Ethique dubaïote et esprit du capitalisme...

Vue de Dubaï sous les nuages depuis la Burj Khalifa
Islam par-ci, islam par–là, mais que savent-ils ces islamologues du dimanche, ces experts auto-proclamés, dont l’expertise revient à proférer une flopée de lieux communs sur un ton péremptoire… Saturation d’analyses, d’éditos, de manchettes, d’affiches, de graffiti, sur papier, sur écran, sur onde, faite de réïfication, de réductionnisme, d’amalgame, d’ignorance crasse et auto-satisfaite… Pour dire quoi ? L’«entité maléfique » est maléfique ! Les voilà rassurés, on peut envoyer les piou-pious… Savent-ils seulement que ce qu’il appellent « Islam » c’est une galaxie ? Savent-ils seulement que, tout comme il existe une « théologie islamique de la libération » (Ali Shariarti), il existe « un islam de marché » et il existe également un « islam réactionnaire », qui se déploie sous les auspices de l'Arabie Saoudite ? Savent-ils, surtout, que la modernité, terme qu'il convient de redéfinir finement, n'est pas l'apanage des sociétés occidentales (1) ? Savent-ils, enfin, que cette galaxie, elle aussi, est travaillée par un ensemble d'ambivalences et de contradictions, parmi lesquelles le mimicry, l'hybridité, le fétichisme de la marchandise et la bonne vieille lutte des classes, quoi qu'on en dise… Pour le dire avec Maxime Rodinson : « toute tendance idéologique décelable en milieu musulman n’est pas explicable par la contrainte d’un corpus sacré préexistant et agissant comme une force extérieure pour modeler les esprits » (« Islam et Capitalisme »).

« Ils affirmaient que le marché aurait besoin de la démocratie, que celle-ci ne serait pas compatible avec l'islam, et que ce dernier serait bien mal assorti avec au capitalisme contemporain, qui n'aimerait rien tant que la paix, la liberté d'opinion et l'individualisme forcené (...) Le sac Vuiton et la burka, la cyber-spéculation et l'appel du muezzin, le jeûne du ramadan et les centres commerciaux (qui annoncent alors dans toute la ville, sur des panneaux géants, des horaires nocturnes, adaptés à cette période de l'année) : à Dubaï, il semble décidément que rien dans le Coran, moins en tout cas que dans la Bible (et le Nouveau Testament) ou même la Torah, ne soit de nature à freiner la déferlante des gadgets portatifs, la vague de l'automobile nouvelle génération, les extravagances du numérique, tout support, le déploiement, en corne d'abondance des mets des cinq continents et le feu d'artifice sans fin du prêt-à-porter mondial. Probité, austérité, charité, dépouillement et mépris du philistin ne semblent pas être les points forts de ce monothéisme-ci, si l'on en croit le miracle dubaïote. Mais si le capitalisme peut s'épanouir à ce point en terre musulmane, peut-être serait-il temps d'en finir aussi avec un certain culturalisme prompt à l'associer comme à son essence aux mœurs et aux valeurs de l'Occident historique -soit qu'on ait mal lu Max Weber, soit qu'on ait pris au mot les néo-conservateurs américains. La meilleure preuve d'un tel état de fait, et de relativité culturelle du capitalisme, mesure trente centimètre porte des cheveux de jais et peuple les vitrines des magasins de jouets pléthoriques de tous les centres commerciaux de Dubaï: elle s'appelle Fulla... » (François Cusset, Questions pour un retour de Dubaï)

(1) « L’usurpation par l’Europe de l’adjectif "moderne" pour son propre compte est partie intégrante de l’histoire de l’impérialisme européen à l’intérieur de l’histoire globale » (Dipesh Chakrabarty, Provincializing Europe : Postcolonial Thought and Historical Difference)

2 commentaires:

Le Dépositaire a dit…

Le consumérisme, à la sauce occidentale, est très répandu dans ces monarchies pétrolières.

On remarquera, en passant, qu'il n'a pas de raison objective à ne rien consommer de ce que produit l'Occident. Mais autant il peut-être légitime d'acheter ce dont on a besoin, même si c'est un produit d'origine occidentale, (en Orient, bien entendu), autant il est absurde de tomber dans une consommation frénétique du moindre gadget. En ce sens, trouver le juste milieu est facile. Il suffit que notre conscience soit éveillée. Et à partir de là, quel que soit le matraquage publicitaire pour nous pousser à acheter le dernier gadget en cours, nous n'y seront pas sensible, cela ne correspondant pas à un besoin.

Ceci dit, concernant Dubaï, il est peut-être important de rappeler, ou d'informer ceux qui ne le savent pas, que concernant l'Islam, ce pays et cette ville sont des hauts lieux, (si l'on peut parler de "haut"), de la subversion de l'Islam. leur méthode est simple, ils recrutent des jeunes, plus ou moins désoeuvrés et leur offrent un séjour qui peut aller jusqu'à deux ou trois ans, touts frais payés, pour venir étudier la religion, (mais la religion selon la vision wahhabite), et la langue arabe. Bien entendu, ce n'est pas sans contrepartie. Une fois leur "diplôme d'imam" en poche, ils ont le devoir de revenir danas leur pays pour prendre la direction d'une mosquée et répandre l'Islam dévoyé, à la sauce wahhabite.

C'est une des manières dont cette hérésie se répend. Les musulmans, dans leur grande majorité sont ignorants, ignorance soigneusement entretenue, et de ce fait, sont prêts à prendre pour vérité ce qui n'est qu'une falsification de la vérité. C'est tout le drame du monde musulman d'aujourd'hui et qui permet de comprendre l'existence des mouvements tels que les Frères Musulmans, le salafisme et le takfirisme, mouvements que l'on voit à l'oeuvre en Syrie aujourd'hui, comme en Libye, hier ! Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet. Mais il n'est pas possible, dans le cadre d'un commentaire de développer trop. ce serait trop long.

Nous en avons bien assez dit pour que chacun puisse faire ses propres recherches et aboutisse à une conclusion analogue. Restera, par voie de conséquence, à trouver ou retrouver l'essence même du message muhammedien, et d'agir dans le sens même de cette voie par excellence d'éveil de la conscience.

Anonyme a dit…

n'importe quoi cette barbie voilée !