Les atermoiements de France 3...

Misère de « l'équidistance » et misère de la production à flux tendu d'informations avariées...

Bonjour,

Je suis désolée de ne vous répondre que maintenant et vous prie de bien vouloir m’en excuser.

Je me suis absentée et l’abondance des messages ne facilite pas les choses.

Pour ces raisons, il m’est difficile de répondre à chacun, cette réponse sera globale. Mais sachez que j’ai lu avec attention toutes vos remarques, ou critiques, et je m’en suis faite l’écho auprès de la rédaction.

J’ai, par ailleurs, décidé d’y consacrer la prochaine émission de médiation « Votre Télé et Vous » du 24 janvier à 10h30 sur France 3, une autre façon de prendre en compte vos réactions.

C’est souvent un sentiment de partialité qui est exprimé. Nous sommes ressentis soit comme pro-israélien ou pro-palestinien. La majorité d’entre vous a plus le sentiment d’un soutien à Israël, justifié généralement par la présence de tel ou tel invité dont les propos sont contestés.

D’autres téléspectateurs nous reprochent de présenter Israël comme le pays agresseur et de ne pas assez insister sur les tirs de roquettes du Hamas. Ces critiques concernent en général une édition précise, celle que vous venez de voir. Et, c’est bien là toute la difficulté. Le traitement de ce douloureux conflit est complexe et se décline au fil des éditions et en fonction des éléments dont nous disposons.

Toute la difficulté est bien là, le téléspectateur a une perception qui risque d’être partielle dans la mesure où il ne peut pas nécessairement suivre une information dans la continuité. Même avec un souci d’équilibre, une édition peut apparaître plus déséquilibrée. L’édition suivante pourra rattraper ce déséquilibre. Les deux premiers jours, ce sont surtout des représentants du gouvernement israélien qui ont été invité. Cela semble normal, car il y avait des questions à leur poser. Mais, bien évidemment des représentants des Palestiniens l’ont été aussi, et plus particulièrement, la déléguée générale de la Palestine en France. A chacun alors, d’apprécier la teneur des réponses. En recevant tel ou tel invité nous ne cherchons pas à justifier telle ou telle thèse, mais avant tout à obtenir des explications, afin que chacun puisse se faire son opinion.

Le sentiment de partialité par rapport aux sujets diffusés, est lui aussi, souvent exprimé.

L’impossibilité d’envoyer des journalistes à Gaza, a été l’une des difficultés à laquelle les rédactions ont été confrontées. Les images diffusées, sont, alors, celles tournées par des journalistes palestiniens étant seuls sur place. Ces images sont proposées à l’ensemble des rédactions du monde entier. Il y a aussi les images tournées par des portables ; images que l’on retrouve en nombre sur Internet. Elles exigent alors un choix rigoureux si on décide de les diffuser, et sont systématiquement siglées. Pour tenter de comprendre la situation sur place, France 3 a fait appel au correspondant de France 24, journaliste palestinien. Les reportages provenant d’Israël ont été pour les trois quart réalisés par notre équipe d’envoyés spéciaux qui s’est aussi rendu en Cisjordanie. Un regard journalistique de terrain manquant pour rendre compte de la situation à Gaza.

Face à cette réalité difficile les journalistes de France 3 s’efforcent d’être les plus rigoureux possible. Vos rappels à l’ordre restent importants pour nous, ils nous mettent face à nos responsabilités. Mais les propos outranciers que je peux lire parfois sont, par contre, inacceptables.

Tout ce qui touche le conflit israélo-palestinien, pour des raisons historiques, politiques et émotionnelles est toujours éminemment passionnel. Ce sentiment passionnel est souvent présent dans les jugements portés. Cela joue inévitablement sur la perception du travail des rédactions.

Merci d’avoir pris le temps de nous faire part de vos réactions.

Cordialement,

Marie-Laure Augry
Médiatrice des rédactions de France 3
Réponse à un courrier de Hsissou