Qui sont les barbares ?

« J'ai beau connaître et aimer vos Ovide et vos Baudelaire, votre savoir à vous ne m'a pas accueilli. Il m'a, au contraire, à chaque instant repoussé soit vers de froides terres où je ne me reconnaissais qu'en changeant de peau, négociant un blanchiment de ce que je suis, soit vers des banlieues où se traite ma culture d'Arabe dont le droit de cité dans l'universalité serait si peu recommandable qu'il est indispensable de la déporter dans les vagues régions de l'orientalisme. J'ai toujours tenu à assumer cet abîme du fond duquel j'interviens sur ce thème des rapports entre l'Autre et les miens dans un paysage du savoir si exclusivement et si obstinément européen. Ce paysage part en effet d'Hésiode et du roc de Prométhée pour se perdre dans l'impasse de la culture occidentale, là où celle-ci reconnaîtra un trouble crépuscule avant de basculer dans les nuits terrifiantes de la shoah, d'Hiroschima, et de Srebrenica tout juste hier. Faut-il alors me sentir frustré et injustement exclu de cette longue « phénoménologie» ? Alors ? Qui sont donc les barbares ? Il ne s'agit pas de pointer du doigt un peuple, une région du monde, ni même les citoyens d'un Etat rendu fou par sa puissance à un moment quelconque de son histoire. Il est dit dans le Coran que n'importe lequel parmi les frères humains possède virtuellement cette culpabilité qui peut se réaliser dans l'acte du meurtre. Le tout est de dompter cette tentation constitutive de l'humain et de la différer indéfiniment. » (Youssef Seddik, Qui sont les barbares ?)

Pour avoir un début de réponse à cette question, allez donc jeter un oeil dans les commentaires des lecteurs du Figaro...