Elections : les musulmans de France dindons de la farce ?

A chaque période électorale, nous assistons dans notre cher pays, qui se targue d’être celui des droits de l’homme à la mise à l’index de la population de culture ou de confession musulmane et à l’exploitation politicienne de sa présence.

Certes depuis vingt ans, le Front national s’emploie à accabler l’immigration de tous les maux pour en tirer un profit électoral, mais la droite et la gauche, dites républicaines, exploitent également ce filon de l’immigration en l’amalgamant avec la « population musulmane » de France, objet d’une stigmatisation, lors de la campagne des dernières élections présidentielles, ou plus récemment à l’occasion de la mission sur la Burqa, ou du prétendu débat sur l’identité nationale etc….).

La gauche quant à elle, se contente aujourd’hui de vitupérer timidement contre le gouvernement, non pas parce qu’il joue avec le feu du populisme, décomplexant de surcroît la parole islamophobe, mais parce qu’il pose un débat au mauvais moment, c’est-à-dire à l’approche des élections régionales, lui permettant ainsi d’envisager de voler des voix au Front National.

Cependant, le fait que les musulmans soient jetés en pâture à l’ethno-nationalisme racialisant, ne semble pas trop préoccuper la gauche. A croire, que si ce débat démagogique et nauséabond était posé à un autre moment, il aurait été accepté. D’ailleurs, la stigmatisation des populations issues de l’immigration post-coloniale , depuis trois décennies, préoccupe-t-elle quelque force politique que ce soit dans ce pays ?

Vigilance et mémoire

De même qu’en 1968 lors des accords de Grenelle, les revendications de nos parents ont été oubliées respectivement par les syndicats et la gauche, il est à craindre que nous sommes et serons encore oubliés dans les programmes politiques actuels. Au mieux, certains candidats évoqueront la défense des quartiers populaires pour mieux noyer les spécificités de nos revendications dans des concepts globaux, en nous parlant de capitalisme, de services publics, d’ultralibéralisme ou d’écologie.

Depuis les premières explosions de colère en 1979 à Vaulx-en-Velin en passant par les multiples révoltes dans les quartiers populaires dont la dernière en novembre/décembre 2005, ces expressions éminemment politiques, mais non organisées, n’ont rencontré que la surdité du pouvoir en place et l’indifférence ou la démagogie de l’opposition qui a refusé délibérément de prendre à bras le corps les véritables problèmes liés aux discriminations à l’emploi, au logement, aux loisirs , sans omettre l’islamophobie, les bavures policières , la justice à deux vitesses , des écoles au rabais, un cadre de vie délabré dans la plupart de nos banlieues etc…

Au lieu de poser tous ces problèmes de société cristallisés dans les quartiers populaires et mener les combats politiques qui s’imposent pour les résoudre, nous constatons depuis 1989 (date à laquelle les premières personnes issues de l’immigration ont été élues) à l’instrumentalisation de leur présence sur les listes électorales, ou dans les conseils municipaux en vue de camoufler des politiques de mépris et d’abandon des populations d’où étaient justement issus ces premiers élus : (l’ARABE qui cache la forêt).

Le faux changement

Ces expériences d’élus de la « diversité » ont tourné court puisque la plupart des 400 premiers élus de cette période ont démissionné ou quitté la politique au bout de quelques mois, ou au terme de leur mandat, écoeurés qu’ils étaient par le rôle qui leur a été imposé dans les collectivités locales ou les partis, qui les ont recrutés pour jouer le rôle de supplétifs ou celui de caution ethnique.

Aujourd’hui, le nombre d’élus est certes de 2 343, mais « la mission » qu’ils leur a été attribué charitablement ou par calcul n’a guère changé. Il s’agit avant tout de candidats appâts en vue attirer le vote de leur communauté d’appartenance, ou bien d’une candidature « khobziste » (alimentaire) qui permettra au candidat en question de se bâtir un plan de carrière et obtenir le petit poste tant convoité, en oubliant aussitôt ses origines sociales, ethniques et parfois religieuses.

La préférence sera donnée évidemment à la jeune beurette si possible islamophobe à ses heures ; mais faute de grive on mangera des merles, donc même le jeune banlieusard auteur d’un bon parcours scolaire, mais qui a su avant tout intégrer les réflexes individualistes, aura le profil pour le rôle de faire-valoir. Dans le pire des cas, si cet individu est musulman et "qu’il roule pour sa pomme" (comme disent les jeunes), on pourra s’en accommoder, car le vote musulman peut dans certaines régions être décisif.

Les quartiers populaires (que certains associent aux arabo-musulmans et noirs) sont mis au goût du jour dans le cadre d’une politique de casting et de racolage. Ainsi à chaque échéance électorale, certains nous sortent du chapeau, l’Abdel ou la Fatima , le collectif X, le réseau Y ou l’association ou rassemblement Z issus des quartiers pour nous oublier entre les échéances et reléguer nos revendications en bas de programme.

Comment changer la donne ?

Il convient avant tout de ne pas être dupes en signant encore une fois des chèques en blanc aux partis de droite et de gauche, qui nous promettent monts et merveilles avant les élections et qui oublient nos revendications une fois élus.

