Hommage aux pirates somaliens, qui perpétuent une vieille tradition en la réinventant (implosion de l'État et hyper-circulation du trafic maritime en Somalie oblige)...
« L’ordonnance de l’univers ne saurait pas la nôtre si les pirates n’avaient pas mis tant de bâtons dans tant de roues. En 78, Jules césar est un éphèbe parfumé. Banni par Sylla, il se rend à Rhodes à la fois pour se parfumer d’avantage et pour s’instruire dans l’art de l’éloquence. Une compagnie de gredins le capture au large de la Carie, se retient à peine de l’étrangler. Supposons le romain mort et comment l’Histoire se serait-elle prise pour boucher un aussi gros trou, comment la Gaule serait-elle tombée sous Rome ? Et Brutus, se fut-il faufilé jusqu’à nos manuels scolaires ? Et Cléopâtre et Marc Antoine ? Imaginons la Méditerranée sans les siècles barbaresques, ou bien le réseau de routes européennes si les pirates, en coupant la mer, n’avaient pas obligé les Etats à les tracer ? L’Angleterre, Si Elisabeth Ier n’avait pas régné sur Drake et ses détestables compagnons, comment eut-elle planté plus tard son pavillon sur les cinq continents ? Ces interrogations ne sont pas futiles. L’Histoire de la piraterie est celle d’une folie, d’une déraison qui borde, ronge et décrit la raison dont est tissée l’histoire universelle. C’est pourquoi les forbans nous concernent encore. Ils dessinent les frontières que l’histoire à tenter de tracer le long de cette contre-histoire, de cette histoire des limbes et de la mort qu’est celle de la piraterie. La lecture de leurs forfaits peut être entendue comme le compte rendu d’une exploration dans la marche de l’histoire et dans les territoires interdits de nos cœurs. Chaque moment de l’aventure pirate peut être regardé comme une mise en abyme, un jeu de miroir où s’effacent et se recompose, sous les glacis de la raison, les reflets d’incalculables abysses. » (Gilles Lapouge, Les pirates)
L'Empire et les pirates
Publié par Le Bougnoulosophe à 11/19/2008
Libellés : EMPIRE
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1 commentaire:
A Rome, la piraterie préoccupait le peuple plus vivement même que les guerres civiles et étrangères. En effet, chaque famille était victime de ce fléau, et les plus grands citoyens tombaient honteusement entre les mains des pirates. Ces exploits avaient leur retentissement jusque sur le théâtre et dans les écoles de déclamation. Le monde Vancien était dans un tel affaissement moral, la république romaine était si ruinée que la piraterie et les exactions des gouverneurs se pratiquaient en même temps et de concert dans tout le bassin de la Méditerranée. Cependant lorsqu'un blocus étroit se fit autour de l'Italie, force fut au gouvernement de prendre enfin d'énergiques mesures pour rompre la coalition des bandits contre Rome affamée. Pompée et ses lieutenants triomphèrent de la piraterie, et leur habile politique fit plus que leurs victoires mêmes pour réprimer pendant quelques années ce fléau redoutable.
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