs contribué à calmer, au moins temporairement, les revendications identitaires.
Selon les sondages, les trois grands partis traditionnels flamands, - CDV (chrétiens-démocrates) , VLD (libéraux) et SPA (socialistes) - qui forment la coalition au pouvoir en Flandre et sont les plus modérés dans leurs revendications autonomistes, garderaient encore la majorité.
Mais les trois formations les plus dures, le Vlams Belang (extrême droite), la NVA (droite nationaliste) et la Liste Dedecker (populiste et confédéraliste) recueilleraient au moins un tiers des suffrages. Ce qui leur donne un sérieux pouvoir de nuisance...
Côté francophone, les sondages prédisent une percée des écologistes (Ecolo), autour de 20%, qui les placerait en position d'arbitre aux dépens des centristes du CDH.
Le PS, longtemps dominant, a souffert d'une série de scandales politico-financiers et les libéraux du MR espèrent le devancer, ce qui pourrait leur permettre de participer enfin au pouvoir régional.
La Wallonie était dirigée par un duo PS/CDH et Bruxelles par le trio PS/CDH/Ecolo. On comprend mieux pourquoi le chanteur Arno a pu chanter, la vie c'est une partouze...
Une certitude: les trois régions seront au sortir des élections encore dirigées par des coalitions dont l'équilibre sera plus instable que d'ordinaire. Et ce n'est pas peu dire...
Aussi la Belgique risque-t-elle d'entrer dans une nouvelle période agitée. Il y a tout lieu de croire que le gouvernement fédéral, coalition de cinq partis - deux flamands, CDV et VLD, et trois francophones, PS, MR et CDH- et la Belgique à papa, elle même, ne se survivent pas... Ce qui fait dire à certains que la Belgique n'exerce plus que la magie de sa disparition !
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