A quoi sert Fadela Amara ?


« Je sais le tracking, le Lindy-hop et les claquettes. Pour les bonnes bouches la sourdine de nos plaintes enrobées de oua-oua. Attendez... » (Aimé Césaire)

A quoi peut bien servir, « objectivement », Fadela Amara ? De bijou kabyle ? De vase Oriental ? De service à thé du Maghreb ? Le mystère reste entier.

On a pu dire qu’elle était une « machine de guerre », et non pas une foudre de guerre, il faut pas déconner!, un cheval de Troie, les mauvaises langues disent une brêle, lancé contre sa communauté d’origine, en effet, il y a du vrai dans l'affirmation… Son incompétence notoire et ses limites (intellectuelles ?) vite atteintes plaident en la faveur de cette hypothèse. Sa dernière perle :« Je ne voudrais pas que des jeunes s'identifient à Malik »(*). A l’ évidence, elle leur fait du tort, ne serait-ce que symboliquement. Elle est, somme toute, l’idée que se fait le souchien de base d’une « Arabe » des cités. Elle a d'ailleurs bien compris son rôle d'amuseuse à l'Elysée, qu'elle joue à ravir. Ces dommages, ces dégâts, cela mérite d'être souligné, se répercutent jusqu’en Belgique, où elle inspire certaines têtes molles, et où, en 2005, elle a été faite docteur honoris causa de l'Université libre de Bruxelles, c’est dire l’ampleur de la supercherie…

Toutefois, à notre sens, elle joue un rôle bien plus fondamental encore. Un rôle dont on ne soupçonne pas l’importance. Un rôle de premier ordre. Qui l’eut cru ! Fadela Amara est la figure par excellence du (de la) surnaturalisé(e). Car comme il est des « surblancs », notamment en Israël, il est des surnaturalisés ici, dans l'hexagone. Ainsi Fadela Amara représente une étape nécessaire dans un processus lancé depuis bien longtemps.

Ecoutons Sayad :

« La nationalité du colonisé en tant que catégorie politique reste fortement empreinte de toutes les marques qui ont milité en vue de sa formation ou ont accompagné à sa formation. Elle reste toute engluée et toute encombrée, « parasitée » par tout ce qu’on est en droit de regarder comme non politique (le religieux, le linguistique, le social, l'économique...). Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que la nationalité témoigne encore aujourd’hui de son passé et des conditions de sa formation. Hier dans la situation coloniale, se naturaliser équivalait à se désolidariser de la condition de colonisé : on passait du camp des colonisés, des « Indigènes » au camp des colonisateurs.

« Trahison » nationale et sociale (de classe), la naturalisation qui est dite, ici, « retournement » (m’tourni) valait à ses auteurs quelques avantages matériels, tous les avantages discriminatoires dont étaient privés les autres colonisés non naturalisés, comme d'échapper au statut « d’ Indigène » (Code de l’Indigénat )… Cela ne pouvait que rendre la naturalisation plus suspecte et plus blâmable encore, parce que visiblement, trop visiblement, intéressé. Aujourd’hui encore, se naturaliser pour un immigré revient à se désolidariser de la condition commune aux immigrés puisque par sa naturalisation, il rejoint le camp des non-immigrés, des « nationaux » dont il ne faisait pas partie jusqu’ici et dont il ne peut faire partie pleinement. Il y a de sa part comme une double « trahison » à la fois sociale et politique de sa condition d’immigré et de sa condition de ressortissant national …
» (La double absence)

A dire vrai, pour Fadela Amara, la Surnaturalisée d'élite, la « trahison » est triple, car aux deux premières trahisons (politique et sociale), il faut en ajouter une troisème, celle-là redhibitoire, la trahison existentielle. Car pour répondre à la question : à quoi sert Fadela Amara ? Il faut tout d’abord répondre à une question plus pressante, et bien plus délicate : qui est Fadela Amara ? Et pour tout dire, pour y répondre, nous n’aimerions pas être à sa place, être dans sa « peau », malgré tous les avantages matériels que permet sa situation. Soyons plus cruel encore, nous ne voudrions pas même être à la place de son miroir…

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