Des pauvres Blancs



« L’attitude sociale des pauvres Blancs fut ambivalente, partagés entre deux sentiments : l’hostilité à l’égard des planteurs et l’hostilité à l’égard des Noirs. Victimes du système de l’esclavage, ils détestaient à la fois les esclavagistes et les esclaves. Mais, de bonnes heures, les planteurs s’efforçaient de neutraliser la première de ces deux haines en attisant la seconde. Ils avaient plus d’un atout dans leur jeu. Tout d’abord, ils n’exploitaient pas directement les pauvres Blancs. Ils leur avaient laissé les moyens de subsistance, tout relatif, et l’illusion de l’indépendance ; ensuite, tout en maintenant les distances, ils offrirent aux pauvres Blancs un lot de consolation : la fierté d’appartenir à la race blanche, à la race « supérieure » ; enfin, la classe des planteurs n’étaient pas une aristocratie fermée de type européenne. Elle laissa ses portes entrouvertes aux parents pauvres, admettant les moins déshérités à participer, dans une certaine mesure, à sa vie sociale, et les abusant de l’espérance que, s’ils gagnaient suffisamment d’argent, ils auraient accès dans ses rangs...» (Daniel Guérin, De l’Oncle Tom aux Panthères)

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