« On me parle de civilisation, je parle de prolétarisation et de mystification. Pour ma part, je fais l’apologie systématique des civilisations para-européennes. Chaque jour qui passe, chaque déni de justice, chaque matraquage policier, chaque réclamation ouvrière noyée dans le sang, chaque scandale étouffé, chaque expédition punitive, chaque car de C.R.S., chaque policier et chaque milicien nous fait sentir le prix de nos vieilles sociétés. C’étaient des sociétés communautaires, jamais de tous pour quelques-uns. C’étaient des sociétés pas seulement anté-capitalisme, mais aussi anti-capitalisme. C’étaient des sociétés démocratiques, toujours. C’étaient des sociétés coopératives, des sociétés fraternelles. Je fais l’apologie systématique des sociétés détruites par l’impérialisme. Elles étaient le fait, elle n’avait aucune prétention à être l’idée, elles n’étaient, malgré leurs défauts, ni haïssables, ni condamnables. Elles se contentaient d’être. Devant elles n’avaient de sens, ni le mot échec, ni le mot avatar… » (Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme)
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7 commentaires:
Ce cher Aimé, toujours aussi poétique. Cependant il idéalise fortement ces sociétés pré-coloniales.
Nombre d'entre elles étaient réellement des sociétés matérialistes d'exploitation, certaines mêmes déjà capitalistes, je pense par exemple aux civilisations arabo-islamiques qui n'ont pas attendu l'Occident pour inventer le capitalisme, la finance ou le commerce.
Certains pourraient dire que la seule chose qui ait manquée à la civilisation arabo-islamique est justement la réussite dans son entreprise impérialiste que l'Occident a réussi avec "brio".
Le capitalisme nait au XVI ème siècle (en même temps que la traite négrière et "les grandes découvertes" etc...), avant il y a quelque chose comme un proto-capitalisme tout au plus! Dans ces sociètes traditionnelles, quoi qu'on en dise, d'une part, il était possible de "s'échapper", de se retirer (par exemple au Maroc, il est un distinguo entre bled es siba/ bled el maghzen), d'autre part, il n'y a pas de spécialisation d'une classe de "guerrier", la mâitrise d'un territoire et de ses frontières par un Etat, qui est l'essence du capitalisme, et le monopole de la violence légitime, c'est un héritage colonial !
Par delà Guernika,
Pré-proto-postcapitalisme,khlawiS, de cette fummée aveuglante, qui est l'ennemi?
A la manière d'un bas humain des castes de l'Inde, très fatalement et décidement, je n'arrive pas à me remettre de cette intarissable émotion d'impuissance face à cette obsession du par delà Guernika que j'ai vécu le mois passé..
Excusez mon humeur déplorable, je ne puis m'échapper, m'extirper de ce cauchemar sans fin.
Les nazis sont passés avec 39%, sahyouniyin approuvent à 98% par delà Guernika et sa peinture indigeste.
Ecoutez bien l'écho de ma rancune, je ne vous pardonne pas et je fais le serment de sacrifier mon humanité pour l'animalité. Je veux être un animal féroce, de celui qui déchiqute la chair, les os sans aucune émotion. Je veux être un bout de métal froid étranger à la moindre oscillation vivante. Je veux être ce flingue de l'étarnger de Camus.
Lieberman, ce videur de boîte, très fils de pute aussi, monte un programme politique sur l'incinération des arabes..
Bien, dans ce cas, pardonnez la juste fraternité de mes frères de sang.
Non que la Guadeloupe ne soit une prérogative des braves mais depuis le vécu de ce Gaza de l'indifférence de tous, habitant jusqu'au plus profonds de mes entrailles, pleines en plus à la différence de d'eux, vos droits de l'homme, vos gérémiades, vos intellos bien et mal
coiffés, vos opinions et vos grimaces au passage,je m'en tape.
Mais qui m'extirpera de ce gouffre profond. les bras d'une femme momentanément, peut être.
Quelle grande chance est la mienne, de m'illusionner de cette dernière béatitude. L'être aimé,..
Le communautarisme vous dites,Oue gringo, je n'ai pas le choix, mes frères se meurent et mes patriarches, ces voleurs de poules, m'ont marqué au fer rouge
d'une honte indélibile.
Quant à l'universalisme, qu'il aille se laver le cul.
@Anonyme, le capitalisme qui née au 16ème siècle est une invention ethnocentrique européenne. La comptabilité à double entrée qui serait le "signe" du capitalisme est hautement discutable, puis son utilisation est d'abord celle des florantins et véniciens dans leur commerce méditérranéen. Commerce qui structurellement existait depuis les empires puniques et romains...
