Chronique d'un effondrement annoncé...

La fable des abeilles de Mandeville comme féerie, l’autorégulation des marchés comme mythologie, la concurrence libre et non faussée comme métaphysique, la maximisation des profits comme précepte, la marchandise comme fétichisme, la croissance comme idole, l'homo economicus comme divinité cachée, la confiance des marchés comme espérance... Qui a dit que, de ce côté de la planète, nous vivions dans un monde sans sacré ? Le millénarisme ne se trouve, peut-être, pas là on l'on croit... Il est plaisant d'être au première loge et d'assister au spectacle d'un effondrement financier sans précédent. Le « crise systémique» circus et ses joyeux drilles sont en ville... Il est jouissif de voir des margoulins arrogants, plus menteurs que des arracheurs de dents, armés de modèles mathématiques comme d'un sabre de bois, avaler leur chapeau et se retourner comme des crêpes, avant d'effectuer la grande descente finale... Mais principe de réalité oblige, une fois finie la franche rigolade, il y a tout lieu de croire que nous serons tous aspirés dans le vortex, nous aurons droit, nous aussi, au grand saut, les indigènes plus que les autres (Avez-vous lu Gerard Noiriel? Qui c'est qui paye les pots cassés en temps de crise? Baisse des salaires, montée du chômage, politique de la rigueur, recrudescence du racisme…cela vous évoque-t-il quelque chose ?). Car synthèse de la figure du juif et de celle du métèque, goumiers de l'armée de réserve du capitalisme, surnuméraires des surnuméraires, de cet état nous avons l'habitude... L'économie-monde, cette conjonction de flux décodés, telle qu'elle existe aujourd'hui est née au XVIe siècle, au moment même où l'Europe se lançait dans l'aventure coloniale et la traite atlantique. Dindon un jour, dindon toujours...? Le capitalisme serait-il l'horizon indépassable de l'humanité? Et l'indigènat notre statut pour l'éternité? Peut-être est-il temps d'être à l'initiative pour la suite des événements? Peut-être...



2002

17 janvier. Début de la crise de l’électricité en Californie, où un million de foyers sont privés de courant, à la suite de la déréglementation de la production d’énergie.

26 mai. Le Congrès vote le plan de réduction des impôts (1 350 milliards de dollars sur onze ans) soumis par le président George W. Bush. 35 % des réductions bénéficient aux 1 % de contribuables les plus riches.

21 septembre. Plan de sauvetage des compagnies aériennes américaines après les attentats du 11-Septembre. L’industrie aéronautique annonce la suppression de près de 100 000 emplois.

2 décembre. Faillite de la société de courtage en énergie Enron (64 milliards de dollars d’actifs) à la suite de malversations comptables. Près de 7 000 employés seront licenciés.

11 décembre. Pour la onzième fois depuis le début de l’année, la Réserve fédérale baisse les taux d’intérêt. A 1,75 %, ils sont à leur plus bas niveau depuis 1961.

2002

11 janvier. Restructuration chez Ford : 35 000 emplois sont supprimés. 30 000 nouveaux emplois le seront en 2006.

22 janvier. Faillite de la chaîne de distribution Kmart (275 000 salariés).

8 mars. Le Congrès adopte un plan de relance économique de 60 milliards de dollars.

21 juillet. Le géant des télécommunications WorldCom (104 milliards de dollars d’actifs) dépose le bilan. C’est la plus grosse banqueroute (frauduleuse) de l’histoire.

1er novembre. La justice fédérale met un terme à la procédure antitrust lancée en 1997 par plusieurs Etats à l’encontre de Microsoft pour pratiques commerciales anticoncurrentielles.

2003

2 juin. L’autorité américaine de régulation de la communication (FCC) adopte une réforme qui favorise la concentration des médias. Devant la vague d’opposition populaire, la mesure sera rejetée par le Sénat en septembre.

2004

24 mars. Microsoft est condamné par la Commission européenne à une amende record de 497 millions d’euros pour abus de position dominante.

15 décembre. La croissance étant repartie, la Réserve fédérale relève le taux d’intérêt à 2,25 %.

2005. 12 avril. Le nouveau numéro un de l’acier, Mittal Steel, qui a racheté en octobre 2004 le groupe américain International Steel Group (ISG), indique qu’il procédera à 40 000 licenciements dans le monde au cours des cinq années suivantes.

