Achab blues...

« Nous vivons à l’époque des atomes et du chaos atomique. » (Nietzsche)

Si vous avez lu le Moby Dick de Melville, vous devez être frappé du parallélisme avec le monde réel - « la réalité, c’est ce qui fait mal quand on éteint l’ordinateur »... Il n’est qu’a voir l’Empire, et ses satellites (la Belgique, éternelle vassale, est du lot !), se préparer avec obsession, compulsion, une nouvelle fois, tel le Capitaine Achab, à pourchasser jusqu’au Golfe persique ce qu’il désigne comme le mal absolu. «Diable» de circonstance, façonné par une métaphysique de bas étage, une mystique à cinq sous, car il n’a de cesse de changer en fonction des besoins passagers de l’Imperium finissant - que d'Adolf Hitler successifs n'avons-nous pas vu jusqu'ici ! On est également frappé par la redondance du modus operandi. Se draper, tout d’abord, sous une rhétorique messiano-démocratique, remake de la doctrine de la « Destinée manifeste » du XIXe siècle dont les Indiens ont fait les frais, et ensuite sortir son va-tout militaro-géo-stratégique, suivant ce que Nixon appelait «la théorie du fou», fait d'un cortège de rapacité, de cupidité, d’immoralité et de barbarie techniquement équipée. De ce tam-tam martial, les médias sont les adjuvants habituels, les fidèles porte-voix, les télégraphistes inspirés, eux qui mettent en place des dispositifs usés de pseudo-expertises sur le Moyen-Orient et de narrations à dormir debout répétées à satiété. De ces récits, vieilles antiennes des temps coloniaux (dont nous ne sommes jamais vraiment sortis...), tous les chemins mènent au bazar ; les musulmans ne comprennent que la force ; la violence fait partie intégrante de leur civilisation ; l’islam est une religion intolérante, ségrégationniste, « médiévale », « archaïque », fanatique, cruelle, misogyne, homophobe et j’en passe… Le cadre est ainsi posé, la légitimité de la violence à venir s’y construit et cette dernière pourra bientôt se déployer avec la bonne conscience de la belle âme... Dans l’Economie des passions occidentales, à travers l’Iran, il s’agit tout à la fois de mater toute espèce de velléité d’autonomie des zones indigènes du globe, crime de lèse-Empire, et de donner une leçon à l’ensemble de la gueusaille du Sud, vile multitude colorée, tentée par la turbulence qu’elle qu’en soit la forme. Le résultat final est connu. « Une sinistre écume blanche, peu à peu, remonta les parois abruptes ; puis tout se referma d’un coup. Et le linceul immense de l’océan continua de rouler ses houles tout comme elles roulaient il y a cinq mille ans »...

Inspiration : Edward Saïd

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"A ma connaissance, il n'existe encore, dans le monde arabe, aucun institut ni grande section d'université qui ait pour objectif premier d'étudier l'Amérique, bien que les USA soient, et de loin, la force la plus puissante et importante dans la région" (Edward Saïd)

Serait-ce un début ? Une bonne nouvelle alors...