Les ciseaux d'Anastasie

La liberté d’expression n'est qu'une farce, si les moyens de la rendre pratique et concrète sont inexistants ou défaillants, cette liberté n'est qu'un droit formel et théorique, si elle ne s'incarne pas dans le réel le plus tangible, car un droit ne se mesure qu'aux conditions de son exercice, ce droit, il ne faut pas l'oublier, est un enjeu de lutte et le résultat d'un rapport de forces à un moment donné, aussi n'est-il jamais acquis pour l'éternité...

« Voici l’hypothèse que je voudrais avancer, ce soir, pour fixer le lieu - ou peut-être le très provisoire théâtre - du travail que je fais : je suppose que dans toute société la production du discours est à la fois contrôlée, sélectionnée, organisée et redistribuée par un certain nombre de procédures qui ont pour rôle d’en conjurer les pouvoirs et les dangers, d’en maîtriser l’événement aléatoire, d’en esquiver la lourde, la redoutable matérialité.

Dans une société comme la nôtre, on connaît, bien sûr, les procédures d’exclusion. La plus évidente, la plus familière aussi, c’est l’interdit. On sait bien qu’on n’a pas le droit de tout dire, qu’on ne peut pas parler de tout dans n’importe quelle circonstance, que n’importe qui, enfin, ne peut pas parler de n’importe quoi. Tabou de l’objet, rituel de la circonstance, droit privilégié ou exclusif du sujet qui parle : on a là le jeu de trois types d’interdits qui se croisent, se renforcent ou se compensent, formant une grille complexe qui ne cesse de se modifier.

Je noterai seulement que, de nos jours, les régions où la grille est la plus resserrée, où les cases noires se multiplient, ce sont les régions de la sexualité et celles de la politique : comme si le discours, loin d’être cet élément transparent ou neutre dans lequel la sexualité se désarme et la politique se pacifie, était un des lieux où elles exercent, de manière privilégiée, quelques-unes de leurs plus redoutables puissances. Le discours, en apparence, a beau être bien peu de chose, les interdits qui le frappent révèlent très tôt, très vite, son lien avec le désir et avec le pouvoir.

Et à cela quoi d’étonnant : puisque le discours, ce n’est pas simplement ce qui manifeste (ou cache) le désir ; et puisque - cela, l’histoire ne cesse de nous l’enseigner - le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer. » (Michel Foucault, L'Ordre du discours)

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vois que la police de la pensée a encore frappé ! C'est tout à votre honneur !
Ne nous privez pas trop longtemps de vos analyses pertinentes !

Anonyme a dit…

Curieux, j'ai pensé que c'était votre décision de nous priver,(ou de priver certains d'entre-nous) de vos lumiéres naturelles (Une likeuse de facebook qui est dans le doute pas forcément méthodique...``Le doute redresse l'esprit courbé par les sens``)



)

Anonyme a dit…

la libérté d'expression a quadruple vitesses..., on continuent a vous lire et a diffuser vos articles ,le bou. on ne se débarrasse pas de vous comme ça^^

Anonyme a dit…

libre de pensé libre de parlé libre de c geste libre libre libre qui a inventé ce mot?? je te soutiens le bougnoulosophe peace

Anonyme a dit…

hello,
j'avoue que vos propos où les articles que vous postiez sur FB étaient rafraichissants..
vous nous manquez Mr le Bougnoulosophe.

Farid a dit…

Pas moyen de mettre en lien tes billet sur mon mur, reste ton et je vais m'essayer à twitter. Au plaisir de te lire...

Anonyme a dit…

Alors comme ça ta page face book a été supprimée ? Moi je m'en fiche, puisque je ne suis pas sur face book et que je n'y allais pas. Pourtant toute ces réactions sur la liberté d'expression me font marrer, à bien lire Foucault du moins les articles que tu nous donnes à lire, je pense que tu pourrais t'appliquer cette idée du droit exclusif, du droit privilégié. Ton narcissisme est tel que tu ne publies que ce qui abonde dans ton sens, tu nous prives de l'esprit critique, puisqu’il faudrait penser comme toi et non pas comme quelques autres internautes dissidents de tes analyses ou de tes grilles de lecture. Mais je dois dire que ça m’ennuierait si tu disparaissais de mon net-environnement. Tu es mon sage ennemi dirait Lafontaine je tiens donc un peu à toi.
Bonne année à toi et ceux qui te sont chers.

Gudule a dit…

Aujourd'hui, ils vous censurent, demain, ils demanderont votre placement en hôpital psychiatrique, le programme est connu....