Ne pas jouer aux khobzistes (gamelleurs) en répondant aux appels des sirènes de la classe politique qui nous invitera implicitement à renier nos origines en échange d’une promotion, les exemples dans ce sens ne manquent pas.

La nomination de certaines personnalités issues de la diversité est conditionnée par cette attitude de servilité et la nécessité d’être seul-e , c’est-à-dire ne pas venir en tant que groupe ou collectif sur le champ politique, ce qui revient en fin compte à ne représenter que soi-même (le loup ne mange que la brebis égarée !). Nicolas Sarkosy qui l’a compris plus vite que la gauche, va s’employer à profiter des prochaines échéances pour rattraper son retard dans la larbinisation de certains beurs et autres musulmans ou noir de service.

Il est impératif politiquement de nous prendre en charge à travers un mouvement politique autonome, issu des quartiers populaires en imposant dans le débat public le traitement des véritables problèmes qui persistent et s’aggravent dans nos quartiers et notre quotidien.

Tous les partis politiques ainsi que les syndicats et mouvements sociaux reconnaissent que nous sommes les premières victimes des discriminations, du racisme, et de l’islamophobie, de la crise et du libéralisme, et que nos quartiers concentrent tous les problèmes de société, devenant ainsi de véritables laboratoires liberticides et sécuritaires. Mais lorsqu’il s’agit de préconiser des solutions, nous sommes relégués en arrière-plan. Les paternalistes apparaissent aussitôt pour venir parler à notre place (néo-colonialisme quand tu nous tiens !).

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Ce ne sont pas les quelques déclarations sympathiques de personnalités politiques ou les quelques nominations de beurs ou beurette, qui vont nous leurrer en nous faisant tomber encore une fois dans le piège de la déresponsabilisation ou de l’assistanat.

Les injustices que nous subissons ne sont pas une fatalité ni un état irrémédiable. Nous détenons la solutions à tous nos problèmes, il suffit de nous organiser, de nous regrouper, et de dépasser les petits calculs carriéristes ou égoïstes qui minent tous les efforts et tentatives de faire émerger une véritable force politique autonome qui regroupe toutes les personnes décidées à changer les choses de manière désintéressée.

Depuis quelques années le Forum Social des Quartiers Populaires (FSQP) tente de fédérer en s’appuyant sur les efforts de militants et militantes de toutes origines en vue de la construction d’un tel mouvement, qui ne peut se concrétiser qu’avec la participation de toutes les personnes conscientes des enjeux et vigilantes face aux manœuvres politiciennes qui émanent de l’ensemble de l’échiquier politique en France.

Abdelaziz Chaambi

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Débat sur France Culture : Abdelaziz Chaambi versus Caroline Fourest etc.

http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/grain/fiche.php?diffusion_id=79747&PHPSESSID=220a6e64509f1548fbd57869aaaed434

Anonyme a dit…

Minarets: Berra claque la porte du groupe UMP pour dénoncer des propos de Clément

La secrétaire d'Etat aux Aînés, Nora Berra, a claqué mardi la porte de la réunion du groupe UMP à l'Assemblée pour protester contre des propos "insupportables" sur les minarets tenus par l'ex-garde des Sceaux Pascal Clément, qui a fermement démenti avoir tenu ces paroles.

Selon plusieurs participants à cette réunion à huis clos, M. Clément a évoqué la question des minarets, à l'occasion d'un débat interne sur le port du voile intégral.

"Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne sera plus la France", a déclaré le député de la Loire. Plusieurs témoins ont confirmé avoir entendu ces propos, parmi lesquels le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand.

En entendant ces mots, Mme Berra s'est levée et a quitté la salle Colbert en lançant, selon son entourage: "Qu'un ancien garde des Sceaux tienne ces propos anti-laïcs dans une enceinte symbole de la République comme l'Assemblée nationale, c'est insupportable ! C'est ça la démocratie ?". Aucun des députés UMP contactés par l'AFP n'a entendu ces paroles de Mme Berra.

"Mme Berra, qui n'a jamais été députée, assiste comme membre du gouvernement aux réunions de groupe qui sont par tradition un lieu de débat strictement interne. Je constate que Mme Berra me prête des propos qui ne sont pas les miens", a déclaré Pascal Clément dans un communiqué publié en fin d'après-midi.

"Chercher la publicité sur le dos d'un ami politique n'est pas la meilleure méthode pour gagner les élections", a-t-il ajouté.

"Me faire passer pour un lepéniste, c'est inacceptable, je suis scandalisé!", a ajouté auprès de l'AFP M. Clément. "J'ai simplement dit que les minarets sont régis par le code de l'urbanisme, qui est le fait de notre histoire et de notre identité culturelle".

Quoi qu'il en soit, le patron des députés UMP, Jean-François Copé, est intervenu pour estimer que les propos de M. Clément n'avaient "rien à voir avec le débat sur la burqa" et pour inviter ses collègues à "ne pas faire d'amalgames". Une mise au point approuvée par M. Bertrand.

Selon des députés UMP, c'est la première fois depuis 2007 qu'un ministre claque la porte de la réunion du groupe.

source:http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jgSY6knxzwuN7yq6YegxRj7cs9SA