« Observez exhaustivement la situation palestinienne aujourd’hui, ce que l’on voit défie tout bonnement quiconque de la représenter de manière adéquate. On voit une nation de plus de cinq millions de gens éparpillés dans diverses juridictions, sans nationalité officielle, sans souveraineté, sans drapeau, sans passeport, sans autodétermination et sans liberté politique. Pourtant on perçoit toujours leurs ennemis comme ayant droit de les maintenir dans cet état et de recevoir de la puissance dominante actuelle, la plus grosse somme d’aide étrangère dans le cadre du programme d’aide le plus considérable de l’histoire.
La Palestine en attendant Godot…
Des mot comme « démocratique » et « occidental » flottent autour d’Israël alors même que 750.000 Palestiniens qui sont citoyens israéliens représentent un peu moins de 20% de la population et sont traités comme une minorité de dernière catégorie appelée les « non-juifs », étant frappés d’une interdiction légale d’acheter, de sous-louer une terre « administrée par fidéiscommis aux juifs », largement sous-représentés à la Knesset, ne touchant que 1% du budget éducationnel, privés du droit de retour, et de tout droit réservé exclusivement aux juifs.
Depuis 1967, Israël occupe militairement la Cisjordanie et Gaza, zones qui regroupent presque deux millions de Palestiniens. Depuis le début de l’Intifada, fin 1987, bien plus de 110 Palestiniens non armés ont été tués par des troupes israéliennes, proportionnellement deux fois plus que leur semblables sud-africains dans les pires moments de l’Apartheid ; des couvre-feux de vingt-quatre heures sur l’ensemble des territoires sont en vigueur, plus de 120000 arbres ont été déracinés, les écoles et universités ont été fermés pendant des années et des années, et une université, Bir Zeit, est resté fermé pendant quatre ans, des milliers d’hectares ont été expropriés, des villages entiers réduits au dénuement le plus complet, plus de 150 colonies établies, et environ 80000 colons juifs introduits dans des centres au cœur de la population arabe, où la loi les autorisent à être armés et à tuer et à tabasser des Arabes en toute impunité.
Tout cela malgré de multiples résolutions de l’ONU, malheureusement inappliquées ; au moins 300 dirigeants palestiniens ont été expulsés, au mépris des conventions de Genève et de La Haye ; des centaines de livres ont été interdits, le mot Palestine ainsi que les couleurs du drapeau palestinien sont prohibés, et ceux qui les utilisent pour décorer un gâteau ou peindre sont emprisonnés, une fiscalité dissuasive est imposée à toute la population palestinienne, et naturellement aucune forme de protestation ou de recours n’est autorisée.
Quant à l’économie et aux ressources naturelles, comme l’eau, elles sont manipulées et exploitées par Israël sans le moindre souci de partage et d’équité… » (Edward Saïd, Réflexions sur l’exil et autres essais)
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