La République bananière française est enfin entrée dans l'Histoire

« Il ne peut y avoir d'ethnologie possible que celle qui étudie le comportement anthropophage de l'homme blanc » (Stanislas Adotevi)

Les dirigeants africains raffolent de la vie politique française. Souvent accablés de reproches (interventionnisme, gabegie, mauvaise gouvernance, corruption, népotisme, détournements de fonds publics, etc.), ils doivent se délecter des dernières péripéties parisiennes, qu’ils suivent comme leur série télé préférée. Après le temps des Feux de l’amour, très en vogue au cours de la première moitié du mandat de Nicolas Sarkozy (Cécilia, Carla, Rachida, Rama et les autres…), c’est désormais à un feuilleton d’un autre genre auquel nous assistons. Fini le soap-opera, place aux « affaires d’État », petites et grandes. Toutes ont un dénominateur commun: des membres du gouvernement ou des représentants de l’État impliqués à tous les étages! Déjà peu enclins à faire confiance à leurs politiques, les Français ne savent plus où donner de la tête. Petit florilège: un secrétaire d’État qui aime (un peu trop) les voyages en jet privé et les permis de construire litigieux, un autre qui fait payer ses factures (astronomiques) de cigares par le contribuable, des ministres logés à grands frais par la République, le fiasco des Bleus au Mondial qui vire au psychodrame et le sauvetage du foot tricolore érigé au rang de priorité nationale par le gouvernement et l’Assemblée…

Comme si cela ne suffisait pas, le chef de l’État, Nicolas Sarkozy, voit débouler une autre affaire, autrement plus préoccupante pour lui et les siens, même si ses compatriotes goûtent peu les appels à se serrer la ceinture quand les révélations des dépenses somptuaires de leurs dirigeants se multiplient. Elle met en cause son ministre du Travail, chargé de la très sensible réforme des retraites, et trésorier de son parti, Éric Woerth. Une véritable pelote de laine. Personne n’a rien vu venir quand le premier fil a été tiré. La fille de Liliane Bettencourt – l’héritière de l’empire L’Oréal – accuse un photographe, François-Marie Banier, d’avoir abusé de la faiblesse de sa richissime mère. La troisième fortune de France a en effet multiplié les largesses: près de 1 milliard de dons et cadeaux divers à cet incongru ami! Puis la pelote s’est dévidée à la vitesse grand V. Liliane Bettencourt est aujourd’hui soupçonnée de fraude fiscale. Le hic, c’est que la femme de Woerth travaillait pour une société qui, justement, gérait la fortune de la femme la plus riche de France, que Woerth était alors ministre du Budget et qu’il avait fait de la lutte contre l’évasion fiscale son cheval de bataille. Les accusations de confusion des genres et de conflits d’intérêts fusent à l’encontre de celui qui, jusqu’ici, était considéré comme le meilleur ministre de Sarkozy, réputé pour sa rigueur et son honnêteté.

Des comptes en Suisse, une île aux Seychelles, une milliardaire de 87 ans qui ne parle plus à sa fille et héritière, un photographe qui croule sous les cadeaux, un majordome-espion, un ministre dans la tourmente… Amour, argent, traîtrise, politique, justice: tous les ingrédients d’un feuilleton haletant dont la France et Nicolas Sarkozy se seraient pourtant bien passés. Les autres attendent le prochain épisode avec impatience…

J.A.

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