Nous, fieffés démocrates


Derrière le discours récurent sur l'incompatibilité présumée qu’auraient les Arabes avec la démocratie*, qui fait florès aujourd'hui, sous le faux semblant d’une menace islamiste, elle aussi répétée ad nauseam, il faut voir trois choses, qui révèlent « l’impensé » des élites occidentales. Pour lesquelles « democratie arabe » est un invraisemblable oxymoron. On y reconnait. D’une part, un racisme plus ou moins hypocrite : la démocratie est un concept « occidental », « judéo-chrétien », « gréco-latin », qui réclame de la « maturité », l’Arabe lui ne comprenant que le langage de la force... D’autre part, la démocratie chez les Arabes n’est pas dans notre intérêt, par exemple, le prix « démocratique », le prix réel du pétrole, du gaz cela ne nous arrange guère, nous fieffés démocrates. Et enfin, l’Arabe ne peut être indépendant et autonome, car il représente intrinsèquement le danger, une menace qui remonte au fond des âges. Sa liberté ne pourra se faire qu’au détriment de notre « existence », aussi sa présence au monde, quand on y concède, ne sera concevable que sous le régime de la dépendance et de la surveillance…

*« Le principe démocratique, c’est l’affirmation d’un pouvoir de tous et toutes, d’un pouvoir des êtres humains « sans qualités » venant contrarier le jeu normal de la distribution des pouvoirs entre les puissances sociales incarnant un titre à gouverner : la naissance, la richesse, la science...» (Jacques Rancière)

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