Faut-il sauver « l'Arabe de service» ?



L’expérience vécue du Noir, depuis bien longtemps, est chose difficile. Mais j’ai bien peur que celle d’un jeune « Arabe » de France, car il faut bien leur donner un nom, en 2009, ne soit pas plus enviable. Quoi que puissent penser quelques jeunes cons (arabes) essayant de transcender, vaille que vaille, leur situation d'Indigène par l'imagination ou l'opportunisme sans scrupule. Qu’est-ce que nous raconte Fanon à ce sujet ?

« Où me situer ? Ou, si vous préférez : où me fourrer ? Où me cacher ? « Tiens, un nègre ! » C'était un stimulus extérieur qui me chiquenaudait en passant. J'esquissais un sourire. « Tiens un nègre ! » Le cercle peu à peu se resserrait. Je m'amusais ouvertement. « Maman, regarde le nègre, j'ai peur !» Peur ! Peur ! Voilà qu'on se mettait à me craindre. Je voulais m'amuser jusqu'à m'étouffer, mais cela m'était devenu impossible. Je ne pouvais plus, car je savais déjà qu'existaient des légendes, des histoires… La nausée. La honte. La honte c’est le mépris de soi-même. La nausée. Quand on m’aime, on me dit que c’est malgré ma couleur. Quand on me déteste, on ajoute que ce n’est pas à cause ma couleur. Ici ou là, je suis prisonnier du cercle infernal. Je me détourne de ces scrutateurs de l’ avant-déluge et je m’ agrippe à mes frères, nègres comme moi. Horreur, ils me rejettent. Eux sont presque blancs.…L'estropié de la guerre du pacifique dit à mon frère « Accommode toi de ta couleur comme moi de mon moignon; nous sommes tous des accidentés ». Pourtant, de tout mon être, je refuse cette amputation. Je me sens une âme aussi vaste que le monde, véritablement une âme profonde comme la plus profonde des rivières, ma poitrine a une puissance d'expansion infinie. Je suis don et l'on me conseille l'humilité de l'infirme... Hier, en ouvrant les yeux sur le monde, je vis le ciel de part en part se révulser. Je voulus me lever, mais le silence éviscéré reflua vers moi ses ailes paralysées. Irresponsable, à cheval entre le Néant et l'Infini, je me mis à pleurer…. » (Peau noire masques blancs)

Se lever ? Pleurer ? Vous n'y pensez pas... Je crois bien que la jeune recrue des classes dominantes et du Pouvoir blanc, ce prototype bancal, soit irrécupérable. Qu'est-ce qui explique cela ? Servitude volontaire ? Violence symbolique ou épistémique ? Habitus de classe ? Hégémonie culturelle ? Haine de soi ? Heautontimoroumenos ? Aliénation ? Trahison (à soi-même et aux siens) ? Béni-oui-ouisme postmoderne ? Auto-mystification ? Narcissisme des petites différences ? Micro-rouage du Pouvoir ? Intérêt privatif à très courte vue ? Gestion stratégique du stigmate ?  Naïveté ? après tout qu’importe… Il est décidément trop tard, l’Absolu ne frappera plus à sa porte, l'Esprit qui soufle ne souflera pas dans ses oreilles… Qui pourra sauver « l'Arabe de service», si ce n'est lui-même ?

13 commentaires:

princesse de Clèves a dit…

Accabler les parents parce qu'ils seraient trop laxistes (ou trop autoritaires), c'est une méthode des plus efficaces pour diviser l'indigénat.
Du même ressort que la division entre le "garçon arabe" (forcément violent) et "la beurette" (forcément martyrisée).

100% d'accord aussi avec la critique de l'intellectualisme creux: la philosophie ne vaut pas une heure de peine si elle ne sert pas à ouvrir les yeux d'Amin...

Cheribibi a dit…

Bozo a raison.