Je vais pas vous faire de l'histoire de la comptabilité. Mais la théorie majoritaire c'est celle de l'émergence du capitalisme lorsque les armateurs ont eu besoin d'évaluer le bénéfice future (plus d'1 an) d'une expédition. C'est à dire son taux de rentabilité par rapport au capital investi. Je ne vois pas de monopole européen dans cette activité...
Sur le fait de pouvoir se "retirer", ça a toujours été possible, même aujourd'hui... Certains villages ont été largement épargnés de la colonisation. Je pense aux villages des montagnes...
Quant à une classe de "guerriers", je suis désolé de vous décevoir mais elle existe bien et ce bien avant l'avènement du colonialisme. Les armées professionnelles existent depuis la naissance de l'Etat en mésopotamie (actuel Irak) sous le règnes des rois sémites. Plus récemment, les mamelouks constituaient une caste de guerriers. Tout comme les bani hilal qui sont des tribus exclusivement guerrières et qui ont pris le pouvoir par la force et le pillage en Tunisie, forçant l'urbanisation et réduisant la culture berbère à peau de chagrin. Ce n'est peut-être pas le cas du Maroc... (cf Ibn Khaldoun)
Pour la traite négrière, les arabo-musulmans l'ont pratiqué, certes de façon différente, vu que les enfants d'esclaves n'étaient pas la propriété des maitres, qu'un esclave pouvait s'affranchir "simplement" en embrassant l'Islam, et que les blancs d'Europe étaient également employés comme esclaves (prisionniers de guerres). D'ailleurs fait intéressant dans les provinces ottomanes, ce sont les blancs européens qui ont été exploités dans les champs et les noirs comme esclaves domestiques.
Cher Bader,
Avant toute chose, voici un conseil de lecture, c'est un préalable avant toute discussion : 1. "Le Capital" de Marx,très à la mode aujourd'hui, 2."La dynamique du capitalisme" de Fernand Braudel. 3. L'ensemble des écrits de Max Weber...
Sinon la discussion est condamnée à être veine ! Une dernière remarque, il est important de comprendre le rôle de l'Etat dans ces phénomène et particulièrement du, très tard venu, Etat-nation...
Ah j'oubliais pour comprendre les ambiguïtés de la phase de transition d'une "société traditionnelle" à une "société capitaliste" par le biais de la colonisation, il faut lire :"le déracinement " de Sayad et Bourdieu
@Anonyme, désolé mais j'ai déjà lu l'ensemble de ces auteurs... Et je ne vois pas en quoi ils accréditeraient la these d'un capitalisme purement colonial. L'Etat existait sans la nation dans tous les pays arabo musulmans... D'ailleurs de grandes révoltes ont eu lieu suites à une pression fiscale étatique trop élevée. C'est l'échec des réformes au XIXeme siecle ou plutot leur arrivée trop tardive qui va faciliter la colonisation du Maghreb par la France. Le mouvement moderniste arabe date du XIXème siècle (Al Nahda), avant la colonisation, et non de la décolonisation... Sous la colonisation, l'impérialisme culturel occidental va empêcher le développement d'un savoir proprement local.
L'une des premières actions d'ailleurs de l'Empire colonial français a été de détruire l'industrie naissante au Maghreb en interdisant formellement la mise en place de fabrique par les indigènes. En Algérie, la France est allé bien plus loin en interdisant la construction d'écoles arabes et en poursuivant une politique d'éradication culturelle.
Pour ma part je te renvoie simplement à l'histoire du monde Arabe et de l'Inde et avec l'aide des mêmes auteurs, on pourra arriver à une autre conclusion.
je pense que tu es l'auteur de ce blog :) que j'apprécie particulièrement d'ailleurs.
Je pense d'ailleurs que l'Islam comme le protestantisme sont favorable au capitalisme. Les arabes n'étaient-ils pas un peuple de marchand ? Et n'avons nous pas la fameuse expression "y bi3 ou yechri" "il vend et après il achète" pour décrire le travail de négociants. Ce qui est le prélude au capitalisme (c'est avec ce capital financier que la marchandise est achetée et acheminée et la marge apres tous les couts liés à la trésorerie et au transport soient retirés)... Je parle en connaissance de cause, capitaliste c'était déjà la fonction social de mon grand père paternel.
Le problème n'est pas celui de revenir aux cultures pré-coloniales mais à mon sens de dénoncer le caractère profondément aliénant de la colonisation.
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