Tailler des lentilles optiques au fond d'un atelier poussiéreux, quelle drôle d'idée ! Pour le Spinoza du troisième millénaire que nenni. C'est armé de son Éthique new look et de son bachot resté dans l'imprimerie de l'Education Nationale, l'islamophobie en bandoulière et le reniement en sautoir, que Philippe V., nature naturante et nature naturée, a gravi l'échelle qui menait au porte du paradis des Rastignac...
Françaises, Français; ami(e)s des Dom-Tom; musulmanes, musulmans; Séquanodionysiennes, Séquanodionysiens; usager(e)s d’Internet…
Le suffrage universel a parlé ! Par l’entremise d’un président élu démocratiquement, vous m’avez porté à la tête (pensante) de cette station qui fait le prestige de notre pays. Fort de cette légitimité incontestable, je fais don à la Maison Ronde de ma mâchoire carrée et de ma science infuse.
Les journaux, ces derniers jours, ont amplement détaillé mon parcours – qui sera bientôt couché sur les pages de nos livres d’histoire. Né à Neuilly-sur-Seine d’un père boucher, pas franchement de gauche, qui m’a prénommé Philippe au lendemain de la Libération, j’ai été un enfant martyr et néanmoins prodigue. Déporté chez les Oratoriens à l’âge de 12 ans, j’y ai vécu deux années d’enfer au cours desquelles j’ai pu me faire une idée de ce qu’ont subi les victimes de Pol Pot. Les psychiatres que je vois régulièrement (afin de les instruire sur l’évolution de la situation au Proche-Orient) prétendent que j’aurais conservé de ce traumatisme infantile un délire de persécution et une obsession envers l’univers concentrationnaire. Les sots!
Je ne m’apesantirai pas sur les vingt et quelque années que j’ai passées sur les planches des MJC, à faire semblant d’être de gauche et d’avoir de l’humour, en compagnie d’un pauvre type très collant (il m’aura fallu un quart de siècle pour m’en débarrasser!) dont j’ai d’ailleurs oublié le nom et avec qui, de toute façon, je n’ai jamais partagé un seul repas.
Bref, issu d’un peuple qui a beaucoup souffert, je suis issu d’un peuple qui ne veut plus souffrir.
Or depuis l’été dernier, ô combien meurtrier, je suis attaqué de toutes parts. On me moque, on m’insulte, on se paie ma tronche d’un bout à l’autre du Wild Wild Web. ¡Ya Basta! Plus jamais ça!
Désormais, c’est à votre tour d’en chier.
Philippe V. !
Philippe V. outragé!
Philippe V. brisé!
Philippe V. martyrisé!
Mais Philippe V. libéré!
Libéré de la corvée hebdomadaire que représentait la conférence de rédaction de cet hebdomadaire grabataire pour ados boutonneux et écolos niaiseux. Libéré de cette étiquette minable de journaliste satirique qui me pendait dans le dos comme un poisson d’avril en forme de bite à Choron. Désormais, appelez-moi “Monsieur le directeur de France Inter”. Depuis que j’ai fait évoluer la ligne éditoriale de mon hebdomadaire de Hara Kiri vers Kirikou, Christophe Barbier m’invite en week-end chez Carla Bruni.
J’ai de grands projets pour France Inter. D’abord, bien sûr, dératiser la station; la débarrasser pour toujours de toutes les bêtes immondes que couve le ventre encore fécond de l’hitléro-segolénisme hertzien. Ensuite, composer une grille des programmes reflétant la diversité des cultures, des sensibilités et des convictions qui donnent toute sa richesse et sa force à notre beau pays: l’UMP.
Sous mon règne, il s’agira aussi de réfléchir, de s’instruire, de s’informer, vous l’imaginez bien; c’est pourquoi je compte proposer à Alain FInkielkraut le poste de directeur des ressources humaines.
Last but not least, vous savez qu’avec moi, le comique, bien qu’involontaire, n’est jamais loin. C’est pas parce que l’islam est à nos portes qu’on va renoncer à s’en payer une bonne tranche!
Vous aussi, vous aimez vous esclaffer à en perdre haleine et à en recracher votre Badoit ultra-pétillante (mais pas n’importe quand, n’importe comment, en compagnie de n’importe qui ou à propos de n’importe quoi, non plus!)? À l’instar de Sœur Caroline, vous appréciez l’humour social-démocrate, avec de vrais morceaux de démocratie dedans? Comme Bruce, vous proscrivez l’impertinence et son cortège de wagons plombés?…
Alors ne zappez pas.
Restez sur France Inter… et participez au redressement national !
Philippe V.
Spinoza à Radio France
Publié par Le Bougnoulosophe à 5/12/2009
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