Dans une même vie, on peut lire Pif gadget, Zembla , Céline, Amin Maalouf ou Schopenhauer… Tout comme on peut être à la fois musulman, marxiste, féministe, homosexuel…

La rupture entre culture populaire et culture élitiste est une invention de la bourgeoisie (et de l’univers politico-médiatique).

En 1848, Hugo se promenait le plus simplement possible dans les barricades où il était fort apprécié de la « racaille » d’alors…

princesse de Clèves a dit…

@Anonyme: ne te fie pas à mon nom de princesse, je n'ai aucun mépris (juste de la tristesse franchement) vis-à-vis d'Amin puisqu'il reste, quoiqu'il dise ou fasse, un des nôtres.

Et cela, même du point de la clique d'Hortefeux: c'est d'ailleurs tout son drame à Amin. Il aimerait tellement être différent des autres...

Bref. Quiconque aurait des moyens - plus subtils que la barre de fer naturellement - pour "ouvrir les yeux", et là je ne parle pas de ceux d'Amin mais des miens, qu'il en fasse part.
Etant donné la position qui est la nôtre, on n'est jamais assez lucide.

Anonyme a dit…

c'est quoi un indigène sociologique ?

Anonyme a dit…

C'est l'ensemble des indigènes, ceux qui ne savent pas qu'ils le sont et ceux qui le sont en toute conscience... Les premiers se croient Français de plein droit !

De manière philosophique, on dira des indigènes "en soi" et des indigènes en "soi" et "pour soi"...

M.M. a dit…

Putain c'est qu'il faut les dégrossir au burin, ce tocard-UMP-chlorophylisé d'Amine, mérite que Le Colonel Brice lui botte copieusement le train pour lui faire rentrer encore plus profond les rudiments de l'obséquiosité et l'esprit carpette. Qu'est ce que vous voulez sauver, un opportuniste qui n'a pas d'âme! Y en a d'autres anonymes comme lui qui n'aspirent à ça, une place au soleil, le reste ils s'ent tapent joyeusement, c'est une engeance à part, la pire des cloportes. M.M.

M.M. a dit…

De l’avenir de la « Léchitude »


Lors d’un précédent dérapage raciste à son endroit, Fadela Amara, la « poissonnière » de la République s’est pliée en quatre pour mettre de l’eau dans le vin de son détracteur par ces propos sirupeux : « J’ai été étonnée de la polémique ? Brice et moi on est auvergnats. Souvent on s’amuse de ça (…). On parlait des Auvergnats, on se chambre. »
Voilà, la prière est dite, pour ceux et celles qui s’enorgueillissent encore de son origine kabyle, vous avez bien lu. La poissonnière est Auvergnate, et à Amine, il faudra plus d’un escabeau pour grimper plus haut dans le léchage et surtout une langue de caméléon qui lèche à distance, lui qui veut après ce foin qu’on le « lèche » tranquille par ces temps de Grippe A. M.M.

Anonyme a dit…

"Fadela Amara, la « poissonnière » de la République " et du poisson pas frais !

Anonyme a dit…

Brice Hortefeux, s'est rendu, vendredi soir, à Clermont-Ferrand pour partager un dîner de rupture du jeûne. "En cette période de Ramadan si importante pour nos concitoyens de confession musulmane", Brice Hortefeux "a également tenu à rappeler combien ce mois de recueillement et de compassion était un symbole de paix, de tolérance et de partage".

Les musulmans d'Auvergne aiment-ils se faire chambrer ?

M.M. a dit…

T'occupes,il fera la même chose au dîner annuel du CRIF, ces gens sont habitués à manger à tous les râteliers. Et est ce qu'il t'as invité à manger chez lui au moins?
M.M

Anonyme a dit…

non et toi ?

M.M. a dit…

Moi non plus, en tant que Ministre de l'identité Nationale et de l'Immigration, je ne pense pas que l'hospitalité soit sa vertu cardinale, c'est plutôt les expulsions, non? M.M.

Anonyme a dit…

ce mek me fais honte
jeme demande si il peut encore regarder ses parents ou ses amis arabes dans les yeux