L’objet « islam » et la Révolution conservatrice

« Les expressions de l’islamophobie contemporaine remontent aux années ’70*, notamment à la crise économique du milieu des ces années. L’objet « islam », dont les médias se sont saisis ces trois ou quatre dernières décennies (et qu’ils ont contribué à construire), est devenu un outil qui a permis de faire triompher la révolution conservatrice amorcée au moment de la crise des années ’70. L’inflation du discours sur l’islam a eu tendance à faire sortir les questions de classe du champ de vision générale de la société française. Et de singulariser en les criminalisant et en les racisant sur un mode euphémisé les segments les plus fragilisés des classes populaires. En d’autres terme, ce processus, qui a permis de faire triompher toute une logique conservatrice, dans lequel les médias ont joué un rôle actif, n’a pas eu seulement comme fonction de mettre à l’index les musulmans, mais plus largement, il a été utilisé comme instrument pour propager un agenda politique conservateur et libéral. » (Thomas Deltombe)

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*Elles sont contemporaines d'une autre restauration dans le champ des idées : « Les nouveaux philosophes » !

1 commentaire:

Cyril a dit…

Merci pour cette brillantissime conférence. Je regrette seulement que l'auteur n'est pas plus creusé l'articulation entre islamophobie et colonialisme. Il me semble que l'islamophobie n'est pas encore (processus dynamique et oui...) autonomisée par rapport au colonialisme. Je veux dire que la haine de l'islam (ou sa mise en discours) doit tout pour l'instant à la haine de Mohammed ou Mamadou alors que ces haines elles ne doivent rien à la haine de Schlomo (la Shoah).
Si donc discours sur le Juif, l'Arabe ou le Noir avec leurs événements historiques -Shoah, Colonialisme, Esclavage - respectifs associés sont autonomes les uns par rapport aux autres, il ne me semble pas que l'Islamophobie se soit détachée de son socle arabophobe/négrophobe.
Il serait je crois intéressant de creuser cette question . A savoir le point d'articulation , les surfaces de frottement entre racisme arabophone/négrophobe et islamophobie. Comment le premier pénètre , conditionne le deuxième, comment ce dernier essaie de s'en détacher histoire d'opérer incognito mais est de fait contraint d'imaginer un "nouveau discours". C'est cela je crois qu'il conviendrait d'étudier avec rigueur