15 avril. Les sociétés de crédit obtiennent une réforme de la loi sur les faillites personnelles. Elle pénalise surtout les personnes au chômage ou devant faire face à des dépenses médicales trop lourdes.

7 juin. General Motors annonce la suppression de 25 000 emplois aux Etats-Unis. Il avait fait savoir l’année précédente qu’il licencierait 12 000 personnes en Europe.

2005

26 juillet. Crise au sein de la centrale syndicale AFL-CIO : cinq organisations font scission pour former la coalition Changer pour gagner, qui entend se montrer plus militante.

2 septembre. Les ouvriers-mécaniciens de Boeing, jugeant « insultantes » les offres salariales de la direction, cessent le travail. Un accord est trouvé après trois semaines de grève.

20-23 décembre. A New York, les employés des transports urbains déclenchent une grève — illégale dans cet Etat —, pour protester contre le recul de 55 à 62 ans de l’âge de la retraite et le freinage de la progression des salaires. Le syndicat des cheminots est condamné à une lourde amende, mais les droits à la retraite sont préservés.

2006

2 janvier. Douze mineurs périssent dans l’explosion d’une mine de charbon en Virginie-Occidentale. Des violations répétées à la réglementation sur la sécurité y avaient été constatées en 2004 et 2005.

26 juillet. Après la polémique suscitée par la volonté de la société émiratie Dubai Ports World d’acquérir des terminaux portuaires américains, les Etats-Unis rendent plus restrictive la loi sur l’investissement étranger.

4 décembre. Rachat de la banque Mellon Financial par la Bank of New York. La fusion, conclue en juillet 2007, donnera naissance au numéro un mondial des services financiers. Près de 10 % des salariés des deux groupes seront victimes d’un plan de restructuration.

2007

13 février. Le département du commerce annonce un déficit commercial record : 763,6 milliards de dollars.

24 mai. Le Congrès — redevenu à majorité démocrate — augmente le salaire minimum (de 5,15 à 7,25 dollars de l’heure, étalé sur deux ans), pour la première fois depuis 1997. En contrepartie, les entreprises obtiennent une série d’exonérations fiscales.

Août. Début de la crise financière internationale liée à l’effondrement du marché américain des crédits immobiliers à risque.

24 septembre. Après l’échec des négociations avec General Motors concernant l’assurance-maladie et les retraites, le syndicat des travailleurs de l’automobile (UAW) lance une grève générale — la première depuis 1970. Un accord de principe est conclu deux jours plus tard.

3 octobre. M. Bush oppose son veto à une loi offrant une assurance-santé à plusieurs millions d’enfants dépourvus de couverture médicale, estimant qu’une telle loi reviendrait à mettre en place « un système de santé contrôlé par le gouvernement ».

13 novembre. Le fabricant automobile Chrysler, détenu par le fonds d’investissement Cerberus depuis trois mois, annonce qu’il supprimera 10 000 emplois en 2008, qui s’ajoutent aux 13 000 suppressions décidées en février par la direction précédente.

2008

13 février. M. Bush signe le plan de relance de l’économie américaine. Il prévoit notamment près de 150 milliards de dollars d’allègements fiscaux pour les particuliers et les entreprises.

12-13 juillet. La crise du marché immobilier conduit Washington à se porter au secours des deux principaux bailleurs de fonds américains, Fannie Mae et Freddie Mac, menacés d’effondrement.

28 juillet. Le Congrès vote un plan de sauvetage de l’immobilier américain pour secourir 400 000 propriétaires menacés de saisie.

7 septembre. Washington nationalise deux géants du crédit hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac. Coût potentiel : 200 milliards de dollars.

15 septembre. La banque d’affaires Lehman Brothers dépose le bilan, la Réserve fédérale refusant de la sauver. Bank of America acquiert Merrill Lynch.

19 septembre. Washington propose la reprise des « actifs toxiques » détenus par les banques. Coût estimé : 700 milliards de dollars.

29 septembre. La Chambre des Représentants rejette le plan de sauvetage de la finance américaine présenté par la Maison Blanche et soutenu par les deux principaux candidats à l’élection présidentielle. L’indicateur Dow Jones chute de 7%, sa plus forte baisse depuis le 11 septembre 2001.

Olivier pironet

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Qu'ils apprennent la misère ces ricains, nous on connait déjà

Anonyme a dit…

la fable de Mandeville dont la moralité est : "Les vices des particuliers contribuaient à la félicité publique..."

Une belle éloge de la cupidité !