De la Postcolonie

Hommage spécial à Eric Zemmour, grand mimile du PAF et aux obomaniaques tartufes d'Europe...

« Le texte sur l’Afrique subsaharienne se déploie presque toujours dans le cadre (ou à la lisière) d’un méta-texte sur l’animal ou, précisément, sur la bête, son expérience, son monde, son spectacle. Or, qu’est ce qu’un animal dans l’entendement occidental sinon cette chose qui vit une certaine pulsion et qui, en comparaison, avec l’humain, toujours apparaît sous le signe de l’incomplétude. Dans ce méta-texte, le cours de la vie des Africains s’inscrit sous un double signe. D’abord celui de l’étrangeté et du monstrueux, de ce qui, tout en ouvrant devant nous une profondeur attirante, ne cesse de se dérober à nous et de nous échapper. L’on s’efforce par conséquent d’en découvrir le statut. Pour y parvenir, l’on procède comme s’il fallait d’abord sortir de notre univers de sens. L'Afrique ne doit-elle pas être saisie pour ce qu’elle est : une entité dont le propre est d’avoir une racine avec la brutalité absolue, l’emportement sexuel et la mort ? Mais l’animal n’est pas seulement l’Autre absolu. C’est la raison pour laquelle l’autre signe sous lequel est inscrit le cours de la vie des Africains est celui de l’intimité. Dans ce dernier cas, l’on fait comme si, bien que possédant une structure auto-référée qui le rapproche plus de l’être-animal que de l’être-humain, l’Africain appartiendrait, jusqu’à un certain point, à un monde qui ne nous est pas impénétrable. Au fond, il nous est familier. Nous pouvons en rendre compte de la même manière que nous pouvons comprendre la vie psychique de la bête. Nous pouvons même, à travers un procès de domestication et de dressage, conduire l’Africain à une vie humaine finalisée. Dans cette perspective, l’Afrique est un objet d’expérimentation… »

(Achille Mbembe, De la postcolonie :essai sur l'imagination politique dans l'Afrique contemporaine )

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