Quand la République française pratique le mariage forcé...

«L'Etat, c'est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : moi l'Etat, je suis le peuple » (Nietzsche)

Ce lundi, en toute discrétion, la cour d'appel de Douai a remarié de fait les deux époux qui avaient obtenu en première instance à Lille l'annulation de leur union, causée par le mensonge de la mariée sur sa virginité. Cette cour a pour ce faire invoqué le fait que la virginité « n'est pas une qualité essentielle en ce que son absence n'a pas d'incidence sur la vie matrimoniale ». L'arrêt de celle-ci prend pourtant le contre-pied du souhait partagé des époux qui avaient redemandé lors de l'audience à huis clos le 22 septembre l'annulation de leur union. Que nous apprend cette histoire exemplaire ? En France, l’Etat statue de ce qu‘est, ou de ce que n'est pas, un mensonge, souvenez-vous des nuages de Tchernobyl: : «le mensonge qui ne porte pas sur une qualité essentielle n'est pas un fondement valide pour l'annulation d'un mariage ». L’Etat français est le seul habilité, a le monopole, pour statuer de ce qui est essentielle, ou de ce qui ne l'est pas, sur les qualités d’un conjoint. Il a en cette matière des critères objectifs qui correspondent à une halalitude laïque. A cette fin la société civile joue le rôle d'adjuvant-collaborateur. L’Etat français, toutefois, conscient du ridicule de la situation, peut pratiquer, pour sauver la face, le marchandage : lors de l'audience en appel, le parquet général avait également proposé des « portes de sortie » permettant en particulier de substituer à un « motif discriminatoire » d'annulation un « motif légitime ». Le musulman français, par contre, n’est pas un citoyen à part entière, puisqu’il ne bénéficie ni de droit individuel ni même le droit à une certaine intimité : « En déclarant recevable l'action du parquet dans un litige de pur droit privé relatif à l'intimité du couple, la cour d'appel de Douai a ouvert une porte: elle autorise désormais le parquet à contrôler les âmes et les consciences » (Me Xavier Labbée, l'avocat de l'époux). Tandis que la musulmane, elle, comme sa tradition l'a habituée, reste une mineure à vie. Elle est un être irresponsable, au mensonge facile, qu'il s’agit de sauver d’elle même : « les faits relatés (...) ne permettent pas de caractériser une erreur de l'épouse sur les qualités essentielles du mari ». De manière générale, pour les musulmans français, les querelles d’alcôve, avant ou après le mariage, tout à l’image du drap maculé de sang qu'on se doit d'exposer au cercle proche, revêtent un caractère public en France, puisqu’elles sont « susceptibles de mettre en jeu des principes d'ordre public ». Marchandage, police des mœurs et de la vertu, doxa et dogma, « mariage forcé contre la volonté des époux », statut de mineure éternelle pour la femme racialisée, crime d'honneur, assisterait-on - ô ironie de l'histoire ! - à l'émergence d'une République Islamique en France - mais, exception culturelle oblige, dans sa version laïque ?

AFP

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