Ce qui se passe en France depuis l'ouverture du débat sur l'identité nationale est insupportable.
Ce qui se dessine, c'est la montée de l'ostracisme à l'encontre de toute population dont la religion, la couleur de peau, le langage ou la tenue vestimentaire, voire l'âge, sont susceptibles d'inquiéter les Français ou du moins une partie d'entre eux qui s'arrogent le monopole de l'identité nationale.
Depuis plusieurs années, même quand ils sont citoyens français, ces "étrangers", ces "aliens" sont – à l'exception de ceux qui appartiennent aux couches économiques supérieures, mais pour combien de temps encore ? – tenus aux marges de la société. Un grand nombre d'entre eux sont assignés à des conditions de vie pénibles, sinon humiliantes. C'est une des raisons – certes pas la seule, mais elle n'est pas négligeable – qui expliquent que certains versent dans la marginalité ou la délinquance. Les statistiques témoignent d'une surreprésentation de ces populations dans les lieux de détention. Plutôt que de se contenter de chercher dans de tels chiffres des raisons de justifier nos peurs, nos lâchetés et nos démissions, nous devrions y voir une source d'interrogation sur la violence des injustices qui ravagent notre société et mettent l'identité nationale en lambeaux.
Depuis quelques mois, c'est sur les musulmans que se focalise l'attention. Cela s'est tout d'abord manifesté avec la création de la commission parlementaire sur le port de la burqa, alors même que cette pratique est ultraminoritaire. Depuis le lancement du débat sur l'identité nationale, ce phénomène s'est accéléré, et ceux qui s'en réjouissent ont vu dans le référendum suisse interdisant les minarets une sorte d'autorisation à se lâcher… Ce que l'on a entendu depuis dépasse ce que l'on aurait imaginé six mois plus tôt. Or si l'on remplaçait dans les discours le mot islam par celui de judaïsme, ou celui de musulman par le mot juif, l'indignation serait à juste titre générale.
Lentement mais inexorablement, les musulmans revêtent le costume du bouc émissaire de toutes les carences, de tous les défauts et péchés de notre société, alors que la crise économique multiplie les inquiétudes et les tensions sociales. C'est inacceptable. L'aveuglement est tel qu'on en oublie souvent que nombre de musulmans qui vivent dans notre pays sont des citoyens français, qui partagent les mêmes droits et devoirs, la même dignité que tout autre Français. On en oublie aussi pour les nouveaux venus la tradition d'hospitalité dont s'est longtemps enorgueillie la France.
De la question de l'intégration des différences dans le kaléidoscope national, on est maintenant passé, dans la bouche du ministre de l'identité nationale et de l'immigration, à l'injonction de l'assimilation à un modèle d'identité dont on se demande qui en possède tous les traits, et qui est fondé à les définir. Le président de la République lui-même n'a pas craint de recommander aux musulmans la discrétion. Ceux-ci sont priés de ne pas relever la tête, de ne pas se faire trop entendre. Faudra-t-il demain qu'ils rasent les murs comme les juifs du temps de l'affaire Dreyfus ? Faut-il croire que dans la France laïque, il y aurait place pour une sorte de dhimmitude à l'encontre des musulmans ? Puis sans doute, ensuite, à l'encontre des autres religions qui n'appartiendraient pas à l'identité républicaine française !
Il est effrayant de voir ainsi l'identité nationale rabattue sur l'appartenance religieuse ou ethnique. Il est scandaleux qu'au même moment, on renvoie dans leur pays, où ils ont fui la guerre, des Afghans sans papiers, musulmans, qui plus est en enfreignant les règles du droit international. C'est un peu comme si on avait renvoyé outre-Pyrénées, en 1936, les Espagnols qui fuyaient la guerre civile ! Il est consternant d'apprendre que sur 178 auditions devant les parlementaires de la commission sur le port de la burqa, 150 étaient contre le port du voile, comme l'a déclaré Eric Raoult. Un tel score est digne d'un débat contradictoire tel qu'on l'aurait organisé en Union soviétique. Fort heureusement, les deux tiers des personnes entendues ne sont pas favorables à une loi sur le sujet : il reste un peu de raison dans ce pays…
Nous, qui ne sommes ni des inconditionnels du Coran ni ignorants des dangers extrémistes ou communautaristes qui existent dans notre société, condamnons cette dérive du débat sur l'identité nationale. Nous considérons comme désastreux et particulièrement dangereux pour l'avenir du pays le sort fait à ceux qui sont perçus comme des étrangers, pour quelque raison que ce soit. En raison même de l'idée que nous nous faisons de la dignité humaine, en raison du fait que la liberté religieuse et la liberté de conscience sont des droits humains fondamentaux, nous demandons que soit mis un terme à tout ce qui peut nourrir ou sembler justifier les dérives actuelles, à commencer par ce "diabolique" débat sur l'identité nationale qui ne sème que la division. Après l'étoile jaune, faudra-t-il un jour porter une étoile verte ?
Ce qui se dessine, c'est la montée de l'ostracisme à l'encontre de toute population dont la religion, la couleur de peau, le langage ou la tenue vestimentaire, voire l'âge, sont susceptibles d'inquiéter les Français ou du moins une partie d'entre eux qui s'arrogent le monopole de l'identité nationale.
Depuis plusieurs années, même quand ils sont citoyens français, ces "étrangers", ces "aliens" sont – à l'exception de ceux qui appartiennent aux couches économiques supérieures, mais pour combien de temps encore ? – tenus aux marges de la société. Un grand nombre d'entre eux sont assignés à des conditions de vie pénibles, sinon humiliantes. C'est une des raisons – certes pas la seule, mais elle n'est pas négligeable – qui expliquent que certains versent dans la marginalité ou la délinquance. Les statistiques témoignent d'une surreprésentation de ces populations dans les lieux de détention. Plutôt que de se contenter de chercher dans de tels chiffres des raisons de justifier nos peurs, nos lâchetés et nos démissions, nous devrions y voir une source d'interrogation sur la violence des injustices qui ravagent notre société et mettent l'identité nationale en lambeaux.
Depuis quelques mois, c'est sur les musulmans que se focalise l'attention. Cela s'est tout d'abord manifesté avec la création de la commission parlementaire sur le port de la burqa, alors même que cette pratique est ultraminoritaire. Depuis le lancement du débat sur l'identité nationale, ce phénomène s'est accéléré, et ceux qui s'en réjouissent ont vu dans le référendum suisse interdisant les minarets une sorte d'autorisation à se lâcher… Ce que l'on a entendu depuis dépasse ce que l'on aurait imaginé six mois plus tôt. Or si l'on remplaçait dans les discours le mot islam par celui de judaïsme, ou celui de musulman par le mot juif, l'indignation serait à juste titre générale.
Lentement mais inexorablement, les musulmans revêtent le costume du bouc émissaire de toutes les carences, de tous les défauts et péchés de notre société, alors que la crise économique multiplie les inquiétudes et les tensions sociales. C'est inacceptable. L'aveuglement est tel qu'on en oublie souvent que nombre de musulmans qui vivent dans notre pays sont des citoyens français, qui partagent les mêmes droits et devoirs, la même dignité que tout autre Français. On en oublie aussi pour les nouveaux venus la tradition d'hospitalité dont s'est longtemps enorgueillie la France.
De la question de l'intégration des différences dans le kaléidoscope national, on est maintenant passé, dans la bouche du ministre de l'identité nationale et de l'immigration, à l'injonction de l'assimilation à un modèle d'identité dont on se demande qui en possède tous les traits, et qui est fondé à les définir. Le président de la République lui-même n'a pas craint de recommander aux musulmans la discrétion. Ceux-ci sont priés de ne pas relever la tête, de ne pas se faire trop entendre. Faudra-t-il demain qu'ils rasent les murs comme les juifs du temps de l'affaire Dreyfus ? Faut-il croire que dans la France laïque, il y aurait place pour une sorte de dhimmitude à l'encontre des musulmans ? Puis sans doute, ensuite, à l'encontre des autres religions qui n'appartiendraient pas à l'identité républicaine française !
Il est effrayant de voir ainsi l'identité nationale rabattue sur l'appartenance religieuse ou ethnique. Il est scandaleux qu'au même moment, on renvoie dans leur pays, où ils ont fui la guerre, des Afghans sans papiers, musulmans, qui plus est en enfreignant les règles du droit international. C'est un peu comme si on avait renvoyé outre-Pyrénées, en 1936, les Espagnols qui fuyaient la guerre civile ! Il est consternant d'apprendre que sur 178 auditions devant les parlementaires de la commission sur le port de la burqa, 150 étaient contre le port du voile, comme l'a déclaré Eric Raoult. Un tel score est digne d'un débat contradictoire tel qu'on l'aurait organisé en Union soviétique. Fort heureusement, les deux tiers des personnes entendues ne sont pas favorables à une loi sur le sujet : il reste un peu de raison dans ce pays…
Nous, qui ne sommes ni des inconditionnels du Coran ni ignorants des dangers extrémistes ou communautaristes qui existent dans notre société, condamnons cette dérive du débat sur l'identité nationale. Nous considérons comme désastreux et particulièrement dangereux pour l'avenir du pays le sort fait à ceux qui sont perçus comme des étrangers, pour quelque raison que ce soit. En raison même de l'idée que nous nous faisons de la dignité humaine, en raison du fait que la liberté religieuse et la liberté de conscience sont des droits humains fondamentaux, nous demandons que soit mis un terme à tout ce qui peut nourrir ou sembler justifier les dérives actuelles, à commencer par ce "diabolique" débat sur l'identité nationale qui ne sème que la division. Après l'étoile jaune, faudra-t-il un jour porter une étoile verte ?
Premiers signataires :
Marie-Pierre Archambeaud, Guy Aurenche, Esther Benbassa, Jacqueline Berger, Jean-François Bouthors, Frédéric Boyer, Marie-Françoise Brihaye, Anne et Hervé Chabert, Philippe Chevallier, Dominique Chivot, Jean Daviot, Bill et Florentine Deraime, Jean Delumeau, Marie-Jo Deniau, François Euvé, Olivier Favereau, Mgr Georges Gilson, Etienne Grieu, Laurent Grzybowski, Monique Hébrard, Marie Holzman, Helena Lasida, André et Geneviève Le Gall, Marc Leboucher, Pierre Lembeye, Beatrice Litzellmann, Isabelle Marin, Michela Marzano, Véronique Nahum-Grappe, Anne Nerdrum, Anne Nivat, Bernard Perret, Gérard Pirlot, Claude Plettner, Marie-Christine Ray, Alain Renaut, Jean-Pierre Rosa, Alain Salomon, Caroline Sers, Régina Sneifer, Bernard Stephan, Hubert Stoecklin, Irène Terrel, Gérard Testard, Christoph Theobald, Beatrice Toulon, François Vaillant, Catherine Van den Steen, Dominique Vidal, Alain Woodrow
2 commentaires:
Heureusement il y a Apocalypto de Mel Gibson.
Tout le contraire de Avatar.
Aucun colon au generique.
Que des indiens mayas qui parlent leur language Yucatec (sous-titré).
C'est pas de la Sf, mais il n'y a pas beaucoup de films qui sont réellemenrt de la Sf (sauf le decor).
Visiblement, les universitaires ont plus de matière grise que les abonnés au Monde